GALERIE - A Berlin Mitte, une question de Bon Goût

Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Depuis 5 ans, le duo artistique franco-suédois Bon Goût s'est installé à Berlin. Désormais ce "label"sérigraphique a un lieu d'exposition sur la Torstrasse, où se côtoient toute la palette des arts graphiques, des affiches de concert aux livres d'art. Rencontre avec Meeloo Gfeller, à l'origine du projet

Du Bon Goût à Berlin (Photo LPJ)

Depuis février, la Torstrasse compte une nouvelle galerie : le Show Room Bon Goût. Un lieu où se mêle les arts graphiques et le design, la culture rock underground et les influences comics. L'endroit accueille actuellement sa deuxième exposition, un travail collectif d'artistes ayant participé à la revue Mollusk. Aux manettes : Meeloo Gfeller et Anna Hellsgärd, un couple franco-suédois installé depuis 5 ans à Berlin.
Avant d'être une galerie, Bon Goût est avant tout une aventure artistique et sérigraphique de treize ans menée à bout de bras tatoués par Meeloo. En 1995, il fait ses études à Strasbourg, aux Arts Déco, y apprend l'art de la sérigraphie et ouvre immédiatement un atelier à Kehl, de l'autre côté du Rhin, en Allemagne, d'où sortiront les premiers livres artistiques Bon Goût. Après un court crochet par Bordeaux, l'artiste est revenu à Berlin avec Anna, rencontrée la veille du 11 septembre 2001. Revenu ? "Mon père était militaire. Ma famille s'est installée à Berlin en 1979. Quand je me suis mis à fréquenter des punks et à avoir des cheveux verts, mon père m'a envoyé à Strasbourg passer mon bac".

Vive l'étranger, vive Berlin
Définitivement à l'aise dans le Nord de l'Europe -"Bordeaux, c'était trop au Sud pour moi"- Meeloo a installé son atelier dans un ancien "Sonnenstudio" de Friedrichshain. Le couple y produit des livres sérigraphiés, en édition limitée. Le 99e est sorti à l'occasion de la première exposition du nouveau Show Room. "Cette galerie, c'est un aboutissement. Berlin est la seule ville où on pouvait se le permettre. A Paris ou à Londres, cela aurait été impossible pour des raisons financières".
Sur 150 m2 la galerie s'ouvre sur deux pièces claires et consacre une partie de l'espace aux productions Bon Goût : des tee-shirts, des livres, des affiches. Ouvrir un lieu sur la Torstrasse, l'une des rues de Mitte les plus estampillées art contemporain, n'a pas été un hasard. "On a la prétention de se situer au milieu des autres galeries, même si on ne fait pas vraiment le même travail. Lors du vernissage, beaucoup de galeristes voisins sont venus. Il y avait plus de monde que lors de nos propres expos à Berlin !"
Très bien accueilli aux Etats-Unis (leurs livres font désormais partie du catalogue du Moma à New York), c'est peut-être en France que leur travail reste encore le plus underground. "En 13 ans, on n'a jamais exposé à Paris. Pour nous, ça marche mieux à l'étranger. Et puis Berlin a cette image culturelle très glamour. On surfe un peu sur cette mode".
Stéphanie PICHON. (www.lepetitjournal.com/berlin.html) jeudi 10 avril 2008