Des milliers de manifestants pour le troisième jour contre scandale judiciaire

 Nous ne pouvons pas rester chez nous et il est de notre devoir d’exercer la pression nécessaire pour sauver la justice en Roumanie

Les manifestants sont descendus en nombre dans la rue et ont réclamé une réforme en profondeur du système judiciaire, la fin de l’influence politique sur la justice et des mesures concrètes contre la corruption, dans un contexte marqué par le mécontentement lié à la prescription des grands dossiers et à l’augmentation de la pression fiscale sur la population.

De telles manifestations ont déjà eu lieu mercredi, au lendemain de la diffusion du documentaire « Captured Justice » par Recorder, ainsi que jeudi. Les manifestants ont scandé « Respect, Raluca ! », en référence à l’intervention de la juge Raluca Moroșanu de la cour d’appel de Bucarest. Les protestataires ont également adressé des messages à la présidente de la Haute Cour de cassation et de justice, Lia Savonea.

À Bucarest, plus de 5 000 personnes se sont rassemblées sur la place de la Victoire. Les manifestants ont scandé des slogans et réclamé des démissions. Parmi les slogans entendus figuraient « À bas la corruption » et « Dehors la corruption du pays ». Les participants ont exigé un système judiciaire équitable, indépendant des pressions internes.

Certains manifestants ont déclaré à Digi24 qu’ils étaient déjà descendus dans la rue les années précédentes et qu’ils continueront à protester chaque fois qu’ils constateront des irrégularités dans le système judiciaire.

Deux nouvelles manifestations pour l’indépendance de la justice auront lieu samedi et dimanche, chacune débutant à 18 h 30, ont annoncé les organisateurs sur Facebook.

Dimanche, la manifestation commencera par une marche. Les participants se rassembleront à partir de 17 h aux fontaines de la place de l’Université, puis marcheront à 18 h vers la place de la Victoire, selon les organisateurs. Les événements sont organisés par Corruption Kills, Protest for an Independent Justice et Inițiativa România, des organisations civiques qui ont également organisé ces derniers jours des rassemblements devant la Cour suprême et sur la place de la Victoire.

« Le courage des magistrats qui ont décidé de s’exprimer publiquement sur les irrégularités du système judiciaire et sur la corruption à grande échelle doit être soutenu depuis la rue. Nous ne pouvons pas rester chez nous et il est de notre devoir d’exercer la pression nécessaire pour sauver la justice en Roumanie », écrivent les organisateurs sur les pages Facebook des événements.

Ils réclament notamment la révocation de la présidente de la Haute Cour de cassation et de justice, Lia Savonea, la révocation de la direction de la DNA et la révocation du ministre Cătălin Predoiu.

Recorder a publié mardi soir une enquête sur l’état de la justice en Roumanie, le phénomène de la prescription des affaires et les effets de la centralisation du pouvoir entre les mains de « certains magistrats qui coexistent avec des politiciens ».

Dans le documentaire de Recorder, figurent notamment des entretiens avec le procureur militaire Liviu Lascu, Crin Bologa, ancien chef de la Direction nationale anticorruption (DNA) entre les mandats de Laura Codruța Kovesi et de Marius Voineag, ainsi qu’avec un procureur de la DNA et un juge de cour d’appel, tous deux s’exprimant sous couvert d’anonymat.

L’enquête de Recorder met en lumière des cas concrets dans lesquels des prévenus liés politiquement ou des hommes d’affaires très puissants, tels que Marian Vanghelie, Cristian Burci et Puiu Popoviciu, ont bénéficié de procès prolongés jusqu’à l’expiration des délais de prescription.

L’allongement des procédures a été obtenu par des changements de formations de jugement ordonnés par la direction des juridictions, y compris des modifications opérées au moment même où un verdict était sur le point d’être rendu.

source : Romania Journal.ro