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TEMPLE DHAMMAKAYA - Un rempart humain contre l’arrestation d’un moine controversé

Écrit par Agence France Presse
Publié le 20 février 2019

Des milliers de partisans d'un puissant moine bouddhiste, accusé d'avoir détourné des millions d'euros de dons, se sont mobilisés jeudi en Thaïlande en un rempart humain pour empêcher la police de l'arrêter.

Vêtus de blanc, ils se sont massés à l'intérieur du temple Dhammakaya, gigantesque temple en forme de soucoupe volante, dans la banlieue nord de Bangkok, épicentre d'un mouvement ayant essaimé à travers le monde.

“Si qui que ce soit a enfreint la loi, des actions légales doivent être prises contre lui”, s'est justifié sur place Suriya Singhakamol, du Département des enquêtes spéciales de la police.

La police, munie d'un mandat de perquisition, a cependant été empêchée d'accéder à certaines parties du temple et n'a pas pu interpeller le moine Dhammachayo, introuvable.

“Il est dans le temple et se repose, car il est très malade, souffrant de huit maladies”, a assuré Sanitwong Wuttiwangso, moine en charge de la très efficace communication du mouvement Dhammakaya.

Il lui est notamment reproché d'avoir détourné des millions d'euros de dons faits par ses fidèles bouddhistes. Mais ses partisans dénoncent des poursuites politiques contre un mouvement que ses détracteurs disent soutenu par l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé en 2006 et bête noire des élites conservatrices, nombreuses au sein de l'armée au pouvoir et des instances judiciaires.

“Le manque de démocratie conduit inévitablement à une absence de libertés dans le processus judiciaire”, a dénoncé sous couvert d'anonymat une Thaïlandaise mobilisée contre l'opération, interrogée sur place par l'AFP.

Le mouvement Dhammakaya, fondé dans les années 1970, est l'un des temples les plus riches du royaume. Et la question de l'arrestation imminente de son fondateur et figure de proue fait la Une des journaux depuis des semaines. Jeudi, les chaînes locales ont réalisé des “live” depuis le temple, avec des drones survolant l'impressionnante assemblée de fidèles.

En mars 2015, ses dirigeants ont accepté de rendre près de 20 millions d'euros qui avaient été versés par un chef d'entreprise accusé d'avoir détourné cet argent.

L'affaire a suscité un débat plus large en Thaïlande sur le penchant au mercantilisme des temples bouddhistes et l'absence de contrôle des autorités sur l'emploi des dons conséquents faits aux temples, sur la promesse que la qualité de la prochaine vie du donateur serait proportionnelle à l'importance de ses dons.

 

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