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Olivia Mary - Hors de question que nos parcs deviennent des poubelles

Une poubelle dans un parc à Berlin avec des déchets par terre Une poubelle dans un parc à Berlin avec des déchets par terre
Écrit par Emma Granier
Publié le 2 avril 2021, mis à jour le 3 avril 2021

Avec l’initiative We keep our parks clean, Olivia Mary a bien l’intention d’améliorer la propreté des espaces verts berlinois et pas seulement.

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Après un début de carrière aux États-Unis dans l’hôtellerie, j’ai déménagé à Berlin pour le travail il y a bientôt quatre ans. C’était une ville qui me plaisait pour la richesse de la vie musicale mais je ne pensais pas y rester longtemps. J’étais venue plus pour découvrir et finalement ça fait déjà presque quatre ans que je suis là !

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’initiative We keep our parks clean ?

Berlin est une ville géniale en ce qu’elle nous permet d’aller facilement nous aérer dans des parcs et des forêts - ce qui est d’autant plus agréable lors qu’on est propriétaire de chien. C’est deux dernières années cependant, le plaisir de se promener dans la verdure laisse place à un triste constat : la propreté de ces espaces verts se dégrade et cela ne fait qu’augmenter depuis le début de la pandémie. Il est difficile de se balader dans un parc aujourd’hui sans que votre chien commence à manger des emballages et autres détritus qui traînent un peu partout. Avec l’arrivée des premières belles journées, j’ai réalisé que ce constat n’allait que s’empirer. Les restaurants sont toujours fermés et beaucoup de gens achètent à emporter pour venir déjeuner ou dîner à l’extérieur.

Soit on continue à se plaindre et on ne va plus dans les parcs, soit on fait quelque chose.

Pour moi, il est hors de question que les parcs deviennent des poubelles. Donc il fallait agir. Soit on continue à se plaindre et on ne va plus dans les parcs, soit on fait quelque chose. J’ai donc créé le groupe We keep our parks clean sur Facebook et ça marche très bien ! Il y a déjà plusieurs groupes dans ce but à Berlin mais la régularité des événements et l’implication des membres n’est pas la même. Avec We keep our parks clean, le but est d’avoir un groupe dans chaque parc ou du moins chaque quartier de la ville. Et, à terme, en plus du ramassage d’ordures, l’idée de faire de la sensibilisation avec des groupes qui iraient à la rencontre des passants pour que chacun se rende compte de l’impact que nos déchets ont sur l'environnement. Le but c’est vraiment que les gens le fassent spontanément lorsqu’ils sont en balade. C’est l’idée que j’ai derrière ce projet.

Ce n’est pas simplement une bataille pour les parcs, mais pour tout l’environnement

Il y a bien sûr tout un contexte derrière cette démarche. Il ne faut pas oublier que dans la plupart des cas, les ordures que l’on voit dans les parcs, si elles ne sont pas ramassées, vont finir dans l’eau des égouts, des rivières et potentiellement dans les océans pour que nous les retrouvions en fin de course dans les poissons que nous mangeons. C’est un vrai cercle vicieux. Ce n’est pas simplement une bataille pour les parcs, mais pour tout l’environnement. J’aimerais que le projet pousse les gens à réaliser que la planète n’est pas dans une bonne situation. Jeter une bouteille en plastique dans un parc, en ville, ce n’est pas un geste anodin et cela a des conséquences pour la planète ainsi que pour les êtres humains.

Participants de Keep our parks clean avec des sacs remplis de détritus

 

Comment se passe une séance d’intervention habituelle ?

J’ai commencé à faire l’annonce de ce projet sur un groupe Facebook de francophones à Berlin (les Berlineuses). Il y avait donc beaucoup de femmes françaises dans les premiers temps puis une amie à partager l'information dans un groupe plus international et on commence à avoir des groupes multiculturels. Toutes les semaines je poste un événement principal auquel les gens s’enregistrent s’ils sont disponibles et motivés. Et je me charge de fournir du matériel pour le ramassage. Depuis l’épidémie, les aides municipales pour la fourniture de matériel sont suspendues donc il a fallu trouver d’autres solutions. Après avoir fait un premier investissement personnel pour les premières sessions, j’ai d’abord lancé un financement participatif sur GoFundMe puis le groupe a remporté le concours Starthilfe für alle à la radio Berliner Rundfunk le mois dernier avec un prix de 1000 euros à la clé. Financièrement, cela nous aide énormément dans les premiers temps et avant de trouver des sponsors.

En un mois, on est déjà 1000 personnes et les gens sont là tous les week-ends

A côté de ça, j’encourage les gens d’autres quartiers à créer leurs propres événements. Ça m’a permis de rencontrer des personnes formidables que je considère aujourd’hui comme des amis. Il y a par exemple Elena qui est une coordinatrice à Wedding et Nina à Prenzlauer Berg. Je leur fournis le matériel en amont et elles organisent elles-mêmes les groupes de ramassage dans leurs quartiers durant les week-ends. C’est génial que des groupes se créent sans que je sois présente et dans des parties différentes de la ville. La semaine dernière par exemple, on avait un groupe à Tiergarten, un à Wedding et un autre à Prenzlauer Berg. J’aimerais que ce soit comme ça dans tous les quartiers de la ville et que tout le monde s’y mette. On a des retours de passants nous exprimant beaucoup de gratitude. On nous demande si on est payé pour faire ça et le fait que ce soit une initiative bénévole surprend beaucoup. Ça fait plaisir que les gens apprécient et surtout qu’ils souhaitent participer en retour. En un mois, on est déjà 1000 personnes et les gens sont là tous les week-ends. Il y a un espoir pour la planète quand même ! Le succès de l’initiative montre que l’envie est là.

 

Mauerpark à Berlin vue sur la Fernsehturm et détritus en premier plan

 

Quels sont vos projets à venir et comment suivre votre actualité ?

Justement, l’un des projets permettra de suivre notre actualité. Il s’agit d’un site internet en plusieurs langues, français et allemand évidemment. Cela nous permettra j’espère de rentrer en contact avec des sponsors. Nous allons également faire les démarches administratives pour nous enregistrer en tant qu’association à but non lucratif.

Je compte également développer une identité visuelle afin que nous ayons un logo et des t-shirts qui attirent l’œil des passants dans les parcs. Un autre projet qui me tient à cœur serait de développer des workshops dans les écoles et de faire des groupes de la sensibilisation dans les parcs.

 

Le mot de la fin ?

Que les gens arrêtent de jeter, qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement un problème d’ordures sur le sol mais que cela a des conséquences à l’échelle globale. On ne fait pas assez bruit à ce sujet-là. Le but c’est de changer ça, c’est ambitieux mais ça en vaut la peine !

 

Emma Granier
Publié le 2 avril 2021, mis à jour le 3 avril 2021

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