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Rencontre avec le musicien DEANisHOME

Frederick Fairytale en concert dans la rue à BerlinFrederick Fairytale en concert dans la rue à Berlin
© Frederick Fairytale
Écrit par Sandrine Ibanez
Publié le 2 mars 2023, mis à jour le 2 mars 2023

Berlin a cette image de capitale culturelle où tout est possible pour les artistes. Dans cette série, Le Petit Journal part à la rencontre de musiciens qui contribuent à l'énergie musicale de la ville. Cette semaine, Dean partage avec nous sa passion pour la musique et ses sources d’inspiration.

 

 

La musique, une passion précoce et persistante

A 13 ans, Dean joue aux jeux vidéos, particulièrement à Tony Hawk. La bande son du jeu l’amène à découvrir la scène punk rock. C’est la révélation, il veut jouer de la guitare. Ses parents, qui le voient plutôt médecin, refusent de lui payer des cours. Loin de se laisser démonter, Dean part lui-même en quête d’un professeur. Musicien chevronné, celui-ci pousse ses élèves à jouer dans des groupes. A la différence des autres membres, qui voient cela comme une étape avant de “passer aux choses sérieuses”, Dean persiste. Poussé par sa copine, il commence de vraies études de musique.

 

Ce n’est pas pour rien qu’on dit “jouer” de la musique. C’est une source de joie, comme un enfant qui joue.

 

Si Dean s’épanouit dans la musique, il n’a pas encore de certitudes et explore d'autres métiers plus traditionnels, d’autres envies. Néanmoins, la musique est toujours là, en filigrane, l’aide à traverser des moments difficiles, et reste une source de joie inégalée. Jouer avec un groupe sur un bateau de croisière change définitivement sa façon de voir les choses. Dean est fasciné par les autres musiciens, complètement dédiés à leur musique, et réalise que pour réussir, il doit éliminer toutes les distractions et se consacrer entièrement à sa passion. 

 

Deanishome
© Frederick Fairytale

 

Berlin, un choix raisonné, et un choix de coeur

Avec ce nouvel objectif, Dean a besoin d'investir pleinement dans la musique, de construire quelque chose de plus durable. Pragmatique, il liste les capitales, le coût de la vie, leur connectivité avec d'autres villes ou pays, s’informe sur la vie sur place. Berlin arrive en tête.

 

 

 

Déjà familier avec l’Allemagne après avoir vécu à Essen, Dean a aussi une autre raison de choisir Berlin. A l’université, il avait une copine qui voulait qu’ils y aillent avec des amis. Il n’avait pas pu car il n’avait pas d’argent pour payer le billet. Il a d’ailleurs écrit une chanson sur cette anecdote : la prochaine fois, il irait avec elle. Depuis ce jour, Berlin était dans un coin de sa tête. Comme tout converge vers la capitale allemande, il se décide et débarque avec le cachet de la croisière en poche, pas de réseau, pas de plan précis, pas de logement. Situation dans laquelle il s’est souvent retrouvé, dont il tire son nom de scène. Deanishome. Un ancrage. Il a tellement voyagé, sans toujours savoir où dormir. Ce nom lui rappelle que la maison, ça n’est pas nécessairement un lieu fixe, on est sa propre maison. Le mot “Home” est d’ailleurs tatoué sur sa jambe.

 

Berlin a cette atmosphère de liberté, de “Do it yourself”, sa diversité est tellement inspirante.

 

Dean découvre la capitale, qui correspond bien à sa réputation de "Arm, aber sexy". Libre et insouciante, ville de tous les excès, paradis de la techno, temple de la liberté de penser et d’être… Berlin est un lieu unique. Le manque d’argent y a amené cette incroyable créativité, les gens étaient adeptes de la récup', avaient cet esprit de révolution et de "Do It Yourself", qui se reflétait dans leur capacité à occuper des bâtiments vides, à construire leurs propres vélos, clubs, maisons ou à vivre sur des bateaux.

 

La ville elle-même symbolise cette diversité : on passe en quelques minutes de grands bâtiments à la pleine nature, de lieux industriels à des lacs… la ville est immense et a tellement de visages différents. Des graffitis et des déchets partout, mais aussi beaucoup de belles choses, beaucoup de couleurs.

 

Adepte du journaling, qu’il pratique quotidiennement depuis 10 ans, Dean trouve aussi à Berlin une atmosphère propice à cet exercice cathartique, qui lui amène structure, discipline, et une meilleure gestion de ses pensées et de ses émotions. Ses lieux préférés ? Tempelhofer Feld, son calme, l’immense espace, qui l’équilibre. Et les bords de la Spree. Il a grandi dans les montagnes et a toujours rêvé d’être près de l’eau. C’est chose faite.

 

Un artiste prolifique, inspiré et inspirant

Berlin l’inspire. La ville et le public sont différents des autres endroits. Les gens ici adorent la musique et ce qui sort de l’ordinaire. Plus c’est fou, mieux c’est. Les musiciens doivent se donner à fond, il n’y a pas de demi-mesure, il faut se dépasser en permanence. D’autant que la concurrence est rude. 

 

C’est bien d’avoir des objectifs ambitieux, comme jouer devant 5.000 ou 50.000 personnes, mais il faut garder le cap et délivrer la même qualité quand tu joues devant 8.

 

La rue l’inspire aussi. A la fois parce qu’on rencontre tellement de personnes différentes, et aussi parce que c’est un réel challenge d’engager et maintenir l’intérêt de gens qui ne font que passer. Cela demande de développer de sacrées compétences, qui sont ensuite réplicables dans des lieux traditionnels, face à un public plus captif et moins distrait. 

 

 

 

Les relations amoureuses de Dean sont également une source d’inspiration. Son “Breakup album” a été composé l’hiver dernier, quand il s’est séparé de sa copine. Il était triste, se sentait seul, il faisait froid. Pour sortir de cette morosité, il commence à écrire et finit par faire un album. Pour lui, pas pour les autres, pas pour la gloire, juste un moyen de se sentir mieux.

 

Dean est également inspiré par d’autres artistes, comme Netherfriends, Sufjan Stevens, Casey Neistat. Dans des registres très différents, ce sont tous des travailleurs acharnés, incroyablement prolifiques, touche-à-tout, disciplinés. Tous impressionnants par leur capacité à créer des œuvres de qualité tout en travaillant dur et en se mettant au défi de produire régulièrement du nouveau contenu. 

 

portrait Deanishome
© Margo Visual

 

A leur instar, Dean a déjà 20 albums à son actif. Difficile de le ranger dans un genre bien défini. Si son style majeur est la musique alternative indie et la guitare son instrument principal, il a exploré de nombreux genres dans ses albums : deux albums uniquement avec un piano, de la musique électronique…

 

Mon instrument de musique de prédilection, c’est mon cerveau.

 

Dean se souvient d’un de ses professeurs, dubitatif sur sa performance à la batterie, qui lui avait demandé ce que c’était son vrai instrument. Il avait répondu “mon cerveau”. Pour lui, les instruments ne sont qu’un outil - comme un artisan a des outils. Certains musiciens choisissent de se spécialiser. Dean choisit d’explorer car c’est ce qui le stimule. Il avoue d’ailleurs ne pas être le meilleur guitariste, batteur, chanteur… mais peu importe, l’essentiel c’est de s’amuser, et de s’améliorer sans cesse.

 

Interrogé sur son processus créatif, Dean avoue que pour lui, il n’y a pas de formule magique. A part s’autoriser à créer. Réserver un moment, chaque jour, pour s'asseoir, prendre un instrument. Il souligne d'ailleurs l’importance que les instruments soient là, à portée de main, pas dans des étuis. Dès qu’il a une idée, il la joue / chante ou l’enregistre, parfois sous forme de mémo sur son téléphone. Finalement, la partie la plus compliquée du processus créatif, c’est d’aller au bout. Les gens qui ont des idées ne manquent pas, mais parfois, elles ne se matérialisent pas. Pour Dean, les cimetières sont les endroits qui foisonnent d’idées, de théories, d’inventions, d'œuvres d’art en devenir. Lui veut laisser toutes ses idées s’échapper tant qu’il le peut.

 

Bouillonnant de créativité, Dean est aussi quelqu’un de persévérant. Poursuivre sa passion l’a poussé à se développer comme musicien, bien sûr, mais également personnellement. Pour lui, la musique est un moyen de se réaliser, de se rapprocher des gens, une source infinie de bonheur. Décider de poursuivre son rêve et ses objectifs, c’est la partie facile. S’y tenir dans la durée, et aller aussi loin que possible, c’est là qu’est le véritable accomplissement.

 

A la traditionnelle demande de recommandation d’artistes berlinois, Dean mentionne Scar Polish, un des musiciens les plus intéressants qu’il ait jamais rencontré, Scott Hildebrand, un fabuleux compositeur, ainsi que Gray Contrast et sa techno de rue.

 

Si vous voulez voir Dean en concert, rendez-vous le 26 mai dans le cadre du festival de musique de rue EU4YA.

 

Et en attendant, vous pouvez le retrouver sur son site officiel, ou ses comptes Instagram, YouTube, Bandcamp et Spotify !

 

portrait Deanishome
© Mohammed Isso

 

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