L’Allemagne avait prévu d’arrêter l’exploitation de ses trois dernières centrales nucléaires fin 2022. En raison du conflit en Ukraine, le chancelier allemand a annoncé aujourd’hui trouver pertinent de prolonger l’utilisation de l’énergie nucléaire dans le pays.
Trois centrales nucléaires en activité en Allemagne
Trois centrales sont encore en activité en Bavière, en Basse Saxe et dans le Bade-Wurtemberg, et fournissent environ 6% de l’électricité utilisée dans le pays. Un potentiel maintien du nucléaire divise la coalition du gouvernement fédéral, le SPD, parti du chancelier, est sur la réserve, les Verts se disent sceptiques et la CDU, parti d’opposition, se prononce en faveur. Mais, ce mercredi 3 août, Olaf Scholz a jugé "pertinent" de maintenir l'exploitation de ces trois centrales face à la crise énergitique qui se dessine à l'horizon.
Ces propos sont en lien direct avec la raréfaction des livraisons du gaz russe vers l’Allemagne : depuis le 26 juillet, la Russie a diminué ses livraisons en gaz de 20% en prétextant une turbine défaillante. Les conséquences de la guerre en Ukraine sont palpables à différents niveaux : le taux d’inflation est très élevé et touche avant tout les denrées alimentaires. Si le taux d’inflation moyen à Berlin est de 7,7%, le prix de la farine de blé a augmenté dans la capitale de 82,7 % par rapport à l’année dernière.
L'Allemagne s'organise face une possible crise énergitique
L’Allemagne étant fortement dépendante des importations de gaz russe pour faire fonctionner son économie, certaines villes ont pris des mesures inédites pour économiser l'énergie : certains monuments historiques de Berlin ne sont plus éclairés la nuit et Hanovre a restreint l’usage d’eau chaude dans les infrastructures publiques.
Le premier objectif reste d’économiser le gaz déjà présent dans les réservoirs pour éviter une pénurie, en ciblant les infrastructures jugées secondaires. Les ménages privés, les hôpitaux et les institutions sociales font partie de ce que l'on appelle les « consommateurs protégés », et ne devraient pas connaitre de rupture d’approvisionnement.
Un effort conjoint avec l'Union européenne et la France
Mercredi 26 juillet, les pays membres de l’Union européenne se sont réunis pour mettre en place un plan d’urgence afin de limiter immédiatement leur consommation de gaz. L’accord conclu prévoit de réduire volontairement la consommation nationale de 15 pour cent entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023.
La France a également proposé de fournir du gaz à Allemagne prochainement : le ministère de l'Énergie à Paris a expliqué mercredi dernier vouloir "aider nos partenaires européens et [être] prêts à fournir du gaz à l'Allemagne s'il y a une demande de solidarité".
La décision de maintenir ou non le nucléaire sera tranchée dans les prochaines semaines, de nouvelles expertises sur la question sont en cours.
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