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Robert Cahen est l'un des pionniers de l'art vidéo dans le monde. Diplômé en 1973 de la classe de Pierre Schaeffer du Conservatoire supérieur de musique de Paris, il a ouvert un nouveau champ à l'art vidéo, traitant les images comme des sons, les transformant, jouant avec les ralentis, créant un univers poétique où il explore infatigablement notre relation au temps. « Je construis ma vie en allant vers la culture des autres, dit-il, je trouve des points d'entente qui me nourrissent et servent mes images. »
Après une exposition à Hong Kong en 2008 présentée par l'Alliance Française de Hong Kong, le Musée d'art de Macao présente dans le cadre du French May 2015, une grande rétrospective de ses ?uvres cet été. L'exposition de Macao, qui comprend ses créations les plus récentes, porte le titre d'une de ses plus célèbres ?uvres, Traverses (2002) qui nous transporte dans un autre espace, hors du temps où nous sommes :
Une forme se distingue au loin comme enveloppée d'une brume blanche, elle s'approche. C'est un homme qui marche lentement tenant par la main un enfant, il grandit devant nous et au bord de l'écran soudainement s'évapore dans la lumière blanche. Le silence, le blanc à nouveau et c'est une femme qui apparaît... et disparaît. Sommes-nous hors du temps ? Est-ce un monde passé ? Sont-ce les morts qui errent ainsi dans un néant blanc ?
Robert Cahen, La Barre jaune, 2014, 6', projection murale en boucle, couleur, sonore. Image: Rob Rombout /Montage : Thierry Maury. Production : Pixea Studio. Collection de l'artiste
Robert Cahen intrigue, dans ce monde de l'art contemporain souvent violent et direct, il ne craint pas une démarche poétique ou magique : il nous affranchit du temps de nos horloges.
La recherche de Robert Cahen est dès les années 70 habitée par la notion de « passage » : passage de l'image fixe à l'image en mouvement, passage d'un lieu ? et d'un temps ? à un autre. Transit. Transformation, métamorphose de la réalité filmée et du regard: paysages/passages vus au ralenti par un ?il contemplatif et visionnaire, exploration du son en relation avec l'image.
Il inscrit sa démarche dans un dialogue sans cesse renouvelé entre visible et invisible, narration et poésie, distance et présence face à un monde autre, un monde rendu différent ? beau, perturbant ? par les métamorphoses du temps et de l'espace.
En exemple, l'une des ?uvres les plus marquantes est Tombe, créée en 1997, dans laquelle Robert Cahen s'intéresse à la chute des corps, à l'apparition et la disparition d'objets en apesanteur. Dans un bleu aquatique et uniforme des objets ordinaires, des jouets, des vêtements, un drap de lit, une chaise glissent lentement devant les yeux, tombant dans un silence abyssal vers des profondeurs inconnues ; on les regarde pour la dernière fois et on a l'impression de les voir pour la première fois, sachant qu'elles partent vers un non-retour. Cahen nous projette dans le flux du temps, l'espace entre vie et mort, souvenir et oubli.
Le monde de Cahen s'étend à d'autres domaines. En Artique (Le cercle 2005), le réalisateur a filmé les étendues glaciaires, les blocs de glace bleutés dérivant sur la mer, les bateaux fantomatiques et les apparitions énigmatiques de quelques personnages sur le rivage dans un cadre qui rappelle le tableau Le moine au bord de la mer de Caspar David Friedrich. Ces images forment un univers nouveau, abstrait et parfois inquiétant.
Le bleu du film de Robert Cahen qui est l'image du froid et de la solitude, la lenteur des paysages à laquelle s'accorde le vol des oiseaux et le mouvement des hommes, dûment équipés pour affronter les mystères de cette terre unique, sont en harmonie avec son envoûtante désolation.
Juste le temps (1983, 1er prix des Festivals de vidéo de San Sebastian et Grenoble) est une ?uvre charnière pour la vidéo des années 80. Parenthèse d'un moment de voyage où des paysages transformés deviennent acteurs à part entière d'une histoire qui, en filigrane, raconte la possible rencontre entre deux êtres. « Les limites entre le paysage extérieur et l'intérieur du compartiment, entre le sommeil et l'état de veille, entre les bruits et les silences, et même entre les personnages s'atténuent au point de s'effacer. La notion de passage, si bien illustrée par le voyage en train, imprègne l'histoire toute entière. » (Sandra Lischi) .
Le musée de Macao présente 17 ?uvres, installations et vidéos, dont une réalisée à par l'artiste Macao à l'occasion du vernissage.
Traverse
Video Installations by Robert Cahen
Jusqu'au 20/9/2015
Macao Museum of Art
Article "Robert Cahen: Traverse" de Gérard Henry, publié dans le magazine Paroles n°246 - juillet/août/sept 2015
«?PORTRAIT R CAHEN jpg?» par Robert Cahen ? Robert Cahen. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons
(www.lepetitjournal.com/hongkong) mercredi 22 juillet 2015


































