Des dizaines d'étudiants thaïlandais se sont rassemblés mercredi devant le ministère de l’Education à Bangkok pour exiger du gouvernement des avancées plus significatives en matière d’égalité des genres et la fin de ce qu'ils appellent des programmes obsolètes et des règles discriminatoires concernant les uniformes et les coupes de cheveux.
Les passants ont applaudi et acclamé les étudiants d'âges divers qui, portant pancartes, banderoles et drapeaux arc-en-ciel et équipés d’éventails et d’ombrelles, se sont rendus au ministère de l'Éducation pour protester contre un système scolaire qui, selon eux, est complètement arriéré. Le groupe de jeunes manifestants comprenait des élèves du secondaire et d'autres plus âgés.
Ils ont dénoncé tout particulièrement des règles interdisant certaines longueurs de cheveux et types de coupes pour les étudiants selon qu'ils sont reconnus comme appartenant au genre masculin ou féminin.
"Qu'en est-il des étudiants d'autres genres? C'est quelque chose que le ministère doit prendre en compte car il est normal d'être diversifié", a déclaré Panupong Suwannahong, 19 ans, un organisateur de la manifestation.
"L'uniforme scolaire impose une ségrégation des élèves par le genre."
Ce rassemblement vient s’ajouter à une série de manifestations menées par des étudiants ces dernières semaines en Thaïlande. Toutefois, le mouvement de mercredi a tenu à souligner qu'il n'avait aucun lien avec un quelconque mouvement anti-gouvernemental.
Sur les marches du ministère de l'Education et devant son secrétaire permanent, une étudiante de 19 ans, Pimchanok Nongnual, s'est rasée les cheveux avec une tondeuse électrique pour protester contre des règles qu'elle qualifie d'"étouffantes".
"Qu'en est-il des étudiants au genre fluide ou non binaires?", demande Pimchanok.
Bien que la Thaïlande soit une société bouddhiste relativement conservatrice, le royaume est perçu depuis l’étranger comme un pays tolérant et ouvert à l’égard de l’orientation sexuelle et de certaines mœurs,. Le pays abrite d’ailleurs une bouillonnante communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT).
Le gouvernement thaïlandais a récemment soutenu un projet de loi sur le partenariat civil qui reconnaîtrait les unions de même sexe avec presque les mêmes droits légaux que les couples mariés. Une mesure parmi les plus libérales que la Thaïlande ait prise à ce jour, mais qui attend encore d’être votée au Parlement.
Néanmoins, les militants trouvent que le système éducatif thaïlandais est encore trop réticent à répondre à l’évolution des mœurs. Nattapat Satavelarot, 17 ans, a déchiré un livre sur la santé et l'hygiène, rejetant ce qu'il appelle un programme discriminatoire.
«Je veux que les enseignants soient informés des droits LBGTQ et ils doivent comprendre que les élèves aux genres multiples ce n’est pas un tabou», a-t-il dit.