

Lundi dernier, le parti d'extrême droite allemand Pro Deutschland appelait à manifester devant le camp de réfugiés sur Oranienplatz à Berlin et revendiquait une nouvelle fois l'expulsion des immigrés. Une action de communication illustrant une extrême droite allemande bien présente et qui entend faire parler d'elle.
La stratégie du nouveau parti d'extrême droite allemand Pro Deutschland : actions provocantes et programme politique obscur
Créé à Cologne en 2005 Pro Deutschland est un parti considéré d'extrême droite dont la majeure partie des responsables politiques se compose d'anciens militants actifs du NPD ou du parti conservateur Deutsche Volksunion. Nationaliste, il revendique le retour au Deutschmark, l'abolition du droit d'asile, l'expulsion des immigrés et la lutte contre l'islam. En 2006, ce parti se fait connaître à Cologne en distribuant de nombreuses pétitions dont les sujets portent pour la plupart sur la construction de mosquées dans la ville, le développement de la criminalité liée à l'immigration, le manque de justice sociale et la corruption. En qualifiant leur entreprise de "projet politique fondé sur le droit civique des citoyens à participer à la vie politique", les membres de Pro Deutschland entendaient surtout réunir de nombreuses signatures afin se faire connaître auprès des institutions politiques locales. Les opérations de pétition furent nombreuses et permirent à ce petit parti de se créer une première structure fixe et un point de rencontre pour les nouveaux donateurs, militants et simples sympathisants.
Manifestation des militants Pro Deutschland
Une nouvelle implantation de l'extrême droite à Berlin où siège déjà le NPD
Le parti Pro Deutschland possède désormais une section locale à Berlin et ses responsables politiques se sont fait remarquer pour leurs propos racistes et leurs rassemblements provocateurs devant Oranienplatz où vivent depuis plusieurs mois des dizaines de demandeurs d'asile. Bien que leurs appels à manifester en Septembre 2013 et plus récemment en Mars 2014 ne rassemblent jamais un grand nombre de personnes, les militants de Pro Deutschland tendent à s'affirmer dans la sphère publique. Si le dirigeant politique Manfred Roughs ne s'est jamais officiellement positionné à l'égard des autres partis d'extrême droite allemands, le politologue Christoph Butterwege et le sociologue Alexander Häusler n'excluent cependant pas un rapprochement avec le NPD dans les prochaines années. Une alliance politique et stratégique qui ne serait pas la première et pourrait donner un nouveau poids politique à l'extrême droite en Allemagne.


De l'extrême droite conservatrice aux tendances néonazies : quand l'union fait la force
En 2006 le président du NPD Ugo Voigt se laissait prendre en photo avec Gerhard Frey, président de Deutsches Volksunion lors d'une conférence de presse au siège du parti NPD à Berlin en 2006. Quatre ans plus tard, la fusion entre les deux groupuscules d'extrême droite était officiellement annoncée le 1er Janvier 2011. La position négationniste à tendance néonazie et xénophobe assumée pleinement par le NPD n'a pas toujours été acceptée et suivie par les militants du parti Deutsches Voksunion davantage conservateur que profondément national socialiste. Malgré certaines tensions internes, l'extrême droite allemande a pourtant décidée de s'unir et de s'exprimer d'une même voix lors des élections locales et fédérales cette année. Avec 1,28% de voix obtenues lors des élections législatives allemandes du 22 septembre 2013, le seuil obligatoire des 5% à atteindre pour obtenir des sièges au Bundestag est encore lointain. Toutefois, l'extrême droite allemande semble bien décidée à retrouver la cohésion qu'incarnait le NPD dans les années 60, le seul parti d'extrême droite alors capable de brasser et maintenir les différents courants internes.
Marine Denis (www.lepetitjournal.com/Berlin) mardi 25 mars 2014






















































