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Shirley Collet - "S'autoriser des aventures dans la grande aventure qu'est la vie"

Shirley ColletShirley Collet
Écrit par Emma Granier
Publié le 26 juin 2021, mis à jour le 28 juin 2021

Fondatrice de l’agence Paris-Berlin, Shirley Collet revient sur son parcours, ses projets et nous confie ses conseils pour les nouveaux venus dans la capitale allemande.

 

Qu’est-ce qui vous a amenée à Berlin ?

Lors d’un vernissage, il y a plusieurs années, j’ai rencontré deux français expatriés à Berlin qui présentaient un travail sur l'ouverture des frontières au sein de l'Union Européenne. A l’époque j’avais un bureau de production culturelle à Lille et une collaboration s’est rapidement mise en place avec ces deux architectes. Les emails et le téléphone ont eu leur limite et je suis allée passer plusieurs séjours à Berlin pour cette collaboration. A cette occasion, j'ai découvert la communauté artistique, intellectuelle et alternative de cette ville. J’étais fascinée par la présence de la nature dans la ville, par tous ces parcs. Et je me suis dit : « Berlin, c'est pour moi ! »

Je n'ai pas sauté le pas tout de suite. J'avais d'autres engagements en France professionnels et personnels. Il a fallu que je sois licenciée économique d'une start-up parisienne quelques années plus tard pour me décider à faire mes valises et partir à l’aventure. J'avais 38 ans, ne connaissais que quelques mots d'allemand et quasiment personne à Berlin.

 

Quel a été votre parcours à Berlin depuis votre arrivée ?

Au départ, j'avais pour projet d'ouvrir une épicerie française et de faire de l'évènementiel ponctuellement. L'augmentation des loyers à Berlin m'en ont dissuadée. J'ai abandonné cette partie du projet pour me lancer dans l'évènementiel promotionnel. J'ai donc commencé en faisant des dégustations de champagne itinérantes dans Berlin en duo avec une autre française expatriée à Berlin. Elle, c’était l'experte en vin et moi, je m’éclatais à organiser tous ces événements. A côté de ça, j’ai rapidement créé l'agence évènementielle Paris-Berlin en commençant par un site internet. Puis les choses se sont accélérées en 2016 quand une association d'avocats francophones m’a contactée pour organiser sa convention annuelle à Berlin avec 250 participants. Ça a été mon premier gros événement ici et ça m'a fait comprendre beaucoup de choses sur les besoins des clients. Après ça, j'ai réécrit le contenu de mon site et fait tout un travail de conception d'offres. Et les contacts se sont enchaînés avec d’autres entreprises.

 

Depuis l’année dernière, un autre projet prend de plus en plus de place dans mon quotidien. Il s’agit de Rezonanz que j'ai créé au début de la pandémie, à travers lequel j’aide les personnes à trouver leurs essentiels dans le quotidien. Cela passe par un coaching pour faire le tri chez soi, réaménager son intérieur, etc. Le but est que mes clients trouvent du sens dans leur manière de consommer et qu’ils trouvent un équilibre entre le bien être matériel et le bien être immatériel.

 

Par ailleurs, cette année, je me suis formée à l'économie circulaire. Je vais créer des animations de sensibilisation et faire du business coaching pour accompagner projets et entreprises vers des business modèles vertueux, socialement et écologiquement. La pandémie m'a finalement ramenée vers mes valeurs profondes et permis de lancer dans deux nouveaux projets.

 

Portrait de Shirley  avec trois autres personnes lors d'un événement

 

Quel est votre retour d’expérience en tant qu’entrepreneuse française en Allemagne ?

L'entreprenariat, que l’on soit à Berlin ou ailleurs, c'est une posture particulière ; tout repose sur les épaules d’une même personne. Même si on a une équipe et que l’on est bien entourée, on reste responsable de beaucoup de choses. Donc il faut prendre soin soi. On n'est pas un bon manager si on n'a pas fait un travail sur soi, sur ses valeurs.

 

La chance que j’ai grâce à mon activité événementielle de mon activité, c’est que je baigne dans un milieu international. Je suis au service d'entreprises francophones - j'ai été sollicitée aussi par des français, des belges et des suisses - et d’entreprises allemandes. Mais chacune de ces entreprises rayonne à l'échelle internationale. Dans mes événements, il y a des Italiens, des Polonais, des scandinaves, etc. Le but, c’est de créer des événements où tout le monde soit à l’aise et puisse développer des contacts et ses affaires.

Je suis plongée dans cette interculturalité dans ma vie personnelle aussi. Je suis mariée à un Allemand. Et, avec Rezonanz, j’ai souvent retrouvé cette mixité chez mes clients : famille franco-belge, franco-allemande, etc.

 

Il faut s'autoriser des aventures dans la grande aventure qu'est la vie.

Un retour d’expérience que je pourrais partager en tant qu’entrepreneuse à toutes les personnes qui se posent des questions sur leur orientation professionnelle et sur leur parcours, c'est simplement que la vie est une aventure. 
Si on part en se disant, je veux arriver à tel endroit, je veux faire cette carrière-là, on peut finir par se mettre une pression folle et en oublier les points positifs qui nous ont fait choisir ce chemin en premier lieu. Pour moi, tant qu’on met de la joie dans ce qu'on fait, on a trouvé sa voie. Il faut s'autoriser des aventures dans la grande aventure qu'est la vie ! Ne pas hésiter à tester, bifurquer, se former. Beaucoup de personnes se donnent des limites totalement artificielles, malheureusement.  C'était plus difficile pour ma génération, le parcours dit « atypique » était très peu valorisé il y a quelques dizaines d’années, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, alors go ! Alors bien sûr, il ne faut pas tomber dans les extrêmes et il faut que ça reste authentique. J'aimerais que les gens réalisent qu'ils disposent tous d'une grande liberté devant eux.

 

Il y a un terrain de tolérance à Berlin, pour tous les profils

Toutes ces idées, je ne les dois pas à Berlin, j'avais déjà cette attitude exploratrice en France. Mais c’est peut-être justement parce que j’ai cette attitude que j’habite aujourd’hui à Berlin. Je me demande souvent ce qui réunit les gens qui s'expatrient, on a forcément des choses en commun. Il y a des personnes qui se sentent étrangères à elles-mêmes dans leur culture d’origine et donc sont plus à l'aise à l'étranger. L'expatriation en soi est souvent une recherche de cette liberté quand c'est une décision personnelle. Je trouve qu’il y a un terrain de tolérance à Berlin pour toutes ces personnes et pour tous les profils.

 

Avez-vous des conseils pour les personnes qui arrivent à Berlin ?

Un conseil que je pourrais donner aux nouveaux arrivants en Allemagne serait de ne pas tomber dans le piège des clichés ou d'avoir une vision uniforme de l’Allemagne. Comme en France, il n'y a pas une identité uniforme sur tout le territoire. Les cultures sont très différentes entre le nord et le sud de l'Allemagne. De même que l'on retrouve des différences entre la culture alsacienne et la culture provençale. Donc je dirais qu'il faut être curieux, ce serait dommage de passer à côté de la découverte d'une Allemagne multiculturelle.

 

Découvrir le pays ! Et ça démarre à la porte de Berlin.

 

Alors oui, quand on arrive à Berlin, on peut être captivé par cette capitale européenne où il y a toujours beaucoup d'événements, mais l’Allemagne ne se limite pas à Berlin. Ce serait dommage de passer à côté du pays dans lequel on vit. Découvrir le pays, ça démarre à la porte de Berlin. Allez en Brandebourg, il y a de super randos à faire. Avec les regional Bahn, beaucoup de lieux à découvrir sont à seulement une ou deux heures de Berlin.

Apprendre la langue c'est aussi important. Les idiomes permettent de découvrir la manière dont pensent les locaux et on peut le faire en s'amusant. L'allemand est compliqué mais le français l’est aussi. Tout est possible avec un peu de motivation !

Donc mon conseil ce serait de découvrir la culture allemande à travers ses paysages, ses dialectes tout en participant à la vie locale, la vie de son quartier par exemple.

 

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