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JOURNÉE DE LA FEMME (2) - L’Allemagne au temps du féminisme

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 8 mars 2013, mis à jour le 8 mars 2013

 

En Europe, l'Allemagne n'est pas connue pour être pionnière dans l'histoire du féminisme. Contrairement à la France et l'Angleterre où le sujet de l'émancipation des femmes s'est très vite imposé, porté par quelques figures emblématiques de la Révolution avec par exemple Olympe de Gouges et Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, il a fallu attendre le XIXème siècle pour que les femmes aient voix au chapitre en Allemagne. Retour sur l'histoire méconnue du féminisme allemand

Ce n'est qu'au début du XIXème siècle que quelques voix féministes ont commencé à se faire entendre outre-Rhin. Peu de personnes sont aujourd'hui capables de citer à brûle-pourpoint le nom d'une féministe allemande. Les plus avertis en matière de féminisme allemand citeront Alice Schwarzer, célèbre pour avoir importé dans les années 1970 le féminisme en Allemagne après avoir longtemps vécu en France.

Les premiers balbutiements du féminisme allemand
Pourtant, l'histoire du féminisme allemand et du combat des femmes pour leur émancipation remonte bien avant les années 1970. C'est avec la révolution de 1848 que de premières figures féministes pionnières émergent et qu'un mouvement de revendication des droits des femmes prend peu à peu forme en Allemagne, modelé et remodelé par les différentes idéologies ayant marqué le XIXe siècle : libéralisme, nationalisme, socialisme.

Pour la première fois, des femmes revendiquent le droit à la parole et à l'autonomie, dénonçant entre autres l'interdiction qui les empêche de se réunir et d'échanger entre elles.

Naissance d'un mouvement organisé
Jusque là pourtant, les voix féministes restent éparpillées et ne parviennent pas à se fédérer autour d'un véritable mouvement féministe. C'est en 1865 que tout commence avec la création de l'Association générale des femmes allemandes (AllgemeinenDeutschenFrauenvereins) (ADF) par Louise Otto Peters, l'une des plus célèbres figures féministes allemandes. Helene Lange et Gertrud Bäumer la soutiennent dans son combat. Avec l'ADF, Louise Otto-Peters souhaite avant tout mettre l'accent sur le droit à l'éducation et au travail des femmes. L'égalité politique entre hommes et femmes reste cependant absente de ses revendications.

Du féminisme au socialisme...
Peu à peu, d'autres mouvements voient le jour modelés et remodelés par les idéologies politiques qui traversent le XIXème siècle. Ainsi, un mouvement féministe socialiste émerge avec l'emblématique Clara Zetkin qui réclame l'égalité complète des droits professionnels et sociaux de la femme. C'est elle qui, en 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, propose la création de la « Journée internationale des femmes »,  une journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote et l'égalité entre les sexes. Notre actuel 8 mars !

Une autre association féministe - et pas des moindres - voit le jour en 1894. Il s'agit de l'Union des organisations féministes allemandes (Bund Deutscher Frauenvereine) (BDF) qui rassemble près de 2.500 organisations féministes bourgeoises avec, parmi elles, les féministes Helene von Forster et Helene Lange.  Par opposition aux partis socialistes ayant intégré depuis les années 1890 l'égalité dans leurs revendications politiques, les femmes de la bourgeoisie se rassemblent pour débattre sur la question des femmes et de leur place au sein de la société.

La montée du nazisme et la fin du féminisme
Malgré ces mouvements de plus en plus organisés et ces revendications grandissantes, les succès des féministes allemandes restent minces et sont vite balayés par la Seconde guerre mondiale qui les relègue au rang de mères et épouses. Avec l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, le BDF est dissous et les droits acquis lors de la République de Weimar tels que l'égalité des salaires sont supprimés. Seules quelques femmes résistent et tentent de poursuivre le combat malgré une répression impitoyable. C'est le cas par exemple de Sophie Scholl qui sera exécutée en 1943 avec son frère Hans Scholl après avoir distribué des tracts.

Le renouveau des années 1960
A partir des années 1960, les femmes s'émancipent et cherchent à se défaire de la représentation de la femme héritée du national-socialisme. Oublié le temps des 3 K ; Kinder, Küche et Kirche ; modèle social auquel les femmes se voyaient assignées. Désormais, les femmes tentent de s'émanciper en exerçant une activité professionnelle qui leur permette de s'affirmer au sein de la société.

Aujourd'hui, si la plupart des revendications féministes ont été écoutées, il reste encore beaucoup d'efforts à faire pour que la parité et l'égalité hommes/femmes soit respectée dans tous les domaines. L'Allemagne continue en effet d'avoir un rapport très particulier aux femmes. Fait significatif : elles continuent d'être payées 23% de moins que les hommes et sont moins de 5% à occuper les postes de managers des grandes entreprises allemandes.  Concilier vie professionnelle et vie privée reste en outre extrêmement difficile lorsqu'on sait qu'il est quasiment impossible de trouver une place en crèche pour les moins de 3 ans. Côté politique, les choses bougent lentement elles aussi. La plupart des partis se sont prononcés pour des «quotas» minimum de femmes au sein de leurs instances. Reste à les appliquer...

Laurie Tierce (www.lepetitjournal.com/cologne) Vendredi 8 mars 2013

A relire : Parité : le modèle allemand controversé

A l'occasion de la journée de la femme, à lire également dans les autres éditions allemandes du petitjournal.com :

- Le point sur la situation du deuxième sexe des deux côtés du Rhin sur l'édition de Francfort

- Le portrait d'Ursula von der Leyen sur l'édition de Munich 



lepetitjournal.com Berlin
Publié le 8 mars 2013, mis à jour le 8 mars 2013

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