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DHAMMAKAYA – 4.000 policiers autour d’un temple de Bangkok pour (ne pas) arrêter un moine

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La police thaïlandaise n'a pas réussi jeudi, malgré des milliers de policiers mobilisés pour investir le plus célèbre temple du pays, à mettre la main sur un moine au coeur d'un vaste scandale financier qui tient le pays en haleine depuis des mois.

La police thaïlandaise a investi jeudi le plus célèbre temple du pays, qui compte des milliers de fidèles, à la recherche d'un moine au coeur d'un immense scandale financier qui tient en haleine le pays depuis des mois et met en lumière une division religieuse au sein de la Thaïlande bouddhiste.

Dès les premières heures du jour, plus de 4.000 policiers et militaires avaient été déployés aux abords du temple de Dhammakaya, immense complexe dans la province de Pathum Thani à une trentaine de kilomètres au nord de Bangkok.

Cette descente spectaculaire dans ce temple extravagant et ultra-riche intervient après que le chef de la junte en personne a invoqué la section 44 de la Constitution intérimaire qui lui donne les pleins pouvoirs pour placer l'enceinte  de 4 km2 sous contrôle militaire.

Mais l'opération de jeudi a une fois de plus échoué, comme les précédentes, à arrêter Phra Dhammachayo, moine septuagénaire qui a fondé en 1970 le mouvement bouddhiste Dhammakaya.

Lors de précédentes tentatives de raid restées vaines, des milliers de dévots avaient fait barrage pour empêcher la police d'entrer dans le temple.

Cette fois, quelques moines ont une fois de plus tenté de s'interposer mais la police a réussi après un face-à-face tendu à pénétrer par l'une des portes.

Toute la journée, des dizaines de moines et de fidèles ont fait face aux colonnes de policiers rassemblés à l'extérieur alors qu'en fond sonore les hauts-parleurs diffusaient des chants bouddhiques.

"Le temple de Dhammakaya a permis aux policiers et aux fonctionnaires de la DSI d'effectuer une fouille à l'intérieur du temple pour rechercher le suspect", a déclaré le responsable du Département des enquêtes spéciales (DSI) du ministère de la Justice, aux journalistes avant d'entrer dans le complexe.

L'ancien abbé est soupçonné de se terrer dans l'enceinte du temple, bien qu'il n'ait pas été aperçu depuis des mois.

"Nous avons pu fouiller environ 15-20% de la superficie du temple. Nous ne l'avons pas trouvé", a déclaré à la presse Woranun Srilam, porte-parole du Département des enquêtes spéciales (DSI) du ministère de la Justice.

Ce dernier a ajouté que les recherches reprendraient vendredi.

S'adressant aux médias, un porte-parole du temple a expliqué qu'il ne pouvait pas confirmer la présence du chef spirituel à l'intérieur.

"Je ne sais pas où il se trouve - je ne l'ai pas vu depuis neuf mois environ", a déclaré Phra Sanitwong Wutthiwangso.

Le mouvement Dhammakaya, qui compte 3.000 moines, une fortune colossale et des ramifications dans plus de 30 pays, dont la France, est l'un des temples les plus riches du royaume.

La police avait émis un mandat d'arrêt l'an dernier à l'encontre du Phra Dhammakayo pour blanchiment d'argent et acceptation de fonds détournés d'un montant de 1,2 milliards de bahts (32 millions d'euros) de la part du propriétaire d'une banque coopérative aujourd'hui en prison.

Il lui est aussi reproché d'avoir détourné des millions d'euros de dons faits par ses fidèles.

Il est aussi reproché à Phra Dhammachayo ses accointances politiques. Il y a une dizaine d'année, la police avait déjà essayé d'arrêter le moine pour des faits similaires de blanchiment d'argent. Des poursuites qui avaient été laissées tomber à l'époque où Thaksin Shinawatra était Premier ministre.

L'affaire avait suscité une controverse sur des liens éventuels entre Thaksin et Dhammakaya et qui ressurgit alors que la junte militaire au à lancé dès sa prise de pouvoir en 2014 une chasse aux sorcières contre les alliés de l'ancien Premier ministre. Le temple nie pourtant toutes affiliations politiques.

Il n'est pas dans les habitudes des autorités thaïlandaises d'intervenir dans les affaires religieuses du royaume. Mais la secte Dhammakaya a suscité une hostilité croissante ces dernières années notamment de la part de l'establishment bouddhiste traditionnel qui l'accuse de développer une philosophie de l'accès payant au Nirvana.

Soutenu par un dispositif de communication très sophistiqué, la secte a connu une ascension fulgurante ces trente dernières années, levant des dizaines de millions de dollars et ouvrant des filiales un peu partout dans le monde.

Le succès de Dhammakaya vient entre autres du fait qu'il se positionne dans une vision plus moderne que les temples traditionnels afin de séduire les plus jeunes.

Pour Sanitsuda Ekachai, qui a écrit des livres sur la religion, Dhammakaya offre une alternative attrayante pour les Thaïlandais en mélangeant ?vieilles croyances et valeurs matérialistes?. L'accent est mis sur l'ordre et la communauté qui est en même temps une sorte d'antidote à l'aliénation de la modernité, ajoute-t-elle.

Une modernité pourtant très présente à travers l'utilisation des technologies qui jouent un rôle clé dans l'expansion du centre bouddhique à travers le monde. Il existe plusieurs centres en Asie, aux Etats-Unis et dans une douzaine de pays européens dont la France et la Belgique.

?Dhammakaya a toujours été très actif, très intelligent, très moderne dans sa façon d'utiliser les nouvelles technologies pour accroître le nombre de ses fidèles?, expliquait l'an dernier Sanitsuda.
 

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