ENTRETIEN : Stéphane Ruiz-Coupeau, Directeur du campus de l’ESSCA à Malaga

Charlotte Marchand, LepetitJournal : Pouvez-vous me faire une présentation de l’école ?

Stéphane Ruiz-Coupeau : Tout d’abord L'ESSCA est une grande école de commerce internationale, originaire d'Angers, qui a été créée en 1909. Elle s'est énormément développée ces 30 dernières années en ouvrant 10 campus à travers le monde dont 6 en France, à Angers, Paris, Aix-en-Provence, Lyon, Bordeaux et Strasbourg.

Il y a 31 ans, en 1993, nous avons ouvert notre campus international à Budapest, en Hongrie, puis un autre à Shanghai, en Chine, en 2007. Plus récemment, dans le cadre de notre plan stratégique Odyssée 20/24, l'ESSCA a exprimé sa volonté de continuer à s’ouvrir à l’international. L'année dernière, nous avons ainsi créé deux nouveaux campus, l’un à Luxembourg et l’autre à Malaga.

À l’heure actuelle nous faisons partie du 1% des écoles de management étant triplement accréditée par les agences internationales AACSB, EQUIS et AMBA

Concernant nos programmes de formation, nous proposons principalement des formations post-bac sur 3 et 5 ans, tels que le Programme Grande Ecole et le Bachelor en Management International. Nous proposons aussi le Master en Management en 2 ans et des MSC dans différents domaines de management, comme la finance et le data analytics, le management de l’Intelligence Artificiel ou encore le management du luxe international.

Qu’est-ce qui différencie l’ESSCA des autres écoles de commerce ?

La première différence marquante est que l’ESSCA est la seule école de commerce française à adopter une stratégie multi-campus aussi développée. Elle bénéficie d’un fort ancrage territorial en France, ce qui signifie que n'importe quel étudiant français peut avoir accès à un campus à moins de 200 km de chez lui.

D'autre part, nos 4 campus internationaux permettent aux étudiants d’effectuer leur formation à l’étranger, et ce, plusieurs fois tout au long de leurs études (…) par exemple un étudiant ou une étudiante en Bachelor en Management International, pourra effectuer ses 3 ans d’étude dans 3 pays différents, voire cinq pays, tout en réalisant entre deux et trois stages. Cela constitue une excellente opportunité pour se démarquer par un CV unique et à forte employabilité.

Nous venons également d’être élus deuxième meilleure école de commerce post-bac par Le Figaro dans son Classement des écoles de commerce post-bac 2025. 

Enfin, ce qui nous différencie également, et je pense qu’il est très important de le rappeler, sont la collaboration des 200 membres permanents de la faculté ainsi que plusieurs centaines de spécialistes de haut niveau. Très actifs dans la recherche en sciences du management, ils contribuent à la qualité des cours dispensés et apportent une vision théorique et pratique ancrée vers les défis de l’avenir

L’ESSCA fait son entrée dans le classement de Shanghai - ESSCA pour la première fois cette année, classement qui référencie les meilleures universités et établissements supérieurs en termes de l’impact de la recherche réalisée.

Pouvez-vous m’en dire plus sur le nouveau campus ? Quelle capacité d’accueil ?

Nous avons commencé l'année dernière dans ce campus provisoire, où nous louons des salles à Calle Diego de Vergara 13. Il y a un mois, nous avons entamé les travaux du nouveau campus, qui sera installé dans un ancien couvent des Sœurs Nazaréennes, à côté de la fondation Unicaja María Cristina. C'est un cadre très agréable où il y a beaucoup d'activités culturelles.

Nous souhaitons transformer ce couvent en un magnifique campus de 3500 m2 avec une capacité d’accueil de 450 étudiants. Il sera composé de 12 salles de cours, d’un foyer pour les étudiants, d’une zone de restauration et d’une médiathèque. Toutes les salles de cours seront accessibles aux personnes en situation de handicap.

L’une des particularités du bâtiment est qu'il dispose d’un atrium intérieur spectaculaire. Je pense que ça va faire un fort effet pour les étudiants et étudiantes, pour toutes les entreprises et les partenaires qui vont venir à l'école. Le bâtiment est dans une zone qu'on appelle “Bien d'Intérêt Cultural du centre-ville de Malaga”, il est donc protégé et le projet de rénovation a dû passer des contrôles de la Délégation de Culture et du Patrimoine historique de la Junta de Andalucia ainsi que respecter les demandes et exigences de la mairie. 

Quels sont les grands projets pour cette année ?

Pour le premier semestre de l'année scolaire 24-25, nous avons environ 120 étudiants qui sont en troisième année du Programme Grande École (PGE) qui effectuent leur semestre international, ici, à Malaga. En janvier, nous allons recevoir 140 nouveaux étudiants du PGE ainsi que 60 en Bachelor. On compte également accueillir des étudiants d'échanges internationaux venant par exemple d'Argentine et du Royaume-Uni.

De plus, nous lançons deux programmes d'été, l’un sur le management des jeux vidéo et l’autre en management et finances globales. Ce sont des programmes intensifs de trois semaines, conçus pour impliquer les étudiants de nos universités partenaires.

Il est également important de préciser que l’intégralité de nos cours est dispensée en anglais, à l’exception du cours intitulé « Doing Business in Spain ». Nous proposons également des cours d’espagnol, mais nous privilégions l’anglais, car c’est la langue des affaires internationales. Maîtriser l’anglais, en plus de la langue du pays, permet de trouver plus facilement un stage.

Avec quelles entreprises êtes-vous en lien, ici à Malaga ?

Pour l'instant, nous avons organisé de nombreuses visites d’entreprises pour que les étudiants puissent découvrir l'écosystème technologique et entrepreneurial de Malaga.

Les entreprises sont très intéressées par notre projet à Malaga

Nous avons également organisé des Career Days où plusieurs entreprises sont venues présenter leurs projets et leurs différentes propositions de stages. Pour le moment, nos partenariats consistent à organiser des visites, des conférences et des rencontres avec les départements RH pour faciliter les stages. À l’avenir, nous souhaitons approfondir ces relations et développer des projets de recherche ainsi que des company projects avec les entreprises.

Vous formez vos élèves à l’utilisation de l’IA, quels enjeux cela représente-t-il ? Pourquoi ? 

Nous avons abordé l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) avec une approche très ouverte, en partant du constat que tous les étudiants l'utilisent. Nous avons donc décidé de les accompagner afin qu'ils s'en servent de manière intelligente et éthique, tout en développant un esprit critique. À Malaga, nous avons notamment créé un cours sur la digitalisation des entreprises, avec une partie très importante consacrée au management de l'IA.

Nous avons également développé un « ESSCAbot », une version personnalisée de ChatGPT, que les étudiants peuvent utiliser pour poser des questions sur ce cours. Cela est particulièrement intéressant, car ce bot a été configuré pour soutenir les étudiants, être bienveillant avec eux et les aider dans leurs études.

L'année dernière, un Master of Science en management de l'IA a été lancé à Paris, avec l'objectif de pouvoir, à terme, également le proposer sur le campus de Malaga

Vos programmes intègrent-ils les enjeux liés au dérèglement climatique ?

À l’ESSCA, nous avons une Direction de l'Impact Durable et de la RSE dirigée par le professeur François Viaud, qui vise à former des managers, entrepreneurs et entrepreneuses responsables, tout en œuvrant pour atteindre la neutralité carbone des campus à l’horizon 2035. L’ESSCA a obtenu le label DD&RS (Développement Durable et Responsabilité Sociétale), qui reconnaît et valorise la démarche en matière de développement durable et de RSE des institutions d’enseignement supérieur et de recherche.

Pour renforcer son engagement, l’ESSCA a créé 3 instituts de recherche : l’Institut des Transports et Mobilités Durables ,  l’Institut de la Mode Éthique et Consommation Écologique, et l’Institut “AI for Sustainability”, qui promeut la recherche interdisciplinaire sur l’IA et sa capacité à soutenir un avenir durable pour notre planète. Nous savons qu’à chaque fois que l’on écrit un prompt via une IA générative, il y a une importante consommation d’énergie dans les data centers. Une réflexion est donc en cours sur l’impact de l’IA et sur les moyens de déployer et d’intégrer l'IA générative dans des pratiques plus vertueuses. Ces réflexions autour du développement durable sont cruciales.

De plus, la création récente de campus en Europe, notamment à Malaga et à Luxembourg, reflète notre volonté de réduire les déplacements des étudiants dans des zones géographiques plus proches, afin de limiter les voyages à l’autre bout du monde.

Durabilité et commerce sont-ils des termes antinomiques ? 

Je ne pense pas du tout que ces deux concepts soient nécessairement antinomiques. Par exemple, dans le cadre de l’Institut de la Mode Éthique de l’ESSCA, déjà mentionné, nos chercheurs soulignent la nécessité de nouvelles stratégies de marketing qui allient consommation éthique et impact environnemental, en invitant à repenser la distribution et la communication pour favoriser une consommation responsable.

Pour plus d’informations rendez-vous sur le site internet de l’ESSCA : The leading international business school that opens up all possibilities