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Autoroutes: les tronçons payants qui vont devenir gratuits

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CC M.Peinado https://www.flickr.com/photos/12066793@N05/3579716344/
Écrit par Alexandra Pichard
Publié le 20 juin 2018, mis à jour le 22 juin 2018

Le Gouvernement de Pedro Sánchez a pris la décision de rendre gratuites plusieurs autoroutes en Espagne dès l’automne prochain. En effet, après 50 ans d’exploitation, l’Etat ne renouvellera pas les concessions arrivant à échéance entre 2018 et 2021. 

 

Les usagers pourront donc rouler gratuitement sur les autoroutes AP-1, AP-4 et sur l'AP-7 qui va de la frontière française jusqu’à Valence en passant par Barcelone. Une décision qui surprend autant qu’elle inquiète. 

 

José Luis Abalos, nouveau ministre des Transports, est un membre de poids dans l’Exécutif. Proche de Pedro Sánchez, il est aussi le secrétaire d’Organisation du PSOE. Une semaine seulement après son entrée en fonction, il annonce déjà une mesure choc dans une interview concédée au journal El País. En effet, il a promis la fin des péages dès novembre prochain sur l’autoroute AP-1 qui relie Burgos à Armiñón, de 84 km, gérée par Itínere, puis en décembre 2019 sur l’AP-4 qui va de Séville à Cadiz et enfin sur l'AP-7 entre Tarragone et Alicante, ces deux dernières gérées par Aumar, une filière d’Albertis et qui comptent 468 km au total. L’annonce du ministre concerne également l’AP-2 entre Saragosse et la Méditerranée, et les tronçons de l’AP-7 qui relient Tarragone-La Jonquera (près de la frontière française) et Montmelo-El Papiol, sur un total de 479 km et dont les concessions expirent le 31 août 2021, bien que cette décision revienne au Gouvernement de la prochaine législature. 

 

Les Catalans subissent la hausse de ces péages, contrairement à d’autres autonomies qui profitent d’autoroutes gratuites

 

Cette décision s’inscrit dans la volonté du PSOE de défendre la gestion publique et de lever les barrières de transport. Elle a d’ailleurs été saluée par les transporteurs, durement touchés par la crise, la Fédération d’Associations des Transports d’Espagne aillant même affirmé que cela décongestionnerait les routes et aiderait à une meilleure distribution du trafic. Mais au-delà de la portée économique, elle a également une dimension proprement politique. En effet, elle répond à une des requêtes des groupes politiques catalans PDeCat et ERC et du valencien Compromís, qui avaient apporté leurs voix à Pedro Sánchez pour qu’il s’empare de la présidence. Ces derniers soutiennent de pied ferme la mesure, en argumentant que les Catalans subissent la hausse de ces péages, contrairement à d’autres autonomies qui profitent d’autoroutes gratuites. 

 

Manque à gagner

 

Mais pour la plupart du reste de l’échiquier politique, la décision surprend autant qu’elle inquiète. Le manque à gagner lié à la disparition des péages et les moyens de financement de l’entretien des routes sont au centre des préoccupations. En effet, l’artère au Nord de l’AP-1 est très importante pour les échanges de marchandise avec le reste de l’Europe et rapporte en péage à elle seule près de 70 millions d’euros par an. L’AP-4 et l’AP-7 rapportent en tout 302 millions annuels de bénéfices à Abertis. Le ministre, lors de son interview, a estimé que les coûts d’entretien de ses routes varient "entre 50.000 y 68.000 euros par kilomètre et par an".  

Et même si son prédécesseur, Íñigo de la Serna, prônait déjà un débat sur le futur du système concessionnel et que tous les acteurs du secteur soulignaient l’urgence de prendre position avant le renouvellement des concessions, l’actuel ministre a mis fin au débat en moins d’une semaine. Une décision qui a surpris l’Association Espagnole de la Route (AEC) et le secteur concessionnel qui voyaient le recours au capital privé pour maintenir le réseau routier et initier de nouveaux projets comme une évidence. Cependant, l’Exécutif entend assumer le coût de la conservation des routes. Mais le ministre devra alors expliquer comment il fera face à ces nouveaux frais, qui étaient jusqu’à présent financés par l’argent des péages, dans un contexte où le budget d’Etat est très serré. En effet, les dépenses d’Etat ont augmenté de 50 milliards d'euros depuis 10 ans alors que la collecte des impôts a baissé de 30 milliards depuis 2007. 

 

En Espagne, seulement 18% des routes de haute capacité sont tarifées

 

En Europe, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Autriche et de nombreux autres pays européens font payer 100% du réseau routier aux camions, mais aussi aux usagers dans la grande majorité des cas. En Italie, 80% du réseau est payant et 70% en France. En Espagne, seulement 18% des routes de haute capacité sont tarifées. Le gouvernement prend alors le parti de l’uniformisation de tout le réseau, même si ces infrastructures continueront de coûter des millions d’euros, et qu’il faudrait clarifier d’où viendra cet argent. 
 

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