Ces dernières semaines, Frédéric Petit enchaîne les rencontres avec les Français d’Allemagne. Il était au Centre Français de Berlin pour une réunion publique le 3 novembre dernier, à Munich ce mercredi 17 novembre et à Nuremberg ce jeudi 18 novembre.
Nous revenons avec lui sur le bilan de son mandat, les thématiques franco-allemandes et les axes de développement de ses actions pour les mois à venir.
Qu’avez-vous retenu de la réunion publique ayant eu lieu à Berlin ce mois-ci ?
C’était une belle réunion de reprise. Elle a redonné le moral à tout le monde. Ces rencontres sont l’occasion notamment de faire le bilan de la mandature. Alors que nous nous dirigeons vers une campagne présidentielle très émotionnelle, j’essaie d’introduire un peu de rationalité dans nos échanges. Je suis très fier d’appartenir à une majorité dont le bilan est très largement positif. Malgré la crise liée au Covid-19, nous recréons des emplois en France : au 2ème trimestre de cette année, ce sont près de 300.000 nouveaux postes qui ont été créés dont 30.000 dans l'industrie. Le nombre d’enseignants dans les petites classes a doublé. Nous avons adopté des textes très importants tels que la loi sur l'apprentissage ou encore la loi de programmation sur l'aide publique au développement qui permet de lutter contre les inégalités dans le monde.
Ces réunions sont aussi l’occasion de rendre compte à mes concitoyens de mon activité au sein de la circonscription : affaires consulaires, lycées français, coopération franco-allemande, Europe... Actuellement, c’est la situation à la frontière polonaise qui me préoccupe beaucoup. Je suis très engagé dans le soutien à l’opposition bélarusse qui mène un combat âpre pour la liberté et la démocratie au Bélarus. Je suis également très attaché à faire comprendre à mes compatriotes que ce qui se joue aux frontières extérieures de l’Europe, et particulièrement au niveau de cette frontière, est déterminant pour l’avenir de notre Union.
Comment voyez-vous les élections à venir ?
J'essaie d'inviter les gens à faire une campagne de raison, à ne pas rabaisser le débat à des querelles de bac à sable ou verser dans des théories nauséabondes. J’aime assez l’expression du président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, Patrick Mignola, qui parle de « déchéance de rationalité » concernant les débats de pré-campagne. Il y a souvent beaucoup d’illogisme dans le raisonnement de nos adversaires. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir un parti voter blanc à l’Assemblée nationale et noir au Sénat, ou l'inverse. Donc, j'encourage les citoyens à faire appel à leur raison. Cela correspond à ce que j’ai essayé de faire durant tout mon mandat.
J'essaie d'inviter les gens à faire une campagne de raison, à ne pas rabaisser le débat à des querelles de bac à sable
L’un des sujets auquel je suis très attentif en revanche, c’est la question du vote par correspondance ou par voie électronique. Je souhaite que cette disposition soit mise en place pour les Français établis à l'étranger lors des prochaines élections et je travaille activement à convaincre le gouvernement de cette nécessité.
Parlez-nous des actions menées pendant ce mandat.
L’une de mes priorités durant ce mandat a été d’aller à la rencontre de mes concitoyens, dans toute la circonscription. J’ai énormément circulé dans ce « cœur de l’Europe », comme j’appelle ma circonscription, à tel point que certains me qualifient de « député pèlerin ». Ces discussions sont importantes et enrichissantes parce qu’elles permettent de rencontrer non seulement des personnes qui vous soutiennent mais aussi des opposants et de susciter un débat constructif. Je pense que ce qui est nécessaire à la démocratie c'est l'agitation citoyenne. Les citoyens doivent pouvoir se parler, même s'ils ne sont pas d'accord.
Depuis le début de mon mandat, j’ai instauré le principe des « rencontres citoyennes » ou « séminaires citoyens », avec un thème précis chaque année. Le format de ces rencontres est différent de celui des réunions publiques parce que je ne suis pas le seul maître du jeu. On ne vient pas « écouter » le député mais on vient « travailler et réfléchir » avec lui sur un thème précis. Dans ces réunions, il y a toujours un intervenant extérieur qui apporte un éclairage sur son domaine d’expertise. Le premier thème était le budget de l’État et nous avions demandé à un professeur d’université fiscaliste de venir nous éclairer sur la législation des finances françaises qui est très originale et que peu de personnes connaissent vraiment.
La deuxième année, nous avons organisé des consultations citoyennes franco-locales. Il s’agissait d’appréhender le rôle des institutions européennes en faisant intervenir les élus locaux. J’étais impressionné de voir que nous avions à chaque rencontre au moins 80 % de bilingues dans l’assistance. On a pu avoir des discussions en deux langues à chaque fois. C’était très riche et très intéressant.
La troisième année, nous avons abordé le thème de la transition écologique avec des élèves de terminales de lycées français à l’étranger. Ils préparaient alors les manifestations Friday for Future et il y a eu des moments très forts. A Bucarest, par exemple, je me souviens de deux jeunes filles très impliquées dans le mouvement Friday for Future. En face d’elles, dans la salle, il y avait les représentants locaux d’Areva et de Peugeot. C’était un moment fort, une vraie discussion. Pour cette série de rencontres, nous avions fait appel à un modérateur neutre, le youtubeur Marc de Boni (Et tout le monde s’en fout).
Hélas, la pandémie a mis un terme à ces rencontres physiques. Nous avons alors dû mettre en place des conférences digitales, au rythme d’une par mois, pour continuer à échanger et réfléchir ensemble sur les enjeux cruciaux de notre monde.
Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur dans les mois à venir ?
Mon engagement reste entier auprès de mes concitoyens de la 7ème circonscription. C’est pourquoi, depuis deux ans, je me bats notamment pour introduire une nouvelle notion en droit fiscal, celle de « résidence de repli », pour les Français établis à l’étranger afin qu’ils ne soient plus pénalisés par les règles en vigueur actuellement. Dans le droit français, il n’existe que deux types de résidence : la résidence principale ou la résidence secondaire. Or, pour beaucoup de résidents français à l’étranger, cette résidence dite « secondaire » est plutôt une résidence principale bis. Elle leur permet de maintenir un lien fort avec leur pays, leur territoire d’origine. Aujourd’hui, ce statut de « résidence principale bis » est attribué par décision municipale et selon des conditions strictes : être enregistré sur les listes consulaires des Français de l'étranger et n’avoir qu’une seule résidence de repli par foyer, par exemple. Je veux rappeler ainsi que même à l’étranger, nous restons des citoyens français.
Même à l’étranger, nous restons des citoyens français.
Deux autres sujets me préoccupent en ce moment : la situation au Bélarus et la flambée des prix de l’énergie. La crise des réfugiés à la frontière polonaise ne fait que commencer et un dictateur au Bélarus menace aujourd’hui toute l’Europe. Nous devons donc organiser la réponse de l’Europe à ce nouveau défi aux frontières extérieures de l’Union. Par ailleurs, nos pays sont confrontés à l’heure actuelle à un renchérissement des prix de l’énergie qui risque de peser très lourd dans le budget des États. Il nous faut trouver des solutions pour sécuriser nos approvisionnements et réguler les prix. Je crois, pour ma part, beaucoup à une coopération franco-allemande renforcée dans ce domaine. Ces deux sujets seront au centre des prochaines conférences citoyennes digitales que j’organiserai dans les prochaines semaines avec mon équipe.
Quelques mots sur le franco-allemand pour terminer ?
Ce volet de mon mandat a été extrêmement central et stimulant et nous avons fait des progrès sensibles dans ce domaine depuis le début de ce quinquennat. Je suis membre de l'Assemblée parlementaire franco-allemande, créée suite au traité d’Aix-la-Chapelle en 2019. Les relations franco-allemandes sont évidemment une priorité pour moi. Ce qui a été réalisé est assez extraordinaire et original, à savoir que l’on ne parle plus strictement de « franco-allemand » mais que chacun d’entre nous a pris conscience de l’implication des décisions franco-allemandes sur l’ensemble de l’Europe.
Aujourd’hui, le franco-allemand redémarre, il est profondément ancré dans nos fonctionnements, dynamique et discret à la fois. Le mois dernier, je me suis rendu par exemple au congrès de la Fédération des associations franco-allemandes à Saint-Brieuc. Deux nouveaux lycées franco-allemands ouvrent leurs portes, à Hambourg et à Strasbourg. On parle également d’un projet de lycée en Occitanie. Durant ce mandat, nous avons beaucoup travaillé sur le transfrontalier et l'organisation formelle du transfrontalier avec la région Grand-Est et le comité transfrontalier. Le Système de Combat Aérien du Future (SCAF) et les grands projets de défense européens font également partie des sujets importants que nous débattons au sein de l’APFA.
Nous sommes sortis du franco-allemand subi ou honteux.
C’est un mouvement irréversible, un point marquant de ce mandat. Nous sommes sortis du franco-allemand subi ou honteux. Contrairement à l'analyse faite en France qui veut qu’Emmanuel Macron ait fini par convaincre Angela Merkel, je pense que l'histoire n'est pas celle-là. La réalité, c’est qu’il y a eu un travail patient de deux ans qui a permis de définir comment coopérer et agir ensemble tout en restant fidèle à son propre pays, à sa propre identité. Et, de ce point de vue, la pandémie a eu un effet salutaire. Ce qui était dans l'air hier est devenu évident aujourd’hui : hors de la coopération, point de salut.
Pour recevoir gratuitement notre newsletter du lundi au vendredi, inscrivez-vous !