Édition Bucarest

INTERVIEW - Teia Catana : "Le développement durable s'affirme, peu à peu"

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012
L'organisation non gouvernementale ViitorPlus a été créée il y a un peu moins de deux ans. Son but est de sensibiliser la population au développement durable. Lepetitjournal.com a rencontré sa présidente Teia Catana, jeune femme souriante et déterminée{mxc}

Teia Catana

Lepetitjournal.com : Qu'est-ce que le développement durable ?
Teia Catana : Pour faire simple, le développement durable est un développement qui n'affectera pas de façon négative les générations futures, tout en répondant aux besoins du présent. Pendant longtemps la croissance économique a été pensée exclusivement en terme de profit. Aujourd'hui, le monde des affaires se rend davantage compte qu'il est nécessaire de protéger l'environnement et de promouvoir l'équité sociale. Sans quoi le système dans lequel nous vivons n'est pas tenable à long terme.

Que faites-vous, concrètement ?
Nous avons plusieurs domaines d'activité liés au secteur de la construction, du recyclage et de la gestion des déchets, de l'éducation, des forêts? Nous organisons des pétitions, nous travaillons avec les politiques afin de modifier les comportements. Aujourd'hui, le secteur de la construction, en très forte croissance à Bucarest, est évidemment un domaine que nous surveillons de près. Son produit final, les immeubles et le développement urbain dans son ensemble auront des conséquences sur notre futur pendant plusieurs dizaines d'années.

Pensez-vous que ceux qui travaillent dans ce secteur s'en préoccupent ?
Les promoteurs n'y pensent pratiquement pas, tout se fait très vite, sans réfléchir. Faire du profit, c'est ça l'important. A Bucarest, la demande de biens immobiliers est plus forte que l'offre, alors on construit et les gens achètent. On fait peu de cas des espaces verts, de la qualité des nouveaux bâtiments, des économies d'énergie. Pour l'instant très peu de projets immobiliers prennent en compte le développement durable. Mais dès que nous le pouvons, nous organisons des tables rondes avec des promoteurs, des architectes, afin d'établir un dialogue.

Il semblerait qu'un des problèmes récurrents de la ville soit la collecte des déchets?
Oui, et si on se penche notamment sur les sociétés, nombreuses sont celles qui n'ont d'autres alternatives que de garder leurs déchets au sein même de leurs locaux. Nous sommes allés visiter récemment un immeuble de treize étages d'une grande entreprise, en plein centre de Bucarest. Les déchets journaliers sont entreposés dans une petite pièce de 4 m2, en sous-sol, qui n'est pas du tout conforme aux normes de stockage des déchets. L'autre problème vient des sociétés de collecte peu fiables, qui ne viennent qu'à partir d'une demi-tonne ou d'une tonne de déchets ! C'est pour cela aussi que subsiste la collecte informelle, notamment pratiquée par la communauté rom.

Et du côté des décharges ?
Bucarest dispose de décharges pour les ordures ménagères, mais une seule est écologique. Et la population est encore loin d'avoir intégré le tri sélectif. Pourtant des centres de recyclage existent, sauf pour le verre. Plus grave, Bucarest n'a toujours pas de station d'épuration. Celle de Glina n'a pas la capacité suffisante pour traiter les eaux usées d'une ville de 3 millions d'habitants. Toutes les eaux usées de Bucarest se jettent dans la Dambovita, puis dans le Danube.

Restez-vous optimiste ?
Oui, car de plus en plus d'entrepreneurs se rendent compte que ça ne peut plus durer. Ils commencent à s'intéresser enfin à leur environnement à long terme. Et le concept de développement durable s'affirme, peu à peu.
Propos recueillis par Laurent Couderc. (www.lepetitjournal.com - Bucarest) lundi 17 mars 2008{mxc}

Pour plus d'infos, visiter le site de ViitorPlus : www.viitorplus.ro

Le début d'une prise de conscience ?
Les conférences, manifestations et plans d'action pour le développement durable se succèdent depuis le début de l'année. Le 22 janvier, une Stratégie nationale pour le développement durable a été lancée, et 32 ONG, dont ViitorPlus, ont proposé au ministre de l'Environnement et du Développement durable Attila Korodi de travailler pour le bon déroulement de ce plan national afin d'assurer sa transprence et son efficacité.
Vendredi dernier, la Chambre de commerce roumaine accueillait la Fondation Groupe d'initiative écologique et de développement durable, présidé par Ion Iliescu et dont le secrétaire général est Michel de Laufenbourg. La conférence a réuni bon nombre de personnalités, de l'ancien Premier ministre Adrian Nastase (décidemment partout en ce moment) au ministre de l'Agriculture Adrian Ciolos. Egalement présent Andreas Baude, directeur général de Veolia Water Roumanie.
Côté manifestations, ça n'arrête pas. Le 9 mars dernier, plusieurs associations ont protesté devant la Banque nationale de Roumanie pour la protection d'un parc du quartier de Cotroceni qui serait menacé par de nouveaux bâtiments. L.C. 
lepetitjournal.com bucarest
Publié le 17 mars 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

Flash infos

    L'annuaire à Bucarest