

Berlin n'est pas une ville si plate qu'il y paraît. A l'ouest de la capitale, dans le quartier de Grunewald, se trouve le sommet le plus élevé des alentours : Teufelsberg, la "montagne du diable", offre le meilleur panorama sur la ville. Petite visite guidée de ce lieu chargé d'histoire
Berlin en un clin d'?il, c'est finalement possible. Du haut de la montagne, la Fernsehturm et le Corbusierhaus semblent d'un seul coup si proche l'un de l'autre. Dans chaque grande capitale se cache un lieu où la vue y est magnifique et que chacun croit connaitre en secret, à l'instar de Montmartre à Paris et de Gianicolo à Rome, Teufelsberg est l'endroit par excellence où l'on se pose et regarde autour de soi en silence. Le silence s'impose par la beauté du paysage mais également par le passé des lieux qui laissent encore aujourd'hui une atmosphère étrange et mystérieuse.
L'ancienne station radar de Teufelsberg (photo : the waving cat / Flickr)
Table rase
Teufelsberg est bien connu des Berlinois, même si pour une grande partie d'entre eux ils n'y ont jamais mis les pieds. L'explication tient peut-être à l'histoire de cette montagne artificielle, haute de 115 mètres. Sa naissance remonte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la capitale est dévastée et recouverte par les ruines. Près de la moitié des immeubles sont à terre et tout est à reconstruire. Par manque de main-d'?uvre masculine, ce sont alors les "Trümmerfrauen" (femmes des décombres) qui se retroussent les manches, déblayent et reconstruisent la capitale.
C'est l'origine du Teufelsberg. Sous cette montagne se cache une partie des débris berlinois de la Guerre soit près de 15 millions de mètres cube. Le choix d'entreposer ces ruines à l'ouest de Berlin s'est fait naturellement, car c'est justement là qu'Hitler avait fait construire l'université militaire du régime Nazi. Les explosifs ne parvenant pas à venir à bout du complexe universitaire, il est décidé qu'il était plus facile de l'ensevelir, comme pour enterrer un passé que l'on souhaite oublier.
Un nid d'espion
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Une fois le sommet atteint la montagne nous dévoile un bâtiment des plus inhabituels. L'architecture carrée et ronde rappelle celle des châteaux russes, ce qui est bien contradictoire, puisqu'il s'agit d'une base américaine d'espionnage, l'une des plus importantes au monde. Nous sommes alors en plein c?ur de la guerre froide, la tension entre l'Est et l'Ouest est à son paroxysme, le régime de l'Est est sur écoute en permanence.
A la chute du mur cette base d'espionnage n'a plus lieu d'être et se vide progressivement. Les bâtiments ne sont pour autant pas détruits et trônent aujourd'hui encore au sommet du Teufelsberg comme pour rappeler fièrement le lourd passé qui l'entoure. Même si pour les Berlinois cette montagne n'est pas la destination privilégiée pour une promenade dominicale, nombreux sont les randonneurs et touristes à s'y en approcher. Le bâtiment est grillagé car le site est devenu la propriété d'un promoteur immobilier, dont les projets non pas encore aboutis, toutefois des ouvertures ont été faites et il est aisé de s'infiltrer à travers, de s'approcher de la base, d'errer à l'intérieur des locaux abandonnés, de fermer les yeux et de se prendre pour un espion américain. Attention on vous écoute?
Teufelsberg est accessible à pied à partir de la station de S-bahn Grunewald
Amaury Sorin (Lepetitjournal.com - Allemagne) Vendredi 29 octobre 2010






















































