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Manif à Bangkok après la libération d’activistes accusés de sédition

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REUTERS / Patipat Janthong - Anon Nampa et Panupong Jadnok (à gauche) après leur arrestation, le 7 août 2020
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 8 août 2020, mis à jour le 10 août 2020

Deux meneurs de manifestation arrêtés vendredi et gardés une nuit en détention ont été relâchés samedi alors que des dizaines de supporteurs les attendaient devant la cour. Plus d’un millier de manifestants se sont ensuite rassemblés dans le centre de Bangkok pour continuer de protester.

L'avocat des droits humains, Anon Nampa, 35 ans, et le militant étudiant Panupong Jadnok, 23 ans, ont été inculpés vendredi et détenus en lien avec une série de manifestations en faveur de la démocratie entre le 18 et le 31 juillet.

Ils ont été libérés sous caution samedi dans l'attente d'une enquête plus approfondie sur les accusations les concernant, mais à la condition qu’ils ne récidivent pas.

"Le tribunal a posé comme condition que les deux prévenus ne répètent pas les actes qui leur sont reprochés dans cette affaire", a déclaré à Reuters l'avocat d'Anon Nampa, Weeranan Huadsri. Ils peuvent cependant se joindre aux manifestations légales.

Anon et Panupong font l’objet de sept chefs d’accusation à savoir : sédition ou incitation à troubler l’ordre public, rassemblement illégal de plus de 10 personnes (décret d'urgence), obstruction de l'espace public, obstruction de la circulation, utilisation de haut-parleurs sans autorisation préalable, violation de la loi sur la propreté, tenue d'activités posant un risque de propagation de maladies contagieuses.

Manifestation devant la cour penale de Bangkok
Des manifestants pro-démocratie devant le bâtiment de la cour pénale de Bangkok pour exigent qu'un représentant des deux détenus puisse entrer, le 8 août 2020. - REUTERS / Chalinee Thirasupa

Lors d'une manifestation le 3 août, Anon avait également lancé, chose rarissime, un appel à des réformes concernant la puissante monarchie, mais il n'a pas été inculpé pour cela.

Anon et Panupong semblaient en bonne santé lorsqu'ils sont sortis du tribunal. Ils ont promis qu’ils continueraient à protester.

"Nous nous joindrons à des manifestations conformes à la Constitution", a déclaré Anon Nampa, ajoutant qu'il avait toujours agi pacifiquement dans le respect de la Constitution et que le gouvernement devrait cesser son harcèlement.

Manifestation pour les militants arretes a Bangkok
Parit Chiwarak, un étudiant pro-démocratie, s'adresse à des manifestants devant le poste de police où Anon Nampa a été arrêté à Bangkok le 7 août 2020. REUTERS / Chalinee Thirasupa

Leur libération n'a pas apaisé pour autant plus de 1.000 manifestants qui ont organisé un rassemblement antigouvernemental dans le quartier Pathumwan, face au Centre d’art et la culture de Bangkok (BACC).

"Ne harcelez pas les citoyens", ont crié les manifestants depuis la passerelle devant le centre commercial MBK malgré les appels de la police à se disperser.

"Police dehors !", "la dictature tombera", ont-ils scandé en faisant le salut à trois doigts devenu le symbole des manifestants pro-démocratie thaïlandais qui réclament notamment la dissolution du parlement, la modification de la Constitution et de nouvelles élections.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Des centaines de manifestants se sont de nouveau rassemblés le 8 août 2020 à Bangkok après la libération de deux militants arrêtés la veille. REUTERS / Jorge Silva

Le colonel de police Patikorn Sornchai a fait savoir que les manifestants avaient clairement enfreint la loi d'urgence samedi après avoir été sommés de se disperser, et qu'ils feraient l'objet d'une enquête.

Des manifestations anti-gouvernementales étudiantes avaient bourgeonné en début d’année après la dissolution du parti Anakot Mai (Nouvel avenir, connu aussi sous le nom de "Future Forward" en anglais). Mais le mouvement de protestation avait été interrompu par la crise du Covid-19 et les mesures sanitaires strictes imposées pour empêcher la propagation du coronavirus, dont l’état d’urgence imposé depuis fin mars. Même si ce dernier est toujours en vigueur, la grogne anti-gouvernementale a commencé à reprendre de la voix début juin après l’enlèvement d’un activiste exilé au Cambodge. Puis le 18 juillet, les étudiants sont descendus dans la rue en nombre pour une première manifestation demandant la démission du gouvernement de Prayuth Chan-O-Cha. Depuis, des manifestations régulières ont lieu dans Bangkok et en province.

"Nous ne pouvons pas supporter la tyrannie et l'oppression qui sont infligées au peuple thaïlandais", a déclaré samedi Pattanun Arunpreechawat, un étudiant de 22 ans. "Nous devons sortir pour le montrer."

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