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Entretien avec Brigitte Léal du MNAM, Centre Pompidou Paris

Centre Pompidou malagaCentre Pompidou malaga
Écrit par Bernard Frontero
Publié le 25 mai 2020, mis à jour le 10 juin 2021

Lors de l’ouverture au Centre Pompidou de Málaga de l’exposition «De Miro à Barcelo, un siècle d’art espagnol» nous avions eu le plaisir d’échanger avec la personne qui l’a imaginée et mise en place, la directrice adjointe en charge des collections du Musée National d’Art moderne au Centre Pompidou de Paris et commissaire de l’exposition, Brigitte Leal. Nous lui avons le plaisir de lui donner la parole afin qu’elle nous parle de cette amitié artistique forte entre l’Espagne et la France.

 

LePetitJournal.com: Comment est venue l’idée de cette exposition

Brigitte Leal:  A l’occasion des 5 ans d’ouverture du Centre nous souhaitions, avec Bernard Blistene, le directeur du Centre Pompidou Paris, profiter du formidable fond d’art espagnol qui nous conservons dans les collections, pour consacrer une exposition à l’art espagnol, ce qui n’a jamais été fait. Alors c’est vrai qu’on ne le fait jamais pour d’autres nationalités car l’idée d’un art national nous semble aujourd’hui quelque chose d’un peu obsolète...un peu caduc.

Miro a Barcelo Brigitte Leal Pompidou Malaga Paris
intervention de Eryk Pall pour le MaF 2021

Brigitte Leal Centre Pompidou Malaga Paris Miro Barcelo

 

Ici au Centre Pompidou Malaga on pouvait le faire, présenter les œuvres les plus belles et c’est vrai qu’avec notre collection on peut parcourir un siècle d’histoire de l’art espagnol, de façon très varié, car sont aussi proposé une collection de films, des sculptures...

J’imagine que le choix des œuvres ne fut pas facile, comment les avez vous choisi ?

Non ce n’est pas facile d’abord on les choisit en fonction de l’espace que l’on a, du bâtiment évidemment c’est un parcours qui peut paraître rapide étant donné la richesse de l’art espagnol sur un siècle, mais l’idée était de montrer que pour chacun des grands mouvements des avant-gardes au XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui il y avait une présence très trés forte des artistes espagnols. 

Bien sur il y a Picasso , qui est un peu le leader de tout le siècle jusqu’à sa mort en 73, c’est lui qui accueille Miro, Dali lorsqu’ils arrivent à Paris. Il a toujours beaucoup soutenu les jeunes artistes espagnols jusqu’à la fin de sa vie et donc il y a eu ce lien d’amitié artistique aussi et nous avons souhaité faire ce projet par le prisme des relations artistiques entre la France et l’Espagne qui étaient d’une richesse extraordinaire. 

Evidemment il y eut ensuite la coupure de la guerre civile espagnole, la seconde guerre mondiale et puis l’exil. Les artistes, sous le régime franquiste, ne peuvent pas avoir une véritable existence en tant que tel, ils ne sont pas forcément brimés par le régime mais il n’y avait pas de musée d’art moderne, pas de galerie, il sont souvent censurés, et la plupart, soutenus par l’Institut Francais de Barcelone de l’époque ont eu une bourse pour venir à Paris, cela a été le cas pour Tapies, Saura et pour eux ce fut vraiment une aventure extraordinaire. C’est là qu’ils ont été soutenue par plusieurs galeries, par des marchands comme Daniel Cordier, et ils ont pu trouver un débouché à leur art. 

Ensuite nombre d’entres eux ont fait la navette entre les deux pays. Certains comme Xavier Valls sont toujours restés en France, mais ils ont fini par être invité par les institutions officielles espagnoles et puis la dernière génération est celle de la liberté, celle de Christina Iglesias, de Barcelo. Barcelo est Catalan mais a conservé son atelier à Paris, et son appartement. Il était longtemps au Mali mais depuis la guerre civile au Mali, il vit lui aussi entre nos deux pays comme c’était le cas d’Arroyo aussi. 

Bon aujourd’hui l’histoire est différente , les artistes sont partout dans le monde, il y a une diffusion de l’information, il y a le phénomène des foires internationales, c’est complètement différent. 

José María Luna Brigitte Leal Pompidou Malaga Paris Miro Barcelo
Brigitte Leal et José María Luna, directeur Centre Pompidou Malaga

Le lien entre la France et l’Espagne, il est bien réel comme le démontre cette exposition?

Oui, tous ces mouvements d’Avant-Garde qui naissaient à Paris, avant guerre, sont vraiment nés d’une fraternité entre les artistes. C’était des mouvements d’artistes plasticiens mais il y avait aussi des poètes, des écrivains , il y aussi une grande solidarité pendant la guerre; c’était aussi des artistes engagés souvent, et donc ils ont partagés beaucoup et c’est vrai qu’il y a une espèce de chaîne entres eux aussi qui s’est créée.

C’est alors qu’il y a eu les grands mouvements artistiques, le Surréalisme, un moment fort pour l’art espagnol. 

Dans les années 50 et 60 les espagnols de Paris ne créeront pas un mouvement en soi , chacun travaillant de façon plus isolé, mais malgré tout, cette vie fut une grande joie pour eux, de voir que Tapies, par exemple, a eu sa Fondation à Barcelone, Saura qui était très présent au Musée d’Art Abstrait de Cuenca... Et puis cette reconnaissance par les nombreuses rétrospectives au Reina Sofia! Cela a été souvent une découverte pour les espagnols eux mêmes parce qu’il y avait juste Barcelone avec la Galerie Gaspar qui les exposait timidement, il faut savoir que le musée Picasso de Barcelone s’est ouvert en 1963 et aucun représentant de l’état espagnol n’était présent, cela s’est fait clandestinement, la ville de Barcelone voulait vraiment ce musée mais l’état n’était absolument pas présent, et cela s’est fait avec les donations de Picasso. Lui n’est pas venu, c’est Jacqueline Picasso qui est venue, malgré tout. 

Aujourd’hui c’est une autre belle histoire qui continue, et espérons que la liberté et la démocratie soient pérennes. 

Centre Pompidou Malaga

Le Centre Pompidou, comme l’ensemble des 40 musées de la ville de Malaga, la “ciudad de las museos” - la Fundación Picasso-Museo Casa Natal, le Museo Ruso, le CAC Málaga, le Musée Carmen Thyssen, le Musée du Patrimoine Municipal, le Musée Revello de Toro et le Musée de la Musique de Málaga (MIMMA) mais aussi le site de l’Alcazaba et Gibralfaro comme les Archives Municipales, les bibliothèques, le Centre de Documentation de la Fondation Picasso-Casa Natal, les salles d’exposition Mingorance et Moreno Villa vous attendent... en suivant les règles de sécurité.

 

Profitons de ces moments pour visiter ces lieux, 40 musées...qui font de Malaga la capitale culturelle du Sud de l’Europe!

 

 

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