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BUCAREST CENTENAIRE - Les Halles Centrales, un ressort historique

Halles centrales centenaire roumanie histoire des lieuxHalles centrales centenaire roumanie histoire des lieux
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 19 septembre 2019, mis à jour le 19 septembre 2019

Un siècle après la Grande Union de 1918, la ville de Bucarest reste un des plus grands centres commerciaux du pays. Dans le cadre des projets de modernisation urbaine, les autorités concluaient le remplacement des vieux marchés par des halles ressemblants à celles de Paris. Si on prête l’oreille aux dires des historiens, on découvre également un autre détail important : les fameuses Halles Centrales de la Place Bibescu-Voda et les Halles Amzei étaient déjà construites, dès les années 1872.

 

 


Selon les recherches de Constantin Giurescu, plusieurs dispositions édilitaires furent annexées au Règlement Organique de la Valachie. L'une d’entre elles envisageait la création de dix marchés ; planifiant de cette manière, l’aménagement de six grands marchés à l’intérieur de la ville, « pour vendre de la viande, des légumes, des fruits, du poisson, de la farine de maïs ou n’importe quels autres produits nécessaires au peuple ». Pour compléter, on y rajouterait quatre marchés […], situés aux extrémités des grands ponts, où les paysans pourraient venir avec leurs chariots remplis « de bois, de foin, d’orge, de charbons, de choux… ». Ces derniers reprenant une vieille tradition roumaine, celle des fêtes et des foires aux bestiaux.

 


Quelques décennies plus tard, le premier seigneur des Principautés Unies, Alexandru Ioan Cuza, mais aussi le futur roi Charles I, ont commencé à prêter une attention particulière à l’ensemble commercial du centre-ville de la capitale. Les deux souverains ont compris que le ralliement de l’État roumain aux standards européens, ne se  résumait pas seulement au processus d’industrialisation ou au domaine culturel. Ils ont donc ordonné la destruction des vieilles baraques aux marchandises, pour les réorganiser, suivant les coutumes de l’époque, à l’abri de plusieurs coupoles monumentales en verre.

 


Durant les années 1860, la construction des Halles de la Grande Place débute en même temps que le pavage du Pont de Mogosoaia. Pour leur édification, l’état roumain paie une somme faramineuse à Alexis Godillot, un entrepreneur français, le principal fournisseur d’équipement de Napoléon III et plus tard, de notre armée. Jusqu’à la fin de l’année 1872, un ample complexe commercial pousse donc au sein de Bucarest, semblant tout droit sorti du Ventre de Paris. On a tendance à croire que les ingénieurs et les travailleurs avaient apprécié la méticulosité descriptive d’Émile Zola : les Halles Centrales roumaines défiant leur modèle parisien au niveau des dimensions. Les éléments de maçonnerie, les squelettes en fer, les insertions en verre et même l’organisation des stands représentaient ainsi la version en miniature des modèles occidentaux. En 1883, on y rajoute la Halle aux fruits et en 1888, celle aux poissons ; à la fin du siècle, en 1899, les autorités font construire la Halle aux volailles. L’ensemble sera achevé en 1903, suite à l’édification d’une Fabrique de glace artificielle.

 


Les habitants du "Petit Paris" ont joui de cet amalgame bigarré et pittoresque jusqu’à la fin du règne du roi Charles II, car il démarre ensuite la construction des nouvelles Halles d’Obor. Finalisées en 1944, celles-ci devaient remplacer l’ancienne Grande Place. Le même Giurescu nous dit qu’elles n'ont substitué que le secteur dédié aux légumes et aux fruits, situé sur la rive droite de Dambovita […] à la place duquel une grande place centrale fut aménagée, étant nommée successivement la Place du 8 Juin, la Place de la Nation, la Place du 28 Mars et maintenant, la Place de l’Union.

 


Les autorités communistes ont éradiqué de fond en comble toute trace des Halles Centrales. En leur souvenir, sur la rive gauche de la Dambovita, une autre Rue des Halles enveloppe ses passants dans l’atmosphère bohème d’une époque révolue depuis bien longtemps. Car il fut un temps où  le modernisme de l’Europe se mêlait harmonieusement avec et le décor byzantin de l’Auberge de Manuc.

 

 

Sources : Constantin Giurescu, Istoria Bucureștilor din cele mai vechi timpuri până în zilele noastre, Editura pentru Literatură, București, 1966

 

Ana Maria Rosca 

 

 
 

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