Les autorités thaïlandaises ont ordonné la suspension de la chaîne de télévision d'un temple bouddhiste controversé dont le chef spirituel, accusé d'avoir détourné des millions d'euros de dons, est recherché actuellement.
L'affaire dure depuis plusieurs mois et s'affiche régulièrement à la une des journaux en Thaïlande. En juin, la police s'était rendue dans l'enceinte du temple Dhammakaya, gigantesque édifice en forme de soucoupe volante, dans la banlieue nord de Bangkok, pour arrêter le moine Dhammachayo mais avait échoué. Depuis, il demeure introuvable.
A chaque fois que la police annonce vouloir appréhender le moine de 72 ans, des milliers de fidèles se massent à l'intérieur du temple pour servir de rempart humain.
Il lui est notamment reproché d'avoir détourné des millions d'euros de dons faits par ses fidèles bouddhistes, dont plus de 31 millions d'euros versés par un chef d'entreprise accusé d'avoir détourné cet argent.
Évoquant des "contenus inappropriés", les autorités ont ordonné mercredi la suspension de la chaîne pour 15 jours. Jeudi, tous les programmes étaient suspendus.
"Nous avons constaté que le temple utilisait sa télévision comme une arme de propagande. Elle attire les gens pour des raisons religieuses mais s'en sert ensuite pour qu'ils viennent bloquer les portes du temple", a expliqué Paisit Wongmuang, en charge de l'enquête autour du temple.
Dhammakaya Media Channel (DMC), qui a des programmes 24h/24, diffuse sur plusieurs continents toutes sortes de programmes allant des cours de méditation aux dessins animés en passant par l'actualité, et fait partie du large ensemble médiatique du temple souvent considéré comme une secte.
Dans un communiqué publié mercredi soir, le temple a nié les allégations de la police et entend contester la suspension de sa chaîne.
Le mouvement Dhammakaya, fondé dans les années 1970, est l'un des temples les plus riches du royaume et a essaimé dans le monde.
L'affaire a suscité un débat plus large en Thaïlande sur le penchant au mercantilisme des temples bouddhistes. Mais aussi sur l'absence de contrôle des autorités sur l'emploi des dons importants faits aux temples, et sur la promesse que la qualité de la prochaine vie du donateur serait proportionnelle à l'importance de ses dons.