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Nadaka, musicien québécois installé à Auroville et concepteur du Geet-Taar

Affiche de la tournée en Inde de Geet-Taar and TaalAffiche de la tournée en Inde de Geet-Taar and Taal
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 29 mars 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

Nadaka, un musicien d’origine québecoise, installé à Auroville depuis plus de 40 ans, se produit dans les Alliances françaises en Inde du 30 mars au 22 avril 2023 avec sa tournée Geet-Taar & Tal, comprenant lui-même à la Geet-Taar, un instrument de 24 cordes qu’il a conçu et développé, Ilyas Khan au Sarangi et Chandrasekar au Tabla.

 

Nādakā est né et a grandi à Québec et est installé à Auroville depuis 1974, son amour et sa passion pour la culture indienne l'ont amené à étudier la musique indienne. Le Geet-Taar est son projet de toute une vie, un instrument lui permettant d'émuler les sonorités subtiles de la musique indienne. 

Nadaka est réputé pour sa virtuosité et sa signature sonore contemplative, qui combine harmonieusement la musique indienne traditionnelle et les styles contemporains. Avec de nombreux albums à son actif, il a enregistré et joué avec plusieurs musiciens indiens reconnus tels que le compositeur de films A.R. Rahman, le violoniste Ganesh-Kumaresh, le batteur Shivamani, les percussionnistes carpatiques Vikku Vinayakram et son fils Selvaganesh. Il a également effectué de nombreuses tournées pour des concerts et des ateliers, partageant la scène avec sa partenaire Gopika, vocaliste, et son fils Keshava, tabla.

 

 

Nadaka a partagé avec la rédaction sa passion pour la musique avant le premier concert de Geet-Taar & Tal à Bombay.

 

lepetitjournal.com : Quand et pourquoi êtes-vous arrivé en Inde la première fois ? Pourquoi vous être installé à Auroville ? Qu’est-ce qui vous y a attiré, qu’est-ce qui vous y a plu ?

Nadaka : Jeune adolescent québecois, j’étais attiré par l'Inde, j'avais lu les écrits de Sri Aurobindo et j’avais le sentiment qu'avec les pensées de Sri Aurobindo, je ne courais pas le risque de tomber dans un truc sectaire ou religieux.

 

En 1974, j’ai quitté le Québec en bateau pour la France puis j'ai fait du stop, pris des bus et marché pour enfin arriver en Inde à Auroville, j’avais 16 ans !

J'ai fait partie des 200 - 300 personnes qui ont bâti Auroville. Il n'y avait rien, on avait l'impression d'arriver sur Mars, on a tout construit. On ne nous connaissait pas et on n'intéressait personne. Pendant 7 ans je n’ai pas quitté l’Inde. J'ai vécu la vie d'un jeune pionnier, bâtissant le Matrimandir, transformant des terres arides en une oasis boisée, construisant de simples habitations en bambou, apprenant le tamoul dans les dialectes locaux, marchant jusqu'à Pondichéry, faisant du vélo... 

 

À Auroville, on avait l'impression de tout réinventer. Quand je suis retourné au Canada pour quelques mois, j'ai eu un choc et j'ai réalisé qu'à Auroville, on était coupés du monde, on vivait une autre vie...

Aujourd'hui, Auroville est un espace ouvert, qui accueille un flux permanent de personnes du monde entier qui arrivent et repartent. Auroville n’est plus coupé du monde et maintient une relation avec le gouvernement du Tamil Nadu.

 

Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire d'être Aurovillien. Mais j’ai toujours ce sentiment qu'on devrait être là pour quelque chose de plus profond. 

 

Comment pourriez-vous décrire votre relation avec l'Inde ?

Depuis mon arrivée à Auroville, je me suis passionné pour tout ce qui était indien, en particulier la musique indienne. 

Quand j'ai quitté le Québec, je jouais de la guitare, je n’étais pas particulièrement talentueux, mais j'avais une très bonne oreille pour la musique. À l’époque, au Canada, la musique était rock, progressive, mais j’étais attiré par la musique indienne, elle me touchait et je la ressentais profondément. 

 

Après mon arrivée en Inde, je n’ai pas commencé tout de suite ma carrière de musicien. Durant les premières années d'Auroville, on considérait qu'un artiste, ce n'était pas très utile dans cet endroit où il y avait tout à bâtir. Je jouais un peu de guitare le soir, mais c'était tout. 

 

C'est quelques années plus tard vers 20 - 22 ans que j'ai pu m'intéresser à la musique classique indienne. J'ai démarré par le mridangam, puis j'ai appris à jouer de la veena avec un maitre à Trichy dans le sud de l’Inde. Et lors de mon premier retour au Canada, j'ai redécouvert la musique progressive et le jazz occidental. 


En 2013, je me suis installé pour quelques années au Canada et aux Etats-Unis avec ma conjointe et les enfants. J’ai apprécié de vivre de nouveau en Amérique, de donner des concerts mais il me manquait quelque chose. Ma vie est en Inde, quand je suis en Europe ou en Amérique, inévitablement l'Inde me manque.

 


Ce que j'adore en Inde, c'est la possibilité d'aller chez quelqu'un que je ne connais pas mais dont on m'a donné le contact et qui m'accueillera chez lui sans poser de questions peut-être simplement pour me proposer un verre d’eau…

 

Depuis quand pratiquez-vous le Raga Guitar ? D’où vous est venue cette passion ?

Le Raga Guitar est mon instrument idéal que j'ai conçu pendant de longues années puis développé. Il a 24 cordes et intègre quatre instruments indiens, veena, swaramandal, tanpura et guitare ! Mais il n'est pas accordé comme une guitare. 

 

Nadaka et son Geet-Taar

 

Je l’ai d’abord appelé Raga Guitar mais finalement je me suis dit que cet instrument allait se nommer simplement Geet-Taar. Taar signifie cordes en Sanskrit et Geet chanson, refrain, j'ai trouvé l'association Geet-Taar intéressante, elle rappelle étrangement le mot guitare. J'ai fait quelques recherches, certaines personnes sont d'accord, d'autres moins convaincues. 

 

Le Raga Guitar ou Geet-Taar me permet d'adapter les Raga indiens avec des harmonies plus occidentales.

 

J'ai aussi une passion pour les micro tonalités de la musique indienne que cet instrument me permet de reproduire grâce à un système de frettes que je peux déplacer. Cependant, c’est une technique qui prend un peu de temps et n’est donc pas utilisable lors d'un concert court.

 

Vous êtes aussi compositeur et vous donnez régulièrement des concerts. Pouvez-vous nous en parler ?

Avec ma conjointe Gopika, chanteuse, et son fils Keshava, virtuose du tabla, nous avions formé le trio "RagaMantra" inspiré par les traditions culturelles de l’Inde : Raga signifie musique, Mantra, chants et Tala, rythme. Notre répertoire était plus particulièrement basé sur les chants dévotionnels. Nous combinions des sons du monde entier enrichis d'une approche moderne et originale. Nous nous sommes produits pendant des années avec d'autres artistes de renom que nous invitions pour des concerts.

 

 


Puis Keshava s'est installé à Vienne pour quelque temps. J’ai donc réfléchi à une association avec d’autres musiciens.

 

Pouvez-vous nous parler de la tournée Geet Taar & Taal ?

J'ai alors eu l'idée de monter une tournée un peu différente, plus instrumentale. J'ai contacté Chandrasekar, un disciple senior du maitre de tabla de Keshava, Yogesh Samsi. Puis, je me suis souvenu d'un excellent joueur de sarangi, Ilyas Khan que j'avais rencontré à Baroda et il s'est joint à nous.

 

Ilyas Khan au sarangi et Chandrasekar au tabla
Ilyas Khan et Chandrasekar

 

Geet-Taar & Taal est le nom de la tournée, Geet-Taar, mon instrument et Taal, le rythme donné par le tabla.

Le concert est calibré pour durer 1 heure - 1 heure 15. Il faut donc faire un compromis entre jouer un raga pour une heure ou jouer plusieurs petits morceaux de différents ragas. Mais c'est aussi un avantage pour moi qui suis compositeur.

 

La tournée commence le jeudi 30 mars à Bombay et et ensuite nous jouons dans 9 des Alliances françaises en Inde, le dernier concert sera le 22 avril à Pondichéry.

 

 

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