Arrivée à la tête de l’IF Ku’damm en septembre dernier, Sophie Coumel est une européenne de cœur dont la carrière a été orientée par une principale motivation, la coopération franco-allemande. Elle nous ouvre aujourd’hui les portes de la Maison de France et nous fait découvrir les missions et projets de l’Institut français de Berlin.
Une carrière franco-allemande
Les relations Franco-allemandes, c’est un sujet que Sophie Coumel connaît bien. Issue elle-même d’une famille franco-allemande, elle fait une partie de ses études à la Freie Universitat de Berlin avant d’obtenir l’agrégation d’allemand et de dédier une partie de sa carrière à l’enseignement. L’autre partie est jalonnée d’expériences au sein d’institutions favorisant les échanges entre nos deux pays.
Elle nous parle de sa première expérience professionnelle à la fondation Genshagen, dans le Brandebourg. Créé par Brigitte Sauzay et Rudolf von Thadden, ce lieu est dédié au Triangle de Weimar et au dialogue artistique et culturel en Europe. Une expérience révélatrice où elle découvre ce qui deviendra son domaine de prédilection. Quelques années plus tard, elle fait partie de l’équipe de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), au bureau des échanges scolaires. Plus récemment, elle occupe le poste de directrice du Lieu d’Europe à Strasbourg, avant de revenir s’installer à Berlin.
Favoriser les synergies à l’Institut français de Berlin
Sur l’emblématique Ku’damm, la Maison de France fait partie des bâtiments qui ne passe pas inaperçu. Fondée en 1950 puis inaugurée pour sa réouverture en 1985 par François Mitterand et Helmut Kohl, elle est classée parmi les monuments historiques de la ville, nous confie Sophie alors que nous montons les escaliers desservant la médiathèque, les bureaux ainsi que la salle de réception du quatrième étage. Lieu de rencontres, de festivités mais aussi d’apprentissage, l’Institut français multiplie les attributs qui sont autant de missions pour sa directrice et l’équipe qui l’épaule au quotidien.
« L’une de mes tâches fondamentales est de favoriser les synergies entre les différents bureaux de l’Institut » explique Sophie. Il y a l’enseignement du français et l’organisation des examens DELF, mais aussi la médiathèque et les manifestations culturelles qui rythment le calendrier. Avec la pandémie les événements comme, par exemple, les rencontres organisées par l’équipe de la médiathèque, ont dû être freinés.
Avec son fond de 29.000 ouvrages toutes catégories confondues, la médiathèque est un espace clé de l’Institut français et un lieu chéri par les francophones berlinois. Son équipe accueille des activités pour les enfants, des ateliers d’écriture ou encore des cercles de lectures ouverts à tous, notamment sur les écritures francophones hors de France. « La culture s’est quelque chose qui s’apprend. A travers notre mission de transmission, nous travaillons pour le public de demain. » En effet, un autre volet des missions de l’Institut français est la transmission des valeurs et du savoir au public et notamment au jeune public.
Rendez-vous à la Maison de France
A l’heure du digital, le challenge est de faire sortir les gens que chez eux. Cela est d’autant plus difficile après deux ans de pandémie nous confie Sophie Coumel. L’Institut français de Berlin a la chance d’avoir un espace d’exposition extérieur avec les vitrines installées le long du bâtiment sur la Uhlandstrasse. Cela a permis d’organiser trois expositions au cours de l’année 2021, accessibles à tous. Chaque année, un commissaire d’exposition est choisi pour la programmation de trois expositions qui habilleront l’espace des vitrines au cours des saisons. Cette année, l’équipe de l’Institut français et le bureau des arts plastiques collaborent avec la commissaire Anne-Laure Lestage qui a pensé une série sur le thème du sauvage. La première exposition de Raphael Larre, Forêt intérieure, est visible jusqu’au 25 mai.
Le second espace d’exposition, la galerie Alice Guy, est un instrument essentiel selon Sophie Coumel. Placée côté Ku’damm, elle donne une certaine visibilité à l’Institut et à ses activités. Jusqu’au 31, on peut y voir les clichés du photographe Boris Bocheinski dans l’exposition #notafraid sur les commémorations des attentats terroristes qui ont marqué les métropoles européennes entre 2015 et 2020. Plusieurs expositions sont attendues dans les prochains mois. « Au mois d’avril, nous avons prévu une exposition du photographe ukrainien Dimitri Bogachuk en partenariat avec la Art East Gallery qui met en avant le travail d’artistes allemands et ukrainiens. C’est un magnifique projet présentant des photos apaisées et harmonieuses de la France. Avec le conflit, le photographe est actuellement caché dans sa cave à Kiev, avec les photos qui doivent être exposées. Le projet est déjà beau en soi, mais il prend une toute nouvelle dimension avec le contexte actuel. On espère de tout cœur que l’exposition pourra voir le jour. »
Pour les 35 ans du traité d’amitié entre Berlin et Paris, une exposition des photographes de l’agence Ostkreuz aura lieu à partir de juillet prochain. Elle aura pour thème, le regard porté par les photographes de l’agence sur Paris à la fin du siècle dernier. A cette période, l'agence est encore en création. C'est intéressant de voir que ses membres fondateurs se sont retrouvés à Paris au tout début de l'histoire de cette institution de la photographie à Berlin. « C'est un beau projet pour illustrer l'amitié entre nos deux villes. »
Autre espace important, la salle Boris Vian. Au quatrième étage de la Maison de France, elle accueille des artistes français venant présenter leur travail au public berlinois. Dans un horizon proche, le 21 mars, une rencontre avec le romancier Tanguy Viel autour de son livre La fille qu’on appelle est organisée. Dans quelques semaines, une autre rencontre littéraire sera organisée avec Chloé Delaume qui a reçu le Prix Médicis pour son roman Le Cœur synthétique.
On trouve également dans cette salle, un piano à queue qui a été témoin de l’histoire. Il se trouvait au Centre français de Berlin sur Unter den Linden. « La France avait cette particularité d’être le seul pays occidental à avoir le droit d’ouvrir un centre culturel à Berlin Est de 1984 à 1991. Nous avons eu la chance de pouvoir récupérer cet instrument prestigieux qui est toujours joué régulièrement. » Cette année, l’Institut français initie un cycle d’art lyrique mettant cet instrument en avant, ainsi que plusieurs jeunes chanteuses lyriques françaises. La série de récitals intitulée A pleine voix débute le jeudi 31 mars avec la mezzo-soprano Ninon Demange, accompagnée du pianiste Thomas Lavoine.
Retrouvez les actualités de l’IF Ku’damm sur le site de l’Institut français.
Si vous souhaitez vous investir et soutenir les activités de l’Institut français de Berlin et de la Maison de France, vous pouvez contacter le Cercle des amis (Freundeskreis).
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