Gisèle Pélicot, survivante et symbole de résistance, incarne une Jeanne d'Arc moderne dans la lutte contre les violences sexuelles, défiant les frontières et les certitudes masculines à travers le procès.
Gisèle Pélicot, ce nom résonnera longtemps dans les mémoires. Avec une prestance digne d’une Emmeline Pankhurst des temps modernes ou la détermination d’une Rosa Parks brûlant de justice, cette femme s’est hissée parmi les grandes figures de l’Histoire. Mais ne vous y trompez pas : son combat n’a rien de glamour. C’est un cri de rage, un hurlement contre un monde qui a trop longtemps offert des boulevards à la violence masculine. Et là, entre les murs austères du tribunal d’Avignon, Gisèle n’est pas seulement une victime : c'est une combattante.
Le procès qui l’oppose à ses bourreaux pour les viols perpétrés dans le paisible village de Mazan dépasse les frontières françaises. En Allemagne, où son visage illumine la couverture de Vogue à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, elle est devenue une icône. Mais que raconte cette fascination allemande pour Gisèle ? Peut-être qu’elle révèle aussi un malaise : et si cette violence désormais qualifiée de « française » n’était en réalité qu’un reflet universel ?
Quand l'Allemagne s’arme pour la troisième guerre mondiale, une guerre de genre...
En Allemagne, Gisèle est devenue l’emblème d’un féminisme transnational. Sur les réseaux sociaux, son apparition sur Vogue Allemagne a suscité une avalanche de réactions. Des hashtags comme #GisèleRevolution ou #KeinVergebenKeineVergessen (« Ni pardon, ni oubli ») ont fleuri. Pourtant, à y regarder de plus près, cette mobilisation révèle une certaine hypocrisie. Pourquoi faut-il attendre une Française sous les flashs des médias pour s’indigner des violences faites aux femmes ? Les 13 000 plaintes allemandes pour agressions sexuelles en 2023 auraient-elles manqué d’héroïnes ? En 2021, plus de 115 000 femmes ont subi des violences conjugales en Allemagne, et 301 d'entre elles ont été assassinées par leur partenaire actuel ou passé, d'après la police fédérale.
Gisèle Pélicot est notre alibi. Elle est la preuve que nous nous soucions de ce fléau. Mais où est notre Gisèle allemande ? Die Zeit
Une tribune de Die Zeit résume bien le paradoxe : « Gisèle Pélicot est notre alibi. Elle est la preuve que nous nous soucions de ce fléau. Mais où est notre Gisèle allemande ? » Une question qui dérange, et c’est tant mieux.
Une violence patriarcale qui ne connaît pas de frontières
Les détails du procès de Mazan donnent la nausée. Une communauté complice, un silence pesant, et des agresseurs qui se drapaient dans une normalité trompeuse. L’onde de choc provoquée par les témoignages de madame Pélicot s’étend bien au-delà des Alpes. En Allemagne, un débat brûlant émerge : les communautés seraient-elles complices de la violence envers les femmes ?
Selon une enquête exclusive du groupe de presse Funke, 33 % des hommes de 18 à 35 ans trouvent "acceptable" de frapper leur partenaire "par accident" lors d'une dispute. Plus choquant encore, 34 % admettent avoir déjà été violents envers des femmes. Le procès a aussi fait des vagues dans le paysage politique. Une députée des Verts allemands a proposé la création d’un fonds européen pour les victimes de violences sexuelles, tandis qu’une pétition réclamant l’introduction d’un « Gisèle Day » en Europe a déjà recueilli 200 000 signatures.
Gisèle, l’arme de destruction massive du silence
Dans cette saga judiciaire, Gisèle Pélicot ne joue pas un rôle de martyre passive. Devant les juges comme devant les caméras, elle est incisive, implacable. « Ce n’est pas du courage », répète-t-elle souvent, « c'est une volonté de ne plus accepter. » Une phrase reprise en boucle dans les journaux et sur les pancartes de manifestations à Berlin ou Hambourg. Ce qui dérange le plus dans cette affaire, c’est l’ombre portée sur les hommes. Car ce procès n’est pas seulement celui des agresseurs de Mazan. C’est celui d’un système entier, bâti sur une indulgence pour les « erreurs » masculines et un mépris pour les douleurs féminines. Un système qui applaudit des femmes fortes, mais ne fait rien pour les protéger avant qu’il ne soit trop tard.
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