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Chronologie: retour sur 15 ans de crise politique thaïlandaise

Manif de lyceens Thailandais demandant des reformes de l'educationManif de lyceens Thailandais demandant des reformes de l'education
Reuters
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 18 septembre 2020, mis à jour le 2 février 2024

Depuis la fin de la monarchie absolue en Thaïlande, le royaume a traversé de nombreuses périodes troublées. Lepetitjournal.com revient sur la chronologie du dernier cycle débuté en 2005

Réélu en 2005 (du jamais vu en Thaïlande pour un Premier ministre) le Premier ministre Thaksin Shinawatra est chassé par un coup d'État en 2006 après plusieurs mois de tumulte causés par l'Alliance du Peuple pour la Démocratie (PAD), le mouvement de protestation mené par Sondhi Limthongkul qui l'accuse de corruption. Alors que Thaksin trouve plutôt son électorat dans les campagnes du nord et du nord-est parmi les classes défavorisées, la PAD rassemble divers courants d'opinion parmi les élites et la classe moyenne de Bangkok et dans le sud du pays.

Le parti de Thaksin, le Thai Rak Thai (TRT), est dissout en mai 2007 par la Cour Constitutionnelle -sous le régime des militaires- et lui et ses lieutenants sont bannis de politique Amputé de 111 membres actifs du TRT, la plupart anciens députés, le système Thaksin renaît malgré tout quelques mois plus tard sous la forme du Parti du Pouvoir du peuple (PPP) emmené par Samak Sundaravej. Le PPP remporte le scrutin en décembre 2007 au grand dam des militaires et forme en février 2008 un gouvernement de coalition avec cinq autres partis.

2008 : Après le coup d'Etat, nouveau triomphe électoral... annulé par décision de justice

Le 28 février 2008, Thaksin fait un retour triomphal d'exil et se présente confiant au tribunal pour être entendu dans une affaire de corruption. La PAD se rassemble contre Samak, perçu comme l'homme de paille du milliardaire.

Le 25 mai 2008, La PAD lance sa campagne de manifestation contre le PPP, tandis que les Cours de justice enchaînent condamnations et mises en cause des membres du gouvernement Samak.

En juillet 2008, Yongyuth Thiyapayrat, qui avait déjà quitté son poste de Président du Parlement pour se défendre, est condamné pour fraude électorale. Désavoués par des Cours de justice dans des affaires différentes, les ministres de la Santé et des Affaires étrangères démissionnent la même semaine. Le 15, des actes de provocation par des membres du PAD autour du temple de Preah Vihear déclenchent un face-à-face de plusieurs jours entre les soldats thaïlandais et cambodgiens. La PAD reproche au gouvernement d'avoir laissé le Cambodge candidater au classement du temple au patrimoine mondial de l'UNESCO en remerciement de concessions accordées par le Premier ministre cambodgien à une société de Thaksin Shinawatra.

Le 11 août 2008, L'épouse de Thaksin Shinawatra est condamnée dans une affaire de corruption, ce qui ouvre alors des perspectives de sanctions contre Thaksin lui-même. Le couple fuit en Grande-Bretagne

Remobilisation du mouvement anti-Thaksin

Le 26 août 2008, La PAD lance l'ultime offensive. Rassemblant 35.000 personnes, les manifestants prennent d'assaut une chaîne publique de télévision et envahissent l'enceinte du siège du gouvernement.

Le 29 août 2008, des incidents éclatent entre les forces de l'ordre et les manifestants dans l'enceinte du siège du gouvernement et devant le quartier général de la police. La PAD dénonce l'usage de la force et de gaz lacrymogènes, ce qui émeut l'opinion.

Le 31 août 2008, alors que les syndicats du secteur public appellent à un soutien massif au mouvement, Samak Sundaravej tente, en vain, de trouver une issue à la crise via le Parlement.

Le 2 septembre 2008, après des affrontements sanglants entre partisans du gouvernement et membres de la PAD, Samak Sundaravej déclare l'état d'urgence. Mais les militaires font savoir qu'ils n'useront pas de la force et joueront les médiateurs.

Le 3 septembre 2008, le Ministre des Affaires Etrangères, Tej Bunnag, présente sa démission.

Le 4 septembre 2008, Samak Sundaravej fait savoir qu'il reste en place pour protéger la démocratie et la monarchie, et annonce que l'armée va tenter une approche en douceur pour déloger les manifestants.

La Cour Constitutionnelle entre dans le jeu

Le 9 septembre 2008, Samak Sundaravej est finalement forcé de démissionner par la Cour Constitutionnelle pour avoir présenté une émission culinaire à la télévision et accepté de l'argent d'une entreprise privée.

Le 14 septembre 2008, levée de l'état d'urgence qui avait été instauré le 2 septembre, après des affrontements sanglants entre manifestants pro et anti-gouvernementaux.

Le 17 septembre 2008, le Parlement élit Somchai Wongsawat, beau-frère de Thaksin Shinawatra, au poste de Premier ministre. Les manifestants de la PAD répliquent qu'il est une marionnette et décident de rester dans l'enceinte du siège du gouvernement.

Les 3 et 4 octobre 2008, l'arrestation de deux leaders de la PAD relance les tensions, alors que le contexte était à l'apaisement, avec l'ouverture de négociations avec le gouvernement. Ils seront rapidement libérés sous caution.

Début des violences, les militaires montent au créneau

Le 7 octobre 2008, les protestataires de la PAD encerclent depuis la veille le Parlement pour empêcher les députés d'assister au discours de politique générale de Somchai Wongsawat. Dès l'aube, la police tente de disperser les manifestants à coup de grenades lacrymogènes explosives. Les affrontements avec plusieurs dizaines de milliers de manifestants se poursuivent toute la journée. Une jeune femme est tuée et un homme meurt dans l'explosion d'une bombe non loin de la manifestation, dans des circonstances mal éclaircies. Quelques 500 manifestants sont blessés, certains ont des membres arrachés par les grenades.

Le 16 octobre, le chef des militaires, Anupong Paochinda, accompagné des chefs de corps d'armée en uniforme s'exprime à la télévision pour suggérer au premier ministre, Somchai Wongsawat, de démissionner.

Le 21 octobre, Thaksin est condamné à deux ans de prison par contumace pour conflit d'intérêts dans l'affaire d'achat d'un terrain immobilier dans le quartier de Ratchadapisek à Bangkok. Son épouse Pojaman est acquittée.

Fin octobre-début novembre, Plusieurs incidents violents impliquant des jets de grenades ont lieu aux abords du campement de la PAD au siège du gouvernement. Une dizaine de gardes de la PAD sont blessés.

Le 1er novembre, 90.000 personnes se réunissent au stade Rajamangala à Bangkok pour écouter le discours par téléphone de Thaksin. L'ancien Premier ministre y dénonce ses opposants, défie les putschistes éventuels et lance un appel indirect au roi.

Les 20 et 22 novembre 2008, deux grenades lancées à l'intérieur du camp de la PAD font deux morts et une trentaine de blessés.

Prise des aéroports

Le 24 novembre, la PAD lance sa "bataille finale". Quelques 20.000 manifestants encerclent le Parlement puis se rendent à l'aéroport Don Muang, où sont installés les bureaux temporaires du gouvernement.

Le 25 novembre 2008, la PAD envahit l'aéroport international de Suvarnabhumi bloquant 3.000 passagers et des affrontements avec échanges de coup de feux ont lieu en ville faisant 11 blessés.

Le 26 novembre 2008, des explosions le matin dans l’aéroport Suvarnabhumi et en ville font au moins sept blessés. Les manifestants bloquent aussi l’aéroport Don Muang.

Le 27 novembre 2008, l'Etat d'urgence est décrété dans les deux aéroports.

Le 30 novembre 2008, manifestation en plein centre de Bangkok des partisans du gouvernement.

La Cour constitutionnelle tranche

Le 2 décembre 2008, la Cour constitutionnelle décide de dissoudre trois partis de la coalition - Parti du pouvoir du peuple (PPP), Chart Thai et Matchima - pour fraude électorale lors des élections législatives de décembre 2007 – la décision n’était pas attendue avant plusieurs semaines, certains évoqueront d'un coup d'Etat judiciaire. Le Premier ministre Somchai Wongsawat accepte toutefois le verdict et démissionne. Chavarat Charnvirakul devient Premier ministre par intérim. La PAD célèbre sa "victoire".

Le 3 décembre 2008, la PAD libère les aéroports de Suvarnabhumi et Don Muang.

Le 4 décembre 2008, le Roi Bhumibol Adulyadej surprend ses sujets en ne prononçant pas son traditionnel discours, à la veille de son anniversaire. La Princesse Sirindhorn et le Prince héritier Vajiralongkorn l'excusent pour motifs de santé.

Le 15 décembre 2008, après d'intenses tractations avec les petits partis anciennement liés à Thaksin Shinawatra, le parti Démocrate parvient à obtenir une majorité au Parlement. Abhisit Vejjajiva, 44 ans, est élu Premier ministre par les députés.

2009 : La colère des "chemises rouges" dépossédées de leurs élections 

Le 31 janvier 2009, plus de 30.000 partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra défilent dans les rues de Bangkok pour protester contre le nouveau gouvernement. Le mouvement est organisé par le Front uni pour la démocratie contre la dictature (UDD).

Le 26 mars, les partisans de Thaksin qui se font appeler "chemises rouges" manifestent devant la Maison du gouvernement. Quelques milliers de personnes débutent l'occupation d'une rue bordant le bâtiment. A partir de là, Thaksin Shinawatra s'adresse quasi-quotidiennement à ses partisans, par visioconférence, depuis un lieu tenu secret.

Le 27 mars, Thaksin Shinawatra met pour la première fois un nom sur la fameuse "main invisible" qui a d'après lui tiré les ficelles du coup d'Etat de 2006. Il accuse plusieurs personnalités, parmi lesquelles deux conseillers privés du roi, les Généraux Prem Tinasulanonda et Surayud Chulanont, d'avoir organisé son éviction. Les intéressés nient toute implication.

Le 6 avril, un groupe de quarante chefs d'entreprises, sénateurs et anciens officiers de l'armée déclare vouloir offrir 1 million de bahts à la personne qui permettra d'arrêter Thaksin Shinawatra.

Les pro-Thaksin sabotent le sommet ASEAN

Le 8 avril 2009, l'UDD appelle à une manifestation de masse pour contraindre Abhisit Vejjajiva et les deux conseillers privés du roi incriminés par Thaksin à démissionner. Derrière eux, les "chemises rouges" ne rassemblent pas seulement des militants pro-Thaksin, mais aussi un ensemble de Thaïlandais dénonçant la main mise sur le pouvoir par une partie de l'aristocratie, des bureaucrates et des militaires. Le soir, la police estimera à 100.000 le nombre de manifestants réunis entre la Maison du gouvernement, l'avenue Ratchadamnoen Nok, et la maison du Président du Conseil privé du roi, le Général de réserve Prem Tinasulanonda.

Le 9 avril, une centaine de taxis "rouges" ferme la circulation sur Victory Monument occasionnant d'importants bouchons de circulation. Ils sont rejoints plus tard par des centaines de manifestants. Les "rouges" bloqueront ainsi d'autres carrefour de la ville. Les leaders annoncent leur intention de perturber le sommet de l'ASEAN prévu à Pattaya du 10 au 12 avril.

Le 11 avril, les manifestants de l'UDD se rassemblent à Pattaya où se tient le sommet de l'ASEAN +6. Malgré le dispositif de sécurité mis en place par les autorités, les "chemises rouges" parviennent à pénétrer sur le site d'accueil du sommet obligeant les autorités à annuler l'événement et à évacuer les dirigeants des pays de la région invités par l'ASEAN par hélicoptère. Le Premier ministre déclare l'état d'urgence sur Pattaya le temps de l'évacuation, qui sera une humiliation pour son jeune gouvernement et une nouvelle perte de crédibilité le pays.

Songkran sous état d'urgence

Le 12 avril 2009, Abhisit Vejjajiva déclare l'état d'urgence sur Bangkok et ses environs tandis que les "chemises rouges" se regroupent dans la capitale. Environ 40.000 manifestants sont rassemblés autour de la maison du gouvernement et sur plusieurs intersections de la ville. 

Le 13 avril 2009, en fin de nuit, les militaires chargent sur l'intersection de Din Deng, faisant plus de 70 blessés. Des affrontements auront lieu toute la journée, autour de Victory Monument et Democracy Monument. Le bilan de la journée sera de 2 morts et 113 blessés.

Le 14 avril 2009, encerclés par les militaires, les "rouges" se dispersent, trois de leurs leaders se rendent aux autorités. Les "chemises rouges" ne s'avouent pas vaincus et promettent de poursuivre la lutte pour la démocratie.

Le 25 mai 2009, les meneurs de l'Alliance du peuple pour la Démocratie (PAD) décident de créer avec l'aide de leurs sympathisants un nouveau parti politique, lors d'une consultation organisée devant 30.000 personnes sur le campus de l'université Rangsit à Bangkok. Les leaders du mouvement affirment alors vouloir travailler à la création d'une "nouvelle politique" devant permettre d'aboutir à "une vraie démocratie".

Le 17 août 2009, près de 30.000 membres des "chemises rouges" se réunissent à Sanam Luang afin de déposer une pétition demandant au roi la grâce de l'ex-Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra. Les organisateurs affirment avoir récolté plus de 5 millions de signatures. Thaksin souligne dans un discours donné par liaison vidéo qu'il reste loyal au souverain Bhumibol Adulyadej.

Le roi appelle à l'unité

Le 21 août 2009, le roi Bhumibol Adulyadej effectue une intervention exceptionnelle en appelant les Thaïlandais à l'unité au risque de voir le pays sombrer dans le chaos. Quelques jours plus tard, une fervente partisante de Thaksin, surnommée "Da Torpedo", est condamnée à 18 ans de prison pour avoir insulté le palais royal lors de plusieurs discours évoquant le coup d'état de 2006.

Le 19 septembre, environ 26.000 partisans des "chemises rouges" se réunissent dans le centre historique de Bangkok pour commémorer le 3ème anniversaire du coup d'état contre leur leader aujourd'hui en exil, l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra. Au même moment, 5.000 membres de la PAD tentent d'accéder par la force au temple de Preah Vihear, situé dans la zone frontalière disputée entre le Cambodge et la Thaïlande. Le même jour, le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej est hospitalisé pour ce qui deviendra une infection pulmonaire.

Le 7 octobre 2009, près de deux semaines après le rassemblement des "rouges", c'est au tour de plusieurs milliers de manifestants des "chemises jaunes" de se réunir sur l'esplanade royale à Bangkok, un an après les violents affrontements avec la police ayant fait deux morts et des centaines de blessés.

Hun Sen et Thaksin

Le 13 octobre 2009, le Premier Ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva annonce la mise en application dans le centre-ville de Bangkok de la loi de sécurité intérieure (ISA), jusqu'au 25 octobre, date de fin du sommet de l'Asean+6 à Hua Hin. Une semaine plus tard, nouvelle manifestation des "chemises rouges". 

Le 21 octobre 2009, le Premier Ministre cambodgien, Hun Sen, propose à Thaksin de lui construire une résidence au Cambodge, suscitant la polémique en Thaïlande qui menace d'envoyer une demande d'extradition si ce dernier décidait de venir vivre dans le royaume voisin. Deux jours plus tard, Hun Sen enfonce le clou en plein milieu du sommet de l'Asean et soulève l'idée que Thaksin Shinawatra pourrait devenir son futur conseiller économique à Phnom Penh.

Le 4 novembre 2009, le gouvernement cambodgien annonce la nomination officielle, le 27 octobre, de Thaksin Shinawatra comme conseiller personnel du Premier ministre cambodgien Hun Sen et conseiller du gouvernement chargé de l'économie. Cette décision ravive les tensions entre la Thaïlande et son voisin. Trois jours plus tard, La Thaïlande décide de rappeler son ambassadeur du Cambodge. Phnom Penh en fera de même quelques heures plus tard en retirant son représentant basé en Thaïlande

2010 : Répression sanglante supervisée par Prayuth Chan-O-Cha

Le 26 février 2010, la Cour Suprême ordonne la saisie d'un peu plus de 60% des avoirs gelés de Thaksin Shinawatra, soit 1,7 milliards d'euros, dans une affaire concernant la vente des actions de sa société de télécommunication, Shin Corp. Les Chemises rouges condamnent le verdict, et ressortent encore plus convaincus d'une conspiration des élites traditionnelles.

Le 12 mars 2010, environ 6.500 manifestants Chemises rouges résidents de Bangkok se réunissent à différent points stratégiques de la capitale avant de défiler pacifiquement dans l'après-midi, deux jours avant une grande manifestation de masse annoncée par le mouvement anti-gouvernemental. Parallèlement, 50.000 soldats, policiers et volontaires civils sont déployés, tandis que les livraisons d'essence sont arrêtées.

Le 14 mars 2010, près de 100.000 manifestants exigent une dissolution immédiate du Parlement et la tenue d'élections anticipées, ce que refuse le Premier ministre Abhisit Vejjajiva.

Les Chemises rouges installent leur campement sur l'avenue Ratchadamnoen, dans la vieille ville, et menacent de se déployer dans la capitale.

Le sang du peuple devant la Maison du gouvernement

Le 16 et 17 mars 2010, lors d'une cérémonie morbide, les Chemises rouges déversent plusieurs centaines de litres de leur propre sang devant la Maison du gouvernement, le siège du Parti Démocrate et la maison d'Abhisit Vejjajiva, afin de symboliser le «sacrifice» du peuple face aux élites.

Le 19 mars 2010, plusieurs dizaines de milliers de manifestants paradent dans tout Bangkok et revendiquent de plus en plus clairement une lutte des classes. Parallèlement, des attaques à la bombe relativement inoffensives se multiplient sur plusieurs sites gouvernementaux.

Du 28 au 30 mars 2010, Des négociations en direct à la télévision sont entamées entre les trois principaux dirigeants du mouvement anti-gouvernemental et le Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Après plusieurs heures de débats, les Chemises rouges rejettent l'offre d'une dissolution à la fin de l'année, soit un an avant la fin du mandat légal.

Le 3 avril 2010, Près de 60.000 manifestants créent la surprise en s'installant dans le centre touristique et commerçant de Bangkok, de la station BTS Siam à Chitlom, tandis que d'autres manifestants restent toujours à Ratchadamnoen. Le gouvernement ordonne la dispersion, mais la police annonce vouloir entamer une tentative de dialogue.

Le 5 et 6 avril 2010, Toujours aussi nombreux, les Chemises rouges annoncent vouloir rester au moins jusqu'au 20 avril, malgré l'approche des vacances de Songkran. Des policiers et militaires déployés autour du carrefour Ratchaprasong sont obligés de se replier après quelques heurts avec les manifestants.

Le 7 avril 2010, Le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, déclare l'état d'urgence dans Bangkok et les provinces environnantes.

Le 8 et 9 avril 2010, Le gouvernement censure les médias considérés pro-rouges, dont People TV. Néanmoins, les manifestants obtiennent la réouverture de leur chaine après avoir tenté d'envahir son centre de diffusion, Thaicom. Les premiers jets de grenades lacrymogènes ont lieu, faisant 22 blessés.

Début des violences à Bangkok

Le 10 avril 2010, Des affrontements entre militaires et manifestants font 24 morts et plus de 800 blessés dans le quartier du Monument de la Démocratie, soit le bilan le plus lourd depuis 1992. A 21h, l'armée décide de battre en retraite, tandis qu'une autre opération, prévue à Ratchaprasong, est annulée. Plusieurs manifestants et soldats sont tués par des tirs de balles réelles.

Du 11 au 14 avril 2010, Les deux camps se rejettent la responsabilité pour les morts, tandis qu'Abhisit Vejjajiva réitère sa volonté de rester en poste. Selon le gouvernement, des «terroristes» se seraient mêlés aux manifestants. Par ailleurs, la Commission Electorale demande la dissolution du Parti Démocrate dans une affaire de donation irrégulière, une décision qui doit encore franchir plusieurs mois de procédures. Les Chemises rouges, quant à eux, quittent leur campement de Ratchadamnoen pour se concentrer sur le centre-ville.

Du 19 au 21 avril 2010, Plusieurs unités anti-émeutes sont déployées autour de l'avenue Silom et Rama IV afin d'empêcher les manifestants d'envahir le quartier financier de Bangkok. Les Chemises rouges, s'attendant à une intervention imminente des autorités, construisent des barricades de pneus et de bambous pour se protéger. Un nouveau groupe opposé à la dissolution du Parlement, les "sans couleurs", affronte les manifestants anti-gouvernementaux de Lumpini à coup de jets de bouteilles.

Le 22 avril 2010, Trois personnes sont tuées et au moins 75 autres blessées dans une série d'attaques à la grenade sur l’avenue Silom près des barricades des manifestants. Le gouvernement affirme que les explosifs ont été tirés depuis le camp des Chemises rouges.

Plan de réconciliation

Le 25 avril 2010, Abhisit Vejjajiva apparaît à la télévision aux côtés du chef de l'armée, Anupong Paojinda, et annonce son refus d'une trêve suite à une offre des Chemises rouges pour une dissolution du Parlement dans 30 jours et des élections sous trois mois. Il confirme qu'une opération militaire sur le quartier Ratchaprasong est belle et bien prévue.

Du 26 avril au 3 mai 2010, La situation continue de dégénérer. Les Chemises rouges multiplient les actions en province et bloquent systématiquement les renforts de policiers dans le nord et le nord-est du royaume. Abhisit apparaît à nouveau à la télévision afin de proposer des élections en novembre si plusieurs conditions nécessaires à la réconciliation nationale sont réunies. En parallèle, le pouvoir en place prépare des véhicules blindés afin de reprendre le carrefour Ratchaprasong.

Du 4 au 9 mai 2010, Les manifestants anti-gouvernementaux acceptent le plan de réconciliation du gouvernement, mais demandent une date de dissolution du Parlement précise avant d'arrêter leur mouvement. Après que le Premier ministre a donné une date pour la fin septembre, ce sont les Chemises jaunes qui exigent sa démission, tandis que les Chemises rouges ajoutent qu'ils veulent voir tous les partis concernés se mettre d'accord avant d'arrêter leur rassemblement. Le 9 au soir, Abhisit Vejjajiva exhorte les manifestants à donner une réponse claire dans les 24h, après une nouvelle attaque à la grenade sur Sala Daeng, qui tue un policier.

Début de l'opération "Ratchaprasong"

Le 12 mai 2010, les autorités annoncent dans la matinée qu'elles couperont l'eau et l'électricité autour du carrefour Ratchaprasong, avant de faire marche arrière. 

Le 13 mai 2010, l'opération "Ratchaprasong" est belle et bien lancée, et le Centre de résolution des situations d'urgence prévient que des balles réelles pourront désormais être utilisées par les militaires, qui vont faire un blocus autour du quartier.

Le 13 mai 2010, le général militaire pro-rouges, Khattiya Sawasdipol (alias Seh Daeng), est blessé mortellement par un tir de sniper alors qu'il donnait une interview à un groupe de journaliste devant le parc Lumpini, provoquant l’agitation des manifestants. Les Etats-Unis annoncent la fermeture de leur ambassade.

Le 14 et 15 mai 2010, La situation dégénère et des émeutes éclatent un peu partout dans le centre-ville et dans les quartiers environnants. Près d'une vingtaine de personnes sont tuées en l'espace de deux jours, dont un enfant de 10 ans, rapporte The Daily News.

Du 16 au 18 mai 2010, Après une première journée relativement calme, les autorités donnent un dernier ultimatum et proposent d'organiser l'évacuation des femmes et des enfants toujours présents au carrefour Ratchaprasong, qui refusent pour une grande majorité de partir. De nouveaux sites de manifestation apparaissent dans la capitale, notamment à Klong Toey et Victory Monument, alors que les militaires préparent leur assaut final. Le 18, le gouvernement rejette définitivement l'idée d'un cessez-le-feu proposé par les rouges.

Assaut final sur les manifestants

Le 19 mai 2010, Dans la matinée, les militaires lancent l'opération de dispersion des manifestants et détruisent avec des blindés les barricades à Lumpini. Vers 12h, les leaders Chemises rouges appellent à la fin du rassemblement et annoncent leur intention de se livrer la police, afin d'éviter plus de morts. Des poches d'émeutiers éclatent alors un peu partout dans Bangkok, et 27 bâtiments, dont une partie du centre commercial Central World, situé à Ratchaprasong, sont incendiés. De nombreuses femmes avec enfants qui ont peur de partir se réfugient dans un temple à proximité, Wat Pathum Wanaram. Un couvre-feu est ordonné sur près d'un tiers du pays, et tout le monde, y compris les journalistes, ont l'ordre de rester chez eux de 20h à 6h du matin le temps que les autorités "reprennent en main" la situation.

Le 20 mai 2010, Ratchprarasong est dévasté et des centaines de manifestants ressortent terrifiés et choqués par ce qui a pu se passer durant la nuit au Wat Pathum Wanaram. Ces derniers sont évacués par la police vers National Stadium où des bus les attendent pour les ramener chez eux. Certains leaders rouges qui ont fui les scènes de violence sont quant à eux arrêtés un peu plus tard par les militaires. Au total, plus de 90 personnes et 1.900 blessés, dont une grande majorité de civils, sont à déplorer.

Motion de censure

Fin mai 2010, Abhisit Vejjajiva assure qu'il poursuivra le processus de réconciliation nationale – il ira jusqu’au bout de son mandat. La Thaïlande fait le bilan des pertes économiques dues aux manifestations, qui ont durement touché le secteur du tourisme et la confiance des investisseurs étrangers. La censure, quant à elle, est de plus en plus présente sur Internet avec plusieurs centaines de sites bloqués chaque jour.

Le 1er et 2 juin 2010, Un débat de censure est organisé au Parlement sur demande de l'opposition, le parti Puea Thai. De nombreuses affaires de corruption sont notamment évoquées, concernant le Premier ministre Abhisit Vejjajiva et cinq autres de ses ministres, ainsi que les infractions aux droits de l'homme durant leur gestion de la crise durant avril et mai. Néanmoins, l'administration Abhisit disposant avec sa coalition de la majorité au Parlement, le vote de défiance échoue.

Le 20 juin 2010, Un mois après l'opération militaire contre Ratchaprasong, de nombreux intellectuels et défenseurs des droits de l'homme se réunissent à Bangkok et dénoncent l'absence de réponse de la part du gouvernement sur sa gestion de la crise, et notamment ses allégations selon lesquelles les militaires auraient utilisé des balles réelles seulement dans des situations d'auto-défense. 

Prayuth Chan-O-Cha promu chef de l'armée

Le 22 juin 2010, Une dizaine de milliers de Chemises rouges se rassemblent lors de la cérémonie d'adieu au général Seh Daeng, héros militaire rallié aux manifestants et grièvement blessé par un sniper à Lumpini le 14 mai 2010, avant de mourir quelques jours plus tard.

Le 7 août 2010, Le Premier ministre Abhisit est vu dans une manifestation de Chemises jaunes réunis dans un stade au coeur de Bangkok, alors même que l'état d'urgence est toujours en vigueur interdisant en principe les rassemblements de plus de 5 personnes. Les Chemises rouges dénoncent une justice à deux vitesses.

Le 1er octobre 2010, Le général Prayuth Chan-O-Cha, qui faisait partie des principaux officiers en charge de la répression contre les chemises rouges, devient le nouveau chef de l'armée. Il essaye de donner une image rassurante des militaires, affichant la volonté de ne pas être impliqué dans les affaires politiques de la Thaïlande. Le général est toutefois connu pour ses prises de position très dures envers le mouvement des Chemises rouges et l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

Justice à deux vitesses

Le 29 novembre 2010, La Cour Constitutionnelle rejette une plainte contre le Parti démocrate (PD) qui échappe une nouvelle fois à la dissolution -jugé par la même cour en 2007 aux côtés de partis pro-Thaksin, le PD avait été le seul a échapper à la dissolution. Les critiques fusent sur ce verdict sans surprise et dénoncent une justice corrompue et à deux vitesses.

Début décembre 2010, Le Front uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD) accueille à sa tête Thida Thavornseth, qui a la difficile tâche de réunifier le mouvement après la débâcle des manifestations du printemps.

Le 25 janvier 2011, Les chemises jaunes de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) entament une longue manifestation devant la maison du gouvernement contre Abhisit Vejjajiva, critiquant sa mauvaise gestion du dossier du temple de Preah Vihear, source de conflit avec le Cambodge. La division du pays s'accentue tandis que les "Rouges? continuent de rassembler.

Le 19 mars 2011, Abhisit Vejjajiva, ainsi que neuf ministres de son gouvernement, échappent à une nouvelle motion de censure déposée par le Puea Thai. Le parti d'opposition espérait marquer des points à l'approche des élections.

Entrée en scène de Yingluck Shinawatra

Le 16 mai 2011, alors que les élections approchent, Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, est nommée tête de liste du parti d'opposition Puea Thai. Considérée comme novice dans le monde de la politique, Yingluck est également critiquée comme étant trop proche de son frère à qui l'on reproche de tirer les ficelles depuis l'étranger. Elle reste tout de même favorite dans tous les sondages.

Le 19 mai 2011, La campagne électorale est officiellement lancée, alors que les chemises rouges se rassemblent sur le carrefour Ratchaprasong pour marquer le premier anniversaire de la répression violente contre le mouvement antigouvernemental.

Le 14 juin 2011, Le chef de l'armée, Prayuth Chan-O-Cha, fait son entrée dans l'arène politique à quelques semaines des élections. Il intervient à la télévision et demande au peuple de voter pour les "bonnes personnes", un appel déguisé à ne pas voter pour Yingluck Shinawatra et le parti d'opposition Puea Thai.

Le 3 juillet 2011, Avec plus de 250 sièges obtenus, le Puea Thai de Yingluck Shinawatra obtient la majorité absolue aux élections législatives. 

2013-2014 : De la tentative d’amnistie pour Thaksin au coup d’Etat contre Yingluck

1 novembre 2013, Le parti au pouvoir, le Puea Thai, qui domine par la chambre basse du Parlement, vote en faveur du projet de loi d'amnistie politique dont le principal bénéficiaire est l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, actuellement en fuite pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour corruption.

11 novembre 2013, Alors que l'indignation grandit dans la rue, le sénat rejette massivement le projet de loi d'amnistie.

20 novembre 2013, Nouveau coup dur pour Yingluck, la Cour Constitutionnelle invalide un texte de loi proposé par les élus de son parti en vue de réformer la chambre haute pour en faire une assemblée entièrement élue – la Constitution de 2007 rédigée sous les militaires prévoit en effet que la moitié du sénat soit nommée et l’autre élue.

L'ex-vice-Premier ministre meneur du soulèvement

25 novembre 2013, Les manifestants chemises jaunes emmenés par l’ancien vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban, assiègent plusieurs ministères et envahissent certains bâtiments dont notamment le ministère des Finances. Le gouvernement impose une loi spéciale de sécurité intérieure sur la capitale qui octroie à la police des pouvoirs supplémentaires. 

26 novembre 2013, Des manifestants continuent d'assiéger des ministères, la police émet un mandat d'arrêt contre le leader du mouvement, Suthep Thaugsuban.

29 novembre 2013, Les manifestants pénètrent dans le siège de l'armée et invitent les militaires à soutenir leur cause, mais le chef de l'armée affirme que les troupes ne prendront pas parti.

Début des violences de la part des manifestants

30 novembre 2013, Les manifestants chemises jaunes attaquent un bus transportant des partisans du gouvernement. Plusieurs personnes sont tuées et des dizaines de blessés sont recensés lors des violences de rue.

1er décembre 2013, La police utilise des canons à eau et des gaz lacrymogènes sur des manifestants qui tentent de forcer les barricades mises en place par la police pour protéger le siège du gouvernement. Le chef de l'armée, qui avait quelques mois plus tôt utilisé des balles réelles contre les chemises rouges, demande au chef de la police d'arrêter d'utiliser les gaz lacrymogènes.

3 décembre 2013, Après plusieurs jours de combats dans les rues, le gouvernement demande à la police d'éviter toute nouvelle confrontation avec les manifestants, de calmer les tensions avant l'anniversaire du roi.

8 décembre 2013, Les députés du Parti Démocrate, principal parti d'opposition, démissionnent en masse du Parlement.

Yingluck propose des élections anticipées

9 décembre 2013, Yingluck appelle à des élections anticipées alors que les manifestants retournent dans la rue.

21 décembre 2013, L'opposition annonce le boycott des élections.

22 décembre 2013, Les manifestants anti-gouvernement se rassemblent massivement à Bangkok. La police denombre 150.000 manifestants, les organisateurs avancent un nombre beaucoup plus élevé.

25 décembre 2013, Yingluck propose un "Conseil national de réforme", mais les manifestants rejettent l'offre estimant qu'elle n'est pas sincère.

26 décembre 2013, Le gouvernement rejette la proposition de la Commission électorale de reporter l'élection, après de violents affrontements entre la police et des manifestants venus saboter le processus d'enregistrement des candidats.

"Shutdown Bangkok, Restart Thailand"

27 décembre 2013, Le chef de l'armée refuse d'écarter l'éventualité d'un coup d'État affirmant que "tout peut arriver".

28 décembre 2013, Un inconnu armé tue un manifestant de l'opposition et en blesse plusieurs autres.

7 janvier 2014, Des centaines de politiciens sont menacés d'une mise en accusation par la commission anti-corruption en relation avec un projet de loi rejeté par la Court Constitutionnelle destiné à réformer le Sénat pour en faire une assemblée entièrement élue.

13 janvier 2014, Des dizaines de milliers de manifestants de l'opposition assiègent les rues principales de la capitale en vue de "paralyser" entièrement Bangkok, promettant de rester sur place jusqu'à ce que Yingluck démissionne. Leur slogan : "Shutdown Bangkok, Restart Thailand".

Le 21 janvier 2014, le gouvernement décide d'imposer un état d'urgence de 60 jours à Bangkok et dans sa proche banlieue alors que des élections législatives doivent se tenir le 2 février. 

Le 23 janvier 2014, Kwanchai Praipana, l'un leader des "chemises rouges" est blessé par balles dans le nord-est du pays. Les manifestants réclamant la tête de la Première ministre continuent leur combat à Bangkok malgré l'état d'urgence.

Elections maintenues, les manifestants perturbent le scrutin

Le 27 janvier 2014, Le parti au pouvoir décide de ne pas reporter les élections législatives prévues le 2 février contre la volonté des manifestants. Il accuse également la commission électorale de complicité avec les protestataires. Le parti d'opposition appelle au boycott des élections.

Le 1er février 2014, Des violences éclatent la veille des législatives dans le district de Laksi entre pro et anti-gouvernementaux.

Les 2 février 2014, Le scrutin est sérieusement perturbé par les manifestants. La commission électorale annonce un taux de participation de 45,84 %. 10.000 bureaux de vote ont dû rester fermés.

Le 18 février 2014, Des heurts entre manifestants et policiers font 4 morts dont un policier et 64 blessés. La police essaye en vain de libérer à nouveau certains sites occupés par les protestataires, dont le siège du gouvernement. Par ailleurs, Yingluck Shinawatra est sur le point d’être inculpée pour négligence dans le programme de subvention pour les riziculteurs. Elle risque sa destitution.

Intensification des violences à Bangkok et en province

Les 22 - 24 février 2014, La violence monte d'un cran en Thaïlande. A Trat, à 300km à l'est de Bangkok, une fusillade provoque la mort de deux fillettes de cinq ans et blesse 30 personnes, dont six gravement. Le lendemain, à Bangkok, l'explosion d'une grenade fait deux morts, dont un enfant. L'ONU appelle au calme et craint l'escalade de la violence. Alors que les manifestants ont plusieurs fois appelé l’armée à prendre le pouvoir, le chef de l'armée dit craindre l'effondrement de son pays et affirme que l'armée se tient prête à "faire son devoir".

Le 27 février 2014, Un quatrième enfant succombe à ses blessures. Le bilan atteint 22 morts et plus de 700 blessés depuis le début de la crise.

Le 2 mars 2014, Après les perturbations survenues le 2 février, des élections législatives partielles se sont tenues dans 101 circonscriptions thaïlandaises. Si aucun incident n'est à répertorier, les "rouges" ont affirmé leur volonté de se mobiliser, alors que jusque-là ils s'étaient abstenus.

Les 15 et 16 mars 2014, Les rouges changent de leader. Tida Tawornseth est remplacée par Jatuporn Prompan qui appartient à la branche dure du mouvement. Ce dernier déclare sur le ton guerrier qu'une "grande bataille" se profile.

Elections invalidées par la Cour Constitutionnelle

Le 18 mars 2014, Après 60 jours, l'état d'urgence est levé sur la capitale thaïlandaise et sa proche banlieue. L'intensité des manifestations diminue.

Le 21 mars 2014, La Cour constitutionnelle invalide sans surprise les résultats des élections législatives du 2 février. C'est une victoire pour l'opposition et les manifestants.

Le 24 mars 2014, Les manifestations reprennent après trois semaines de calme. 

Le 2 avril 2014, Yingluck Shinawatra est cette fois accusée d'abus de pouvoir dans le cadre du licenciement du chef du conseil de sécurité, Thawil Pliensri. La Cour constitutionnelle accepte d'examiner la pétition qui vise à démettre la Première ministre de ses fonctions.

Défendre Yingluck menacée de destitution

Le 4 avril 2014, Des centaines de chemises rouges s'entrainent au combat de rue dans des camps du nord de la Thaïlande alors que se profile, le lendemain, une véritable vague rouge sur Bangkok. Ils entendent ainsi défendre la Première ministre menacée de destitution. Les rouges annoncent cependant des manifestations pacifiques.

Le 22 avril 2014, Le parti démocrate opposé au gouvernement refuse de participer à une réunion entre partis politiques pour définir de nouvelles élections législatives. Cette alternative constitue un revers pour l'opposition qui souhaite un "conseil du peuple" non élu.

Le 29 avril 2014, la Commission électorale fixe les nouvelles élections au 20 juillet. L'opposition, défavorable à ce nouveau scrutin, annonce d'ores et déjà un nouveau boycott.

Le 3 mai 2014, Abhisit Vejjajiva annonce un plan de sortie de crise qui suppose la démission de Yingluck Shinawatra pour qu'un conseil issu de l'opposition puisse proposer des réformes qu'un gouvernement nommé par le Sénat sera libre d'approuver. Ce plan est jugé anticonstitutionnel par de nombreux hommes politiques et analystes.

La Cour constitutionnelle destitue la Première ministre

Le 7 mai 2014, La Première ministre, Yingluck Shinawatra, est destituée par la Cour constitutionnelle. Accusée d'abus de pouvoir dans l'affaire de la mutation du chef du Conseil de sécurité nationale, elle est remplacée par son Vice-premier ministre, également ministre du Commerce, Niwattumrong Boonsongpaisan. Neuf autres membres du gouvernement sont destitués.

Le 8 mai 2014, Yingluck Shinawatra est reconnue coupable par la Commission Anti-corruption de négligences dans le cadre du programme de subventions accordées aux riziculteurs.

Le 12 mai 2014, Les manifestants quittent le parc Lumpini pour se rassembler uniquement autour de la Maison du Gouvernement. La veille, ils avaient envahi les locaux de plusieurs chaînes de télévision, exerçant des pressions sur les médias.

Le 15 mai 2014, L'explosion d'une grenade et des échanges de tirs font trois morts et une vingtaine de blessés sur le camp des manifestants de Democracy Monument. L'armée menace d'intervenir en cas de nouvelles violences.

Coup d'Etat avant la «bataille finale» de Suthep

Le 18 mai 2014, Suthep annonce -pour la onzième fois- la «bataille finale». Il affirme vouloir se rendre à la police à l'issue de son dernier combat et accepter la situation d'alors. Il appelle les syndicats de travailleurs à faire grève le 22 mai.

Le 20 mai 2014, l'armée impose la loi martiale qui lui permet de prendre les pleins pouvoirs. Son chef, Prayuth Chan-O-Cha, affirme ne pas vouloir faire un coup d'Etat mais seulement sécuriser le pays face aux menaces de violences. Les chaînes de télévision et les stations radios dites partisanes sont censurées et les «chemises rouges», basés en périphérie de Bangkok, encerclés par les forces armées.

Le 22 mai 2014, après deux réunions infructueuses entre les différentes parties, le chef de l'armée prend le pouvoir. Il s’agit du deuxième putsch dans la même décennie. La junte invoque la nécessité de rétablir l'ordre face aux manifestations de rue orchestrées par ses propres soutiens. Les militaires promettrons des élections pour 2015, mais repousseront plusieurs fois l'échéance.

2014-2020 - Le roi est mort, vive le roi !

13 octobre 2016 - Le roi Bhumibol Adulyadej décède après 70 ans de règne. S'ensuit un longue période deuil national d'un an.

1er décembre 2016 - Le prince héritier Maha Vajiralongkorn devient roi de Thaïlande, ouvrant un nouveau chapitre pour la puissante monarchie dans un royaume qui observe toujours le deuil de son père.

6 avril 2017 - Une Constitution rédigée par un panel nommé par l'armée est ratifiée après avoir été approuvée par référendum, ouvrant la voie à des élections. Le texte comprend des changements demandés par le roi Vajiralongkorn qui accroit ainsi ses pouvoirs.

Elections controversées

7 février 2019 - Le roi réprimande sa sœur, la princesse Ubolratana, à propos de sa nomination par un parti lié à Thaksin comme candidate au poste de Premier ministre. Le parti est ensuite dissous par la Cour Constitutionnelle juste avant l'élection.

24 mars 2019 - Des élections législatives se déroulent de façon chaotique suscitant de nombreuses plaintes pour tricherie et achat de voix. L'ancien chef de l'armée Prayuth Chan-O-Cha, qui a dirigé le coup d'État de 2014 avant d’être nommé par la junte Premier ministre du gouvernement militaire, dirige un parti pro-armée qui remporte la majorité des votes.

20 novembre 2019 - La Cour Constitutionnelle disqualifie de son siège de parlementaire la figure montante de l'opposition, Thanathorn Juangroongruangkit, chef du parti Anakot Mai (Nouvel Avenir ou Future Forward en anglais). La décision de cette cour, dont plusieurs jugements ces 15 dernières années ont fait basculer la politique en faveur de l’establishment, amène des milliers de personnes à se rassembler à Bangkok.

12 janvier 2020 - Plus de 12.000 personnes se joignent à une «course contre la dictature» anti-gouvernementale dans la plus grande manifestation antigouvernementale depuis le coup d'État de 2014. Un groupe rival organise une course en faveur de Prayuth Chan-O-Cha.

Manifs de jeunes après la dissolution du parti Anakot Mai

21 février 2020  - Le parti Anakot Mai est dissout pour avoir accepté un prêt de son chef Thanathorn Juangroongruangkit, provoquant une série de petites manifestations étudiantes sur les campus universitaires.

22 mars 2020  - Compte tenu des restrictions sanitaires contre le nouveau coronavirus, les manifestations étudiantes s'arrêtent, mais les critiques contre le gouvernement se poursuivent en ligne, certaines impliquant aussi le roi. Le mot dièse "#unroipourquoi?" est posté plus d'un million de fois.

8 juin 2020  - De petites manifestations ont lieu pour appeler à une enquête sur la disparition d'un ancien conseiller du gouvernement Shinawatra exilé au Cambodge.

15 juin 2020  - Prayuth avertit les militants politiques de ne pas critiquer la monarchie tout en rappelant que le roi Vajiralongkorn a demandé à ce que la loi de lèse-majesté ne soit pas invoquée.

24 juin 2020  - Des manifestants se rassemblent pour marquer l'anniversaire de la fin de la monarchie absolue en 1932.

Demandes inédites de réformes de la monarchie

18 juillet - Environ 2.500 manifestants se rassemblent au Monument de la démocratie, l'une des plus grandes manifestations depuis le coup d'État, appelant à la dissolution du parlement et à de nouvelles élections.

4 août 2020 - Des orateurs lors d’une manifestation à Bangkok demandent que le pouvoir de la monarchie soit limité, du jamais vu depuis des décennies dans un pays qui punit sévèrement les critiques envers la famille royale.

7 août 2020 - Deux militants du mouvement antigouvernemental, l'avocat des droits de l'homme Anon Nampa, 36 ans, et l'étudiant Panupong Jadnok, 24 ans, sont arrêtés puis libérés sous caution le lendemain. Ils sont notamment accusés de sédition pour avoir participé au rassemblement du 18 juillet au Monument de la démocratie. Durant les semaines suivantes, une douzaines d'activistes ayant pris part aux manifestations seront arrêtés puis libérés sous caution.

16 août 2020 - Plus de 10.000 Thaïlandais emmenés par des groupes d’étudiants se rassemblent à Bangkok pour former la plus grande manifestation anti-gouvernementale depuis le coup d’Etat de 2014, faisant encore monter d’un cran la pression sur l’ex-putschiste, le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha. 

Le 3 septembre - Les militants pro-démocratie Anon Nampa et Panupong Jadnok sont de nouveau arrêtés et placés en détention provisoire mais cette fois ne cherche pas la libération sous caution. Ils seront finalement libérés le 7 septembre par la cour pénale de Bangkok après que la police a retiré sa demande de détention.

Les collégiens dénoncent un système d'éducation "archaïque"

5 septembre 2020 - Plusieurs centaines d'élèves du secondaire manifestent à Bangkok pour exiger la réforme d'un système éducatif qu’ils estiment dépassé. Le rassemblement s’inscrit dans une série de manifestations menés durant les semaines précédentes, en parallèle au mouvement politique etudiant, par des lycéens qui disent aspirer à une société plus en phase avec son temps.

17 septembre 2020 - Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha appelle les étudiants qui prévoient une grande manifestation anti-gouvernementale les 19 et 20 de faire passer la lutte contre le Covid-19 avant leurs idéaux, brandissant les risques de contagion, alors que l'épidémie est éteinte dans le royaume depuis plusieurs mois.

19 septembre 2020 - Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent à Sanam Luang dans le centre historique de Bangkok. Il s’agit de la plus grande manifestation depuis le coup d'État de 2014. La foule applaudit les appels à des réformes de la monarchie et à la démission du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha.

20 septembre 2020 - Des manifestants installent une plaque sur l’esplanade de Sanam Luang près du Grand Palais à Bangkok portant un message disant que la Thaïlande appartient au peuple et non au roi. La foule défile ensuite pour aller présenter aux autorités leurs demandes dans une lettre adressée au roi avant de se disperser.

21 septembre 2020 - La police dit avoir saisi la plaque des manifestants et s’apprêter à engager des poursuites contre les dirigeants qui l’ont posée. Le représentant d’un groupe ultra-royaliste dépose plainte pour lèse-majesté.

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