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Allemagne : une situation sanitaire préoccupante

peinture du masquepeinture du masque
© Adam Nieścioruk - Unsplash
Écrit par Guillaume Tarde
Publié le 16 novembre 2021, mis à jour le 16 novembre 2021

Les vagues de l’épidémie de Covid 19 se succèdent et l’Allemagne fait désormais face à une situation sanitaire inquiétante dont la gestion, à l’heure du changement de gouvernement, semble complexe.

 

Une recrudescence des cas de Covid-19 en Allemagne

L’Allemagne est frappée de plein fouet par une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19 et des mesures se font attendre face à l’augmentation des indicateurs.

 

Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le taux d’incidence est passé au-dessus de 300. Cela signifie que pour 100.000 personnes, 319 sont infectées par le virus. Le suivi de l’évolution du Covid-19 en Allemagne montre une envolée des cas avec un record de 50 000 nouvelles contaminations sur 24h (jeudi 11 novembre 2021), portant au-dessus des 5 millions le nombre total de contaminations dans le pays depuis le début de la pandémie. À l’approche de la barre des 100 000 morts, des décisions sont attendues d’autant que le système hospitalier commence à saturer dans certaines parties du territoire.

 

Angela Merkel, encore au pouvoir techniquement, ne semble plus en mesure de prendre de décision radicale mais a appelé à un « effort national pour briser la lourde vague automnale et hivernale de la pandémie ». La chancelière a également invité les « réfractaires » à la vaccination à se joindre à cet effort, car la vaccination semble à l’arrêt. Seulement 67,1 % de la population a reçu les deux doses de vaccin nécessaires à une protection complète, un chiffre loin de l’objectif des 75 %.

 

Quelle réponse politique ?

L’Allemagne semble dos au mur, en dépit des nombreux appels à la vigilance, lancés par les professionnels de santé tout au long de l’été.

 

Pour Susanne Johna, présidente du syndicat des médecins (Marburger Bund), « toutes les alertes ont été ignorées », notamment en période de campagne électorale lorsqu’elle a été qualifiée d'« alarmiste ». « Je n'ai jamais été aussi inquiète de la pandémie qu'aujourd'hui » ajoute-t-elle, anxieuse, comme le Premier ministre saxon Michael Kretschmer (CDU) : « Cette quatrième vague fera plus de victimes, dont plus de morts, que tout ce que nous avons connu auparavant. »

 

Les centres de vaccination pour la troisième dose ont ouvert de nouveau il y a un mois, une réaction jugée trop tardive et trop molle pour Frank Ulrich Montgomery, l'ancien président du Conseil national de l'Ordre des Médecins et président du conseil de l'Association médicale mondiale.

 

Ce manque de fermeté dans les réponses politiques est explicable par un contexte particulier, celui de la transition de gouvernement. Angela Merkel, chancelière sortante, ne peut plus imposer de plan sanitaire quand Olaf Schloz, son successeur, ne peut agir davantage tant qu’il n’est pas en poste. Ce dernier a tout de même pris la parole au Bundestag le 11 novembre dernier, sans briller. Rapidement invectivé sur son silence par Ralph Brinkhaus « Il était temps qu'on vous entende, monsieur Scholz ! ». Le futur chancelier n’a pas convaincu, n’annonçant aucune mesure de restriction et maintenant la fin de l’état d’urgence sanitaire le 25 novembre. Ces décisions ou plutôt non-décisions ne rassurent pas, notamment au sein du corps médical : « Tout cela ne suffira pas à stopper la pandémie », a averti Lothar Wieler, le président de l'Institut Robert Koch. « Nous sommes très loin de la fin de pandémie », a renchéri, Christian Drosten, conseiller personnel de Merkel, prévoyant 100 000 décès supplémentaires si rien n’est fait.

 

Angela Merkel, qui souhaite mettre en place une coopération nationale sur le sujet, rencontrera les dirigeants des Länder allemands dès jeudi 18 novembre. L’objectif est de discuter des sujets comme la dose de rappel, la vaccination obligatoire pour certaines catégories professionnelles, les restrictions à l’encontre des personnes non-vaccinées ou encore le port du masque.

 

À Berlin, des mesures sont déjà en place, comme l’élargissement de la règle 2G qui permet aux personnes vaccinées ou guéries d’accéder à certains lieux. Ainsi, les restaurants, les clubs, théâtres, opéras, les parcs d’attractions, les salles de jeux, les installations sportives, les musées, les coiffeurs et d’autres endroits encore sont ouverts uniquement aux personnes vaccinées ou guéries.

 

La situation en France et ailleurs en Europe

Si la reprise épidémique semble également toucher ses voisins, l’Allemagne fait tout de même figure de mauvais élève.

 

En effet, les indicateurs remontent en France, mais dans des proportions bien inférieures. Le taux d’incidence est trois fois plus faible, atteignant la barre des 100, quand les hospitalisations sur 24h concernent 3 241 personnes (au 15 novembre 2021). La France a déjà mis en place un protocole sanitaire de niveau 2 dans les établissements scolaires, rendant obligatoire le port du masque dans toutes les salles de classe. Par ailleurs, 4 millions de personnes ont reçu une troisième dose de vaccin et près de 75 % de la population a reçu 2 doses.

 

Des décisions fortes ont été prises dans d’autres pays afin de lutter contre cette nouvelle vague épidémique comme aux Pays-Bas. Les bars, les restaurants et les magasins essentiels tels que les supermarchés doivent fermer à 20 h et les magasins non essentiels à 18h. Les habitants sont appelés à limiter à 4 personnes les réunions privées, les manifestations publiques sont supprimées et les matchs de football seront joués à huis clos.

 

Par ailleurs, en Autriche, le chancelier Alexander Schallenberg a annoncé une mesure forte, une première du genre au sein de l’Union européenne : le confinement des personnes non-vaccinées. Cette mesure concerne près de 2 millions de personnes et doit encourager la population à se faire vacciner pour endiguer l’épidémie.

 

 

 

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