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BUCAREST CENTENAIRE - Hôtel Capitol, miniature du Louvre

Hôtel Capitol architecture histoire roumanie bucarest centenaireHôtel Capitol architecture histoire roumanie bucarest centenaire
Wikipedia / Britchi Mirela
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 27 février 2020, mis à jour le 27 février 2020

Nous retrouvons dans plusieurs travaux d’ordre historique et monographique, tous consacrés au Bucarest de l’entre-les-deux-guerres, des informations sur le fait que le progrès de la capitale n’était pas seulement industriel, culturel ou socio-économique. D’un point de vue plus pragmatique, l’une des études du professeur Constantin Giurescu nous permet de découvrir qu’à la fin de la Grande Guerre, la capitale commençait à s’élever, y compris en hauteur. 

 

 

Il parait que la technique du béton armé avait été récemment introduite dans les pratiques de construction du Royaume de la Roumanie, facilitant ainsi la construction d’immeubles de plus en plus hauts. Par ailleurs, étant donnée la valeur du terrain dans les quartiers centraux du Petit Paris, les propriétaires cherchaient à en faire pleinement usage par la construction d'hôtels à plusieurs étages. L’un des représentants les plus importants de cette dernière catégorie est l’ancien Hôtel Louvre, situé dans le coin de l’ancienne rue Sărindar, marquant son intersection avec le grand boulevard historique, Calea Victoria.

 

Les légendes urbaines et les sources historiques attestent le fait que le terrain sur lequel l’hôtel a été construit, a été vendu au marchand Ch. L. Zerlendi ; commerçant renommé et entrepreneur inné, il a commencé à ériger ses propres immeubles de bureaux en plein centre-ville. Il faut mentionner qu’il avait été aussi l’un des premiers clients de la Société Générale d’Assurances « Nationala », constituée en 1881 ; le modernisme de la vision de Zerlendi pourrait nous déterminer à comprendre l’importance de sa contribution dans le domaine de l’institutionnalisation des pratiques financières conformément aux standards européens. 

 

Du point de vue architectural, le bâtiment a commencé à fleurir après 1911, grâce à l’intervention de l’architecte d’origine aroumaine, Arghir Culina. Jusqu’à l’hiver de cette année-là, le rez-de-chaussée de l’immeuble avait été destiné aux activités commerciales : l’hôtel avait emprunté le nom de Magasin Louvre où la marchandise était apportée directement de Paris. Les pièces des étages supérieurs étaient louées soit par de simples clients, soit par des institutions ; nous y retrouvons des succursales de banques étrangères, des sociétés d’assurances et agricoles ou même le siège de la Société des Ecrivains Roumains. C’est peut-être précisément grâce à la notoriété de cet amalgame entrepreneurial que nous ne devrions pas être étonnés du fait qu’en février 1911, la presse de l’époque ne parlait que de l’incendie du Louvre. Conformément à un article paru dans le journal bucarestois Seara, de tout le vaste bâtiment, il restait plus que le squelette des murs et les traverses en fer.  

 

Un langage architectural éclectique à fortes influences Art Déco a été choisi pour sa rénovation et son expansion. Les deux corps latéraux de l’hôtel sont unis par un axe central dont la forme cylindrique se termine par une coupole discrètement décorée. Nous pouvons remarquer la manière dont le pluri-perspectivisme des registres volumétriques tempère les notes sobres du béton. La dominante horizontale du rez-de-chaussée est mise en valeur par les grands espaces destinés à l’exposition de la marchandise ; elle se fait l’écho de la mansarde simple aux lucarnes voûtées, le tout créant une sorte d’harmonie symétrique. De l’extérieur, la verticalité des plans médians semble doublée. 

 

Dans la période de la Première Guerre Mondiale, l’Hôtel Louvre a été entièrement occupé par les troupes allemandes. Plus tard, au début des années 1920, plusieurs travaux de rénovation sont démarrés sous la supervision étroite de l’architecte Paul Smărăndescu. Adepte du néo-roumain rationnel, sans éléments ornementaux, il préserva la beauté glaciale imposée par son prédécesseur. D’ailleurs, il ne s’agit pas du dernier moment difficile de l’immeuble, car après avoir résisté aux bombardements de la Deuxième Guerre Mondiale et au régime communiste, il fut modernisé dans les années 1980. C’est à la même époque qu’il fut rebaptisé – Hôtel Capitol.

 

Sources: Hotelcapitol.ro, E-architecture.ro

Constantin Giurescu, l’Histoire de Bucarest depuis l’aube des temps et jusqu’à nos jours, La Maison d’édition pour la Littérature, Bucarest, 1966

 

Ana Maria Rosca 

 

 
 
 

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