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Quel jeu pour les trois poids lourds de l’Asean+3?

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courtoisie CCEF
Écrit par Carol ISOUX
Publié le 15 novembre 2014, mis à jour le 8 novembre 2019

En plus des dix pays qui forment officiellement l'Asean, économistes, politologues et hommes d'affaires sont très attentifs à la zone dite "Asean+3", à laquelle on ajoute la Chine, le Japon et la Corée du Sud, trois puissances asiatiques dont l'ombre plane en permanence sur leurs voisins en voie de développement. Principaux investisseurs de la zone, ils jouent aussi le rôle de grands frères sur la scène politique internationale, tout en ayant à gérer de vives rivalités entre eux.

Née du contrecoup de la crise de 1997, la communauté de l'Asean+3 vise à se démarquer des pays occidentaux pour assurer une véritable indépendance économique et politique asiatique.

Principaux investisseurs

Chine, Japon et Corée représentent à eux seuls près de 50% des investissements étrangers directs dans la zone Asean. 69% des investissements chinois dans la zone concernent les ressources naturelles, les zones minières, la production d'énergie, tandis que les Japonais préfèrent l'industrie automobile, l'électronique, la finance et les services.

Quant à la Corée, on la trouve surtout au Vietnam, aux Philippines et en Indonésie. L'entreprise Samsung au Vietnam représente à elle seule 18% des exportations totales du pays.

D'un point de vue économique donc, les trois puissances ont tout intérêt à l'intégration de l'Asean, qui leur permet de faire circuler leurs produits dans la zone sans payer de taxes.

Ils ont poussé aux accords de libre échange, dont ils sont d'ailleurs les premiers bénéficiaires : depuis 2010 la Chine a inondé les marchés Asean de textiles et produits de consommation courante, le Japon n'a jamais autant produit d'automobiles.

Le double-jeu de la Chine

Mais la Chine pratique en réalité vis-à-vis de l'Asean une politique dite du ?dual track?. D'un côté, elle entretient des relations institutionnelles avec l'Asean, mais de l'autre elle multiplie les accords bilatéraux avec chacun des pays membres, "ce qui revient à affaiblir l'Asean", explique Arnaud Leveau chercheur Centre d'études de l'Asean à l'université de Chulalongkorn à Bangkok.

Déjà en rivalité perpétuelle avec le Japon pour l'hégémonie sur l'Asie, la Chine n'a pas intérêt à voir émerger un bloc fort et cohérent sur la scène internationale.

C'est le grand paradoxe asiatique. D'une part, les échanges entre les pays n'ont jamais été aussi importants, de l'autre les tensions n'ont jamais été aussi vives, en tous cas pas depuis la dernière guerre mondiale. Notamment autour des questions qui concernent la Mer de Chine méridionale, zone âprement disputée par la Chine, le Vietnam et les Philippines, qui ont donné lieu récemment à Hanoi à de violentes émeutes anti-chinoises. ?La région est économiquement de plus en plus intégrée, politiquement de plus en plus morcelée?, résume Arnaud Leveau.

Dernière provocation en date : la création, le 24 octobre dernier, de la Banque Asiatique d'Investissements dans les Infrastructures (AIIB), projet piloté par la Chine et signé par 20 pays asiatiques, ouvertement destinée à concurrencer la Banque Asiatique de Développement, basée à Manille et sous influence japonaise, ainsi que la très occidentale Banque Mondiale. L'établissement, qui devrait financer routes, infrastructures portuaires et barrages à travers toute l'Asie, s'annonce "un formidable relais de puissance pour la Chine", estime Arnaud Leveau.

11e FORUM ASEAN - 17 et 18 novembre, Bangkok

Les 17 et 18 novembre aura lieu à Bangkok 11e Forum Asean, un rendez-vous économique de haut niveau doublé d'un espace d'affaires, organisé par les Conseillers du Commerce Extérieur.

L'événement réunira des personnalités du monde des affaires et des analystes pour évoquer autour de tables rondes différents sujets portant sur l'ASEAN et aussi ses relations avec la France (et plus largement les relations entre l'Asie et l'Europe).

Le forum sera animé par Nicolas Beytout, journaliste économique fondateur du journal l'Opinion, qui intervient régulièrement sur le plateau de l'émission C Dans l'air sur France 5. On retrouvera notamment Surin Pitsuwan, l'ancien secrétaire général de l'Asean, Louis Gallois, Président du Conseil de Surveillance du groupe PSA et auteur du rapport sur la compétitivité, le géopoliticien Jean-Christophe Victor, présentateur de l'émission "Le dessous des cartes" sur Arte ou encore François Loos, l'ancien ministre délégué au commerce extérieur et ancien ministre délégué à l'Industrie.

Le nouveau président du Comité national des CCEF, Alain Bentejac, sera également présent, accompagné de neuf des 10 ambassadeurs de France en poste dans l'ASEAN dont bien entendu Thierry Viteau, ambassadeur de France en Thaïlande.

Philippe Varin, représentant spécial du Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, en charge des relations économiques avec l'ASEAN, fera un discours d'ouverture ainsi que Matthias Fekl, secrétaire d'état chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger qui s'exprimera via un message vidéo.

Pour en savoir plus, lire aussi notre article
11e FORUM ASEAN ? Des têtes d'affiches pour mobiliser l'équipe de France de l'export

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Carol ISOUX samedi 15 novembre 2014
 

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