L'association bleu, blanc, rose a vu le jour en février 2004 à Berlin. Au départ créée de manière informelle, elle réunit aujourd'hui des Français, Allemands mais aussi des personnes francophiles d'autres nationalités appartenant à la communauté lesbienne, gay, bi-sexuel et transsexuel (LGBT) autour de discussions, de Stammtische et autres évènements. Le président de l'association, et correspondant à Berlin pour Radio France Internationale, Pascal Thibaut nous livre son point de vue sur la situation en France et en Allemagne concernant le mariage pour tous.
Lepetitjournal.com/Berlin - Que pensez-vous des réactions en chaîne qui ont suivi la décision gouvernementale de faire voter la loi pour le mariage des personnes homosexuelles?
Pascal Thibaut - Plus de 10 ans après les discussions sur le Pacs, je ne pensais pas que l'on assisterait de nouveau à ce genre de comportements excessifs. Les propos radicaux qui ont pu être prononcés ne valent pas la peine d'être commentés. Quand on regarde l'Espagne où la religion catholique joue un rôle important, encore plus qu'en France, l'adoption de la loi n'a pas conduit à des manifestations aussi virulentes. Et en Allemagne, cela n'est même pas imaginable. Quant aux pays du nord, ils ont dépassé ce débat depuis bien longtemps.
Peut-on dire que l'Allemagne est plus tolérante à ce sujet que la France ?
Oui. Les Allemands en général font preuve de plus grande ouverture. La communauté LGBT se concentre principalement dans les villes de Berlin et Cologne mais l'ensemble de l'Allemagne démontre une évolution des mentalités. L'exemple le plus récent se trouve en Bavière (une des régions les plus conservatrices et catholiques d'Allemagne ndlr). Michael Adam, un jeune politicien SPD, protestant et homosexuel, vient d'être élu et reconnu président de la circonscription de Regen.
Avez-vous eu vent des réactions allemandes par rapport aux récents évènements en France ?
Il y a eu quelques articles de presse mais ce n'est pas le sujet central en Allemagne en ce moment. Au sein des associations, nous en avons très peu parlé, nous avons juste eu des discussions sur la différence entre les deux statuts : le Pacs et l'eingetragene Partnerschaft.
Justement. Le PACS et l'eingetragene Partnerschaft (contrat de partenariat) sont-ils comparables ?
Quand le Pacs est passé en France, cela a été vu comme novateur en Allemagne, car la législation française proposait autre chose que le modèle dominant. Un statut moins contraignant et moins solennel que le mariage. Mais on s'est rendu compte que le Pacs, ouvert à tous contrairement à l'eingetragene Partnerschaft, était utilisé à 95% par les couples hétérosexuels. En Allemagne, les politiques n'ont pas cherché à tergiverser, ils ont institué un statut spécifique pour les homosexuels, voté en 2001, sans que cela ne conduise à des manifestations !
L'égalité fiscale, avec l'adoption, est la dernière grande différence entre les couples hétérosexuel et homosexuels en Allemagne. La discussion est actuellement en cours, pensez-vous que cette loi sera bientôt votée ?
Sans aucun doute. Si le prochain gouvernement est une coalition rouge-vert (SPD-die Grüne), le texte sera automatiquement voté. Mais même si la majorité reste conservatrice, la cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui est toujours en faveur de l'égalité entre les couples, prendra la décision d'adopter cette loi et le parlement devra obligatoirement aller dans le même sens. Dans ce cas, que ce soit par le biais d'un mariage ou d'un partenariat enregistré officiellement, tous les couples auront les même droits, à part pour l'adoption?
Un mouvement de solidarité pour les défenseurs du mariage d'égalité est-il prévu à Berlin ?
Nous n'avons pas prévu de manifestations. Je pense qu'une pétition serait beaucoup plus efficace qu'un rassemblement devant l'ambassade. C'est encore au stade d'idée, mais elle serait rédigée en français et en allemand, pour être ensuite déposée aux autorités. Cela aurait plus d'impact, notamment médiatiquement.
Anaïs Gontier (www.lepetitjournal.com/Berlin) jeudi 6 novembre 2012
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