Disponible courant mai, l’application Labels se présente comme l’alternative écoresponsable aux géants du e-commerce et remet les petits commerçants et créateurs locaux à l’honneur. Maxime Junique, son fondateur, nous parle de son parcours et de la création de Labels.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a amené à Berlin ?
Après un DUT en informatique à Aix-en-Provence, je devais partir en école de commerce à Paris poursuivre mes études. Finalement, deux semaines avant le début des cours, j’ai décidé de changer radicalement de projet et j’ai choisi l’aventure. J’ai mis toutes mes affaires dans ma voiture et j’ai pris la route pour Berlin et vers une nouvelle vie.
J’étais déjà auto-entrepreneur depuis mes 18 ans en tant que programmateur et designer de sites internet. J’avais envie d’être dans l’action et d’en finir avec les études. En arrivant à Berlin, j’ai lancé mon activité de design de sites internet.
J’ai ensuite travaillé sur plusieurs projets dont un dernier qui m’a mené à San Francisco : le développement d’un nouveau réseau social remettant l’humain et les rencontres physiques au cœur de nos relations. Avec la pandémie, le sujet même du projet est remis en cause et on a donc préféré attendre un peu. Je suis donc revenu à Berlin après un passage à San Francisco et une période de remise en question l’an dernier. C’est à ce moment-là que Labels a émergé.
Qu’est-ce que Labels et en quoi cela va-t-il changer la vie des consommateurs ?
En quelques mots, Labels est une plateforme de vente en ligne avec livraison rapide pour les commerçants des grandes villes comme Berlin et permettant de concurrencer les géants de l’e-commerce. L’avantage pour les acheteurs c’est que le temps de livraison est quasi-instantané et qu’ils soutiennent les commerces de leur ville en achetant des produits disponibles tout près de chez eux. Il y aura aussi des workshops et des expériences proposés par des commerçants et créateurs. Par exemple, Aurelia Paumelle propose un atelier pour réaliser un vêtement de sa collection à ses côtés dans l’atelier.
Avec la pandémie, on a vu les chiffres des plateformes d’e-commerce bondir et en même temps l’économie locale des petits commerces et créateurs s’effondrer. On ne s’en rend pas toujours compte mais, dans les grandes villes, nous avons la chance d’avoir une variété de produits extraordinaire, juste en bas de chez nous, grâce à tous les commerçants et créateurs locaux. Nous lançons Labels ce mois-ci à Berlin et avons déjà plus de 3 500 magasins et créateurs indépendants référencés.
Il y a quelques années, j’avais voulu monter un projet similaire à Aix-en-Provence. A l’époque, la principale difficulté était que les magasins n’avaient pas leur catalogue en ligne. La pandémie aura eu ça de bon qu’elle a obligé tous les commerces à se digitaliser et à mettre leur offre en ligne. De notre côté, nous avons créé une intégration qui permet de lier ces catalogues et de les ajouter à Labels en quelques minutes.
Pour l’instant on est une petite équipe. Romy, la cofondatrice a créé la fondation No Waste Society et nous aide à construire une application avec une vraie valeur ajoutée pour les utilisateurs, l’environnement et l’économie de nos villes.
Quelle est votre principale motivation en proposant cette nouvelle application ?
Aujourd’hui on peut trouver beaucoup de projets soucieux de l’environnement mais qui ne proposent rien de mieux que les solutions préexistantes. Avec ce genre de projets, on ne réussit qu’à convaincre les convaincus. Notre chalenge c’est de convaincre ceux qui n’en ont strictement rien à faire. Si on veut vraiment remplacer l’avion, il faudra trouver un moyen de locomotion qui aille encore plus vite et qui ait une empreinte carbone moins importante.
C’est la philosophie qu’il y a derrière Labels, améliorer nos vies et avoir un impact positif.
Avec Labels, nous proposons la livraison en quelques minutes de milliers de produits de qualité disponibles juste à côté de chez vous. C’est la philosophie qu’il y a derrière labels, améliorer nos vies et avoir un impact positif.
Le monde change, les investisseurs ne s’intéressent plus aux start-ups dont l’objectif est seulement de créer du revenu. Les gens sont plus conscients de ce qu’ils achètent. Ils sont prêts à payer plus pour des produits écologiques et éthiques. Il y a un changement de mentalité. Et en même temps, on est dans la période de l’instantanéité, on veut que les produits soient disponibles de suite, livrés dans la minute. Il faut trouver le bon équilibre entre apporter de la valeur aux utilisateurs et avoir un impact positif pour la société et la planète.
J’aimerais que le fait d’aider et de contribuer à la société devienne une habitude et que cela ne soit plus vu comme un acte d’héroïsme.
Deux dispositifs sont directement intégrés à la plateforme et apporte une valeur ajoutée aux achats faits sur Labels. Nous avons un partenariat avec la start-up Milky wire permettant aux utilisateurs de donner 1 % du montant de leur achat en soutien à un projet ou à une initiative luttant pour la préservation de l’environnement. Il y a également une petite plateforme de crowdfunding directement intégrée dans notre application et permettant à tous de soutenir l’émergence de projets locaux. J’aimerais que le fait d’aider et de contribuer à la société devienne une habitude et que cela ne soit plus vu comme un acte d’héroïsme. Grâce à Milky wire, on va pouvoir mesurer notre impact de manière tangible. A la fin de chaque année, on pourra établir un rapport précis de ce qui a été accompli grâce à toutes ces donations de 1 % faites par les utilisateurs.
Créer une start-up c’est dur, ce n’est pas toujours aussi fun qu’on l’imagine. Au début c’est chouette, on fait le logo, on lance le compte Instagram, nos amis nous suivent et nous soutiennent. Mais ensuite c’est du travail non-stop. Trouver des investisseurs, motiver l’équipe, trouver des partenaires, convaincre ses utilisateurs. etc. Le fait que ça ait un impact positif pour la société et l’environnement, c’est ce qui me donne la force et la motivation de continuer.
Quel est votre business model ?
Côté utilisateurs, nous proposons un abonnement mensuel appelé Labels zero qui permet de ne pas payer de frais de livraison, un peu comme l’abonnement prime d’Amazon. À la livraison gratuite, s’ajoutera un système de réductions appelé Geoperks : plus les acheteurs commandent des produits proches de chez eux, plus ils auront de réductions sur leurs achats. Ça permet de motiver à acheter proche de chez soi et les réductions gagnées finissent par rentabiliser l’abonnement Labels zero.
Côté commerçants nous prélevons des frais transactions qui varient selon l’industrie et le type de produits. Et il y a également des abonnements pour les vendeurs, mais ils ne sont redevables de l'abonnement qu’à partir du moment où ils génèrent au moins un bénéfice deux fois supérieur au montant de leur abonnement. Pour eux, Labels est un canal de vente supplémentaire facile à intégrer.
Pour la livraison, nous utilisons le service Insta delivery permettant de livrer aux clients berlinois sans émission. Simple mais plus efficace que les grandes sociétés de logistique type DHL lorsque l’on fait de la livraison de proximité. Cela permet d’éviter de passer par les centres de distribution de ces grandes plateformes situés à l’extérieur des villes. Nous nous concentrerons sur de la livraison à vélo pour le moment, puis dans un futur plus ou moins proche, pourquoi ne pas passer le relais à des robots de livraison. Déjà utilisés aux États-Unis, ces petits robots électriques sont complétement autonomes et utilisent les pistes cyclables pour se déplacer.
Quelles sont les prochaines étapes du projet ?
Le lancement live imminent bien entendu, courant mai. Et toute la communication qu’il y a autour. On est en train de réaliser des portraits des commerçants et créateurs qui sont sur la plateforme. C’est important de connaître l’histoire de ces personnes, de savoir comment ont été conçus et pensés les produits ou services que l’on va proposer. Vous pouvez les retrouver sur notre page Instagram.
A plus long terme, l’idée serait de se développer dans les autres grandes villes. L’application peut tout à fait proposer dès aujourd’hui des produits d’autres villes ou pays, mais la livraison instantanée ne sera pas possible dès le début.
Le mot de la fin ?
Labels fait partie d’un véritable mouvement pour mettre fin aux dérives du e-commerce et à son impact sur l’environnement et la société. Il est important d’être conscient de la chaîne de production qu’il peut y avoir derrière les produits qu’on consomme.
Aujourd’hui tout se fait sur internet et en ligne, donc il faut s’adapter et faire découvrir la richesse de sa ville par ce type de plateforme. Je pars du principe simple que je n’aimerais pas vivre dans une ville sans commerçants et créateurs locaux.
Donc, le mot de la fin s’adresse à tous les créateurs et commerçants qui participent déjà à ce mouvement à leur échelle : rejoignez la famille Labels et aidez-nous à changer la manière dont on consomme dans les grandes villes !
Retrouvez l'actualité de Labels sur le site internet et la page Instagram de l'application.