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Klaasohm, quand une tradition glorifie la violence envers les femmes

Le 5 décembre à Borkum, des hommes déguisés traquent et frappent des femmes dans le cadre du Klaasohm. Ce rituel controversé, dénoncé par des féministes, relance le débat sur traditions et violences.

Un homme déguisé se jetant dans la foule à la fin des célébrations du Klaasohm en 1999.Un homme déguisé se jetant dans la foule à la fin des célébrations du Klaasohm en 1999.
Fin des célébrations du Klaasohm en 1999 © G.Meyer - Wikimedia CC
Écrit par Clara Giraud des François
Publié le 5 décembre 2024, mis à jour le 6 décembre 2024

En 2024, être une femme reste une lutte. Peur de marcher seule dès la tombée de la nuit. Peur que sa tenue devienne une justification. Peur des regards, des gestes, des hommes, des autres. Encore aujourd'hui, certaines pratiques continuent de glorifier la violence infligée aux femmes. À Borkum, une petite île allemande de la mer du Nord, la tradition du Klaasohm illustre parfaitement une des dérives misogynes. 

Chaque année, dans la nuit du 5 au 6 décembre, cette célébration locale attire touristes et habitants. Sous couvert de folklore, des hommes déguisés en personnages censés être effrayants par leur accoutrement et non par leurs actes, les "Klaasohm", poursuivent les femmes dans les rues, les attrapent, les malmènent et les frappent le plus fort possible sur les fesses à l’aide d’une corne de vache... Bien que l’on parle de "symbolisme", le rituel rappelle cruellement une banalisation historique des violences faites aux femmes. Ce qui amuse certains est insoutenable pour d’autres.

 

 

Pourtant, hier, les choses ont changé. Le président de l'association des garçons de Borkum, qui organise le festival, a annoncé que les femmes ne devraient plus être battues pendant cette célébration.

" Ce que je peux certainement vous assurer, c'est qu'à partir de maintenant, nous ne tolérerons plus la violence contre les femmes"Maxi Rau 

Dans un monde où, selon l’ONU, plus de 736 millions de femmes, soit une sur trois, sont victimes de violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie, ces traditions ne peuvent plus être ignorées. Elles alimentent une culture où la peur et l’humiliation restent gravées dans le quotidien des femmes.

En France, le procès de Gisèle Pélicot, une femme ayant osé dénoncer des années de violences conjugales par soumission chimique, marque une victoire symbolique. Sa voix, comme celles d’autres femmes à travers le monde, brise peu à peu le silence. Mais des progrès restent à faire. 

Sur Borkum, la critique du Klaasohm grandit, portée par des associations féministes et des citoyens indignés. La police, consciente des abus, a promis de revoir l'encadrement de la fête, mais cela suffit-il ? Faut-il attendre un drame pour agir ? 

En 2024, tolérer de telles humiliations est-il encore une option ? Est-il encore inimaginable de censurer de tels actes sous couverts d’une tradition ? Ce n’est pas seulement une affaire de folklore, mais une question de dignité et de respect pour la moitié de l’humanité. 

 

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