Originaire de Lyon, puis parisien pendant 15 ans, Florent vit à Berlin depuis 6 ans. D’abord libraire, puis concepteur rédacteur, directeur de création, et enfin directeur de marque, Florent est un conteur d’histoires. Aujourd’hui, il partage la sienne, de son premier aperçu de la ville jusqu’à son aventure entrepreneuriale, puisqu’il vient tout juste de lancer avec son associée en France une marque destinée à la communauté LGBTQA+ et à ses allié.e.s.
Premier contact avec la capitale, “Arm, aber sexy”
Lorsque Florent découvre Berlin, la ville est encore fidèle à sa réputation, pauvre mais sexy. Il est frappé par le calme, la faible densité, la place faite aux espaces verts, les traces du passé omniprésentes, les magnifiques bâtiments, mi-squat mi-palais, comme le Tacheles qui n’avait pas encore été détruit, la surface des appartements, et les prix tellement bas (ah, la belle époque, où 50m2 dans du neuf en bordure de Mauerpark coûtait 100 000€).
Berlin n’a pas la beauté immédiate de Paris, au sens d’esthétique, de cohérence patrimoniale. Pourtant, je trouve cette juxtaposition d’époque, d’architecture, tellement plus vivante, tellement plus … belle, finalement.
Le charme de Berlin opère. Alors freelance, Florent commence à échanger sur Craiglist son 16m2 parisien, qu’il troque contre des “palaces”. Quelques mois à chaque fois, cela lui permet de conforter son coup de cœur initial et de découvrir les différents aspects, et quartiers, de la capitale. Sa décision est prise: un jour, il vivra ici. À temps plein.
L’idée reste dans un coin de sa tête, et quelques années plus tard, les étoiles s’alignent, et Florent s’installe à Berlin.
Vivre à Berlin : une vraie envie d’intégration
À la différence de beaucoup d’expatriés, Florent est catégorique: il veut complètement s’intégrer. Et pour lui, cela commence par la maîtrise de la langue, dont il ne parle pas un mot. Il ne va pas falloir faire les choses à moitié.
Pendant 9 mois, il s’impose un rythme intensif. Il s’enferme dans une bulle germanophone: tandems, 10h de cours par semaine, podcasts, BDs en allemand comme “Tim und Strupi” (Tintin, donc), plus un magazine d’apprentissage.
“J’avais toujours détesté les langues à l’école, je me croyais nul, et j’ai compris que c’était simplement une question d’envie — et aussi d’une approche différente du système éducatif français. Je me suis rendu compte que j’étais plus que capable !”
Petit à petit, Florent passe de moments de panique à la caisse quand on lui demande sa carte de fidélité ou s’il veut le ticket, à des conversations fluides, et finit même par travailler en allemand ! Prochaine étape? La nationalité allemande, pour pouvoir participer davantage à la vie civique.
Est-ce qu’il se sent complètement intégré aujourd’hui ? Florent répond qu’il se sent chez lui. Encore mieux !
Un mode de vie berlinois, en quête de simplicité et d’harmonie
À Berlin, Florent s’imprègne complètement de la ville, pas uniquement de sa langue. Il devient végétarien – après un détour par le véganisme, abandonné pour “le fromage, quand même” – et découvre à quel point l’approche fonctionnelle des Allemands vis-à-vis de la nourriture lui convient. Ici, pas de pression sociale à table : on peut arriver avec son plat végétarien chez quelqu’un sans problème. Alors qu’en France, refuser un rôti peut déclencher un drame familial.
Florent adopte certaines habitudes culinaires : les Kaffee Kuchen, les olives grillées, l’Abendbrot (considérer que n’importe quoi tartiné sur du pain, c’est un repas, c’est franchement déculpabilisant), et il a même arrêté de penser que le Weinschorle, c’était une hérésie.
Il réalise même un rêve de longue date : un Kleingarten ! Une expérience plus mitigée, qui contraste avec la liberté absolue de la ville. Alors qu’il imaginait des îlots de biodiversité, Florent se heurte à la rigidité allemande, et découvre des espaces où le contrôle règne.
“Les Kleingarten, c’est globalement des retraités mais qui taillent, tondent, font la chasse aux limaces, obsédés par le fait que leur jardin semble tout aussi “net” que celui du voisin.”
Et puis, il y a les longues balades. Avec son chien, adopté ici dans un refuge, Florent parcourt les parcs et espaces verts de la ville, et les fameux 10 000 pas quotidiens sont devenus sa norme. C’est aussi ça Berlin, pour lui : une proximité unique avec la nature, et l’accessibilité des forêts, lacs, ou même des rives de la Spree.
Et l’hiver à Berlin ? C’est la saison préférée de Florent ! Il aime les journées froides, la magnifique lumière du nord, et aussi la tristesse et la nostalgie - les traces de la mémoire et des horreurs, très visibles en cette saison, un rappel pour éviter l’oubli.
C’est en hiver que s’est déroulée sa meilleure expérience berlinoise, rare et unique : marcher sur un lac gelé. Pour lui, c’est tellement emblématique de Berlin : brut, avec une approche libertarienne absolue.
Même s’il regarde moins la ville avec des lunettes roses – son référentiel a évolué, et aussi, les Français aiment râler– et voit les défauts plus clairement, Florent ne voudrait vivre ailleurs pour rien au monde.
Berlin, un espace de liberté qui autorise à être soi
Berlin a offert à Florent bien plus qu’un changement de décor, en lui permettant de repenser son rapport à lui-même, mais aussi aux autres.
La froideur et la distance, qui peuvent être un poids pour certains, voire confiner à l’impolitesse pour d’autres, lui conviennent bien. Ici, on est plus tranquille, il y a moins de jugement. Et ça, c’est un sacré espace de liberté.
“J’ai passé l’essentiel de ma vie à ne pas montrer ou revendiquer. Berlin a changé mon rapport à ma sexualité, que j’ai enfin pleinement acceptée.”
Issu d’une génération où être gay était accepté tant que ça ne se voyait pas trop, Florent reconnaît avoir longtemps intériorisé cette injonction. À Berlin, il s’est progressivement libéré de cette pression. Être moins regardé, et aussi être entouré de gens plus libres, plus ouvertement eux-mêmes, cela permet de vivre son homosexualité de manière moins restreinte et moins culpabilisante.
Cette ouverture ne s’arrête pas à son rapport personnel à la sexualité. Avant Berlin, Florent admet qu’il portait parfois un regard critique sur certaines sous-communautés LGBTQIA+. La ville, avec sa diversité d’expressions, l’a aidé à devenir plus tolérant.
Ce changement s’est aussi reflété dans son rapport aux autres en général. Apprendre l’allemand l’a obligé à accepter de se sentir “bête”, et a redéfini le lien qu’il faisait entre intelligence et manière de s'exprimer. Se retrouver limité dans sa maîtrise d’une langue, vulnérable, lui a appris à valoriser d’autres qualités, et à être plus humble et compréhensif.
Ce n’est pas seulement une langue ou un style de vie que Florent a adopté à Berlin : c’est une nouvelle acceptation. De lui, et des autres.
OUT NOW!, une marque pour célébrer la fierté et faciliter les rencontres
Si Berlin lui a offert une liberté nouvelle et un espace pour s’accepter pleinement, Florent a aussi été confronté à quelques chocs culturels, notamment dans le domaine des rencontres amoureuses. S’il avoue volontiers ne jamais avoir été très fort pour ça, Berlin n’a pas vraiment arrangé les choses.
“Entre des conversations qui s’éternisent et semblent ne mener nulle part, ou des photos de Prince Albert (rien à voir avec l'aristocratie anglaise…) envoyées directement en guise de bonjour, j’étais paumé.”
D’abord, la langue : difficile de jouer avec les mots ou de lire entre les lignes. Ensuite, l’approche est très différente, et souvent cryptique. Florent ressent un mélange de fatigue, d'incompréhension et de limitations personnelles. Mais au lieu de laisser sa frustration prendre le dessus, il la transforme en créativité… et donne naissance à OUT NOW!
OUT NOW!, c’est une marque qui détourne avec humour les codes visuels et culturels des apps pour les transposer dans la vraie vie, et jouer le rôle de facilitateurs de rencontres (icebreakers, dans la langue de Shakespeare). Sous forme de clin d'œil, et avec subtilité.
Ce projet, c’est un prolongement de la liberté que Florent a trouvée à Berlin. À travers OUT NOW!, il célèbre la culture populaire gay et la communauté LGBTQIA+, y compris dans son côté démonstratif, ludique et visible, tout ce qu’il n’aurait jamais osé revendiquer plus jeune. À 43 ans, il embrasse pleinement cette fierté, et l’idée de créer un espace où les codes et les symboles parlent à ceux qui savent.
A la surprise de Florent, cette première collection attire un public plus large que prévu, notamment féminin. Cela résonne avec ce qu’il souhaite pour le futur de la marque : une ouverture vers d’autres membres de la communauté LGBTQIA+ et leurs allié.e.s.
Chaque t-shirt est conçu avec un soin particulier, fidèle à l’amour de Florent pour les produits durables et de qualité. Fabriqués en coton bio, brodés par Tarek avec beaucoup de passion dans un petit atelier à Avignon, les pièces incarnent son souci du détail : des finitions impeccables, et un blanc éclatant qui ne jaunit pas avec les lavages. Petit plus : le patch est retiré à la fin de la broderie. Rien au verso qui gratte !
D'autres collections suivront, toujours imaginées avec le même soin, pour célébrer l'affirmation de soi et créer des liens.
Retrouvez OUT NOW! sur son site Internet, son compte Instagram, et aussi dans la vraie vie au QWEER X-MAS MARKET à l’Hotel Berlin les 7 et 8 décembre !
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