Ce nouveau musée, situé au cœur de Berlin, est entièrement tourné vers la dualité Est - Ouest durant la guerre froide. Entre casque de réalité virtuelle et vestige du passé, visite de ce musée pas comme les autres.
Quelle ville est plus symbolique que Berlin pour évoquer la guerre froide ? De la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe aux prémices de la chute de l’URSS en passant par la construction du mur de Berlin, elle aura été au cœur du conflit géopolitique opposant l’Est et l’Ouest. Une dualité sur laquelle le musée se concentre, autour du slogan : “Expérimentez les deux côtés de la même histoire”.
Dualité de l'histoire
Dès l’entrée, on est vite marqué par l’ambiance “guerre froide” du musée. En effet, ici pas de parquet ciré, de mur blanc immaculé et des vigiles en costume. Non c’est plutôt béton, street-art et spots de lumière colorés, dans une ambiance immersive et finalement très... berlinoise. Les références aux petites et grandes histoires de la guerre froide se côtoient ainsi sur les murs : Kennedy, Conrad Schumann ou encore la course à l’espace, toujours avec une dualité de couleur bleu et rouge.
Le docteur Peter Ridder, historien spécialiste des questions de la guerre froide et conservateur du musée, rappelle l’importance de la création de ce musée à Berlin. En effet, précise-t-il, c’est le seul musée à Berlin qui porte sur la période de la guerre froide à avoir une dimension internationale. Un atout qui permet de ne pas seulement s’intéresser aux conséquences de la guerre froide sur la capitale allemande, mais bien d’exposer aux visiteurs les problématiques mondiales de cette opposition.
Un musée interactif
Ce qui marque également dans ce musée flambant neuf, c’est la multiplication des interfaces et des écrans. En effet l’idée était de créer un espace moderne, donnant l’envie aux jeunes générations de s’intéresser à l’histoire de la guerre froide. Animations vidéo, photos d’archive mais également des QR codes à scanner afin d’obtenir un audioguide à travers le musée. De plus, l’un des clous du musée est la présence de casques de réalité virtuelle qui permettent de revivre l’évasion de Conrad Schumann (premier déserteur est-allemand) sous l'angle du photographe ayant pris le cliché depuis rentré dans l'histoire.
Nous serions ravis que le petit-fils prenne la main de son grand-père pour visiter notre maison et se plonger dans cette époque.
Cette multiplication des technologies est d’autant plus surprenante qu’elles tranchent avec les objets et reliques du siècle passé. Dès l’entrée, les visiteurs pourront apercevoir une fusée originale Dvina S-75, développée par l’URSS dans les années 1950 et toujours en service aujourd’hui. Pour l’anecdote, c’est avec ce missile que l’Union soviétique a abattu un avion espion U2 américain le 1er mai 1960, déclenchant l’une des premières crises diplomatiques majeures de la guerre froide. Les visiteurs pourront admirer entre autres une réplique de la bombe “Fat-man”, tombée sur la ville japonaise de Nagasaki le 9 aout 1945, ou encore la flamme olympique des JO 1972 de Munich, autre événement clé de la guerre froide. Ce ne sont que quelques exemples parmi les reliques d’espionnage, d’aventures spatiales et d’armement qui, combinées à la technologie, racontent la grande histoire de la guerre froide.
Ce mélange des genres, s’il est surprenant, est pourtant revendiqué par le musée, comme le rappelle son fondateur, Carsten Kollmeier : "Nous serions ravis que le petit-fils prenne la main de son grand-père pour visiter notre maison et se plonger dans cette époque". L’idée est donc claire : lier les générations, et sensibiliser les plus jeunes à la guerre froide, que les plus anciens ont vécus. Un musée que la maire de Berlin, Franziska Giffey, est venue inaugurer le 26 novembre dernier.
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