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BUCAREST CENTENAIRE - Le Palais Spayer, trésor architectonique

On sait que durant les premières années du royaume de Roumanie, les résidences commandées par les familles de nobles, d'artistes ou de grands entrepreneurs, prenaient la forme de véritables palais, conçus par les grands architectes de l’époque. C'est à ce genre de bâtisses que faisait référence l’historien Neagu Djuvara, affirmant ceci : Les riches se sont fait construire des maisons plus ou moins belles et élégantes, suivant le modèle parisien ou viennois[…]. De plus, quelques petits palais luxueux plus loin sur l’Avenue Victoriei, donnaient, à tout voyageur venant d’Orient, l'impression (quelque peu exagérée) que la ville de Bucarest était le petit Paris.

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wikipedia
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 11 avril 2024, mis à jour le 12 avril 2024

Au milieu de cette mosaïque architecturale bucarestoise, appartenant à l’Ensemble La rue Batistei, on retrouve l’ancien palais de Hermann Spayer. L'édifice était connu en tant que Maison Marmorosch Blank pendant la période de l'entre-deux-guerres, une banque dont le nom venait des deux entrepreneurs juifs qui l'ont fondée, l'un d’entre eux deviendra le beau-père du latifundiaire Spayer. L’institution avait financé l’état roumain pendant la deuxième guerre balkanique (suite à laquelle la Roumanie a proclamé son indépendance), soutenant plus tard divers projets d’urbanisation et d’industrialisation de la capitale.

 


L’architecte suisse, Louis Pierre Blanc, est celui qui élabore les plans du bâtiment, élevé et décoré sous sa coordination ; les travaux durent une seule année, le palais étant inauguré en 1900. Pour la décoration extérieure sera choisi le langage architectural du style Beaux-Arts, mais aussi des nuances de néo-classicisme et de la néo-Renaissance française. L'ensemble du bâtiment semble suivre une perspective horizontale, respectant la mode des maisons-wagon; l'entrée principale se trouve sur le côté, se distinguant par un perron adossé avec trois voûtes rondes, rappelant la miniature d’un arc de triomphe coiffé d’une coupole. D’autre part, la grande façade étale un jeu compliqué de lignes droites et de courbes. Les deux arcades en plein cintre, en relief, mettent en valeur le cœur de la demeure et les deux balconnets placés de façon stratégique au niveau du premier étage ; on peut suspecter que les lucarnes rondes aidaient à espionner la fourmilière de la rue Batistei. Il faudrait aussi signaler la présence d’une lucarne en verre, cachée par les deux coupoles polygonales, étant visible seulement de l’intérieur. Les moulures, la ferronnerie et les frontons aux éléments composites semble répondre à l'opulence débordante des ornements intérieurs.

 

La résidence enveloppe ses visiteurs dans un parfum dionysiaque. L’ampleur des espaces et la froideur des colonnes, de l’escalier et du sol en marbre, sont tempérées par les meubles et les décorations de style Louis XV. À la lucarne du couloir principal, on ajoute des cheminées et des chandeliers en cristal, dans le style Empire, qui mettent en valeur le raffinement de l’art décoratif complété par les lambris en bois noble, les détails et les chapiteaux en bronze ou les papiers peints en soie naturelle, la peinture murale étant réservée aux plafonds. La serre se trouvant à l'arrière de la maison, représente un éloge à la nature, même si aujourd’hui elle est dépourvue des plantes qui la garnissaient autrefois, on peut encore admirer les panneaux en verre peint, dévoilant le pittoresque des paysages fluviaux ou des personnages mythologiques, où la vigne trahit la présence de Bacchus.

 

Plus tard, le Palais Spayer devient le siège de la Banque Marmorosch Blank, qui fait faillite à la fin des années 30. Après la chute de la monarchie et la nationalisation initiée par les autorités communistes, le bâtiment servira aux activités de protocole du Parti - ce bijou architectural appartenant deviendra un banal dépôt pour les objets d’art jusqu’à la Révolution de 1989.

 

 

Sources: Arhivadearhitectura.ro, Stirileprotv.ro, E-architecture.ro    

 

Ana-Maria Roșca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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