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ADJARRA - Le tam-tam au coeur de l'artisanat de la région

La commune d'Adjarra, située dans le département de l'Ouémé à environ 7 km de la capitale béninoise Porto-Novo et à la frontière du Nigéria, est réputée pour sa viande, notamment celle de porc et pour son artisanat. Elle est passée maître en matière de fabrication de tam-tams. Focus sur une technique qui se transmet de génération en génération.

Pour nous rendre à Adjarra, nous passons par un guide de l'office de tourisme de Porto-Novo, situé en plein c?ur de la ville, au centre de la place Jean-Bayol.

Le guide nous emmène à une dizaine de kilomètre au nord-est. Nous arrivons à Adjarra par une piste de terre rouge assez difficile d'accès. Le guide nous indique que malgré les apparences, la commune d'Adjarra et ses villages environnants comptent environ 65,000 habitants.

Plus de la moitié de la population s'investit dans le secteur tertiaire. En effet, les habitants d'Adjarra sont d'habiles artisans. Ils transforment les matières premières naturelles et locales qui les entourent en abondance (palme raphia, palmier à huile, rotins, joncs, etc) pour en faire de la vannerie, des tressse de nattes, de la sculpture, du tissage.

Tout au long de la rue principale et notamment sur la place du marché central qui a lieu tous les cinq jours, on trouve des paniers en tresse, de la poterie en terre cuite, des produits de la forge et des instruments de musique.

Le tam-tam règne en maître au milieu des autres instruments. Il en existe de toutes les tailles, de toutes les formes, peints ou bruts. La recherche permanente d'un son idéal, amène les artisans à user d'ingéniosité pour donner forme et vie à cet instrument à percussions.

Notre guide nous emmène chez l' « Ivoirien », un natif d'Adjarra, que l'on surnomme ainsi, car il est allé présenter son art partout dans la sous-région et notamment en Côte d'Ivoire. Il nous explique que l'art de jouer du tam-tam (aussi appelé « djembé ») se transmet de génération en génération. Lui-même a appris à jouer grâce à son père et transmet sa passion à ses enfants.

Il n'y a pas d'école pour apprendre à jouer du tam-tam. « C'est comme l'école de la vie », nous dit-il, les enfants sont bercés dès leur enfance aux différentes sonorités. Dès qu'ils sont en âge de tenir debout, ils commencent à jouer. Quand les enfants rentrent de l'école, ils assistent leurs ainés dans la fabrication des instruments : sculptures sur bois, revêtement de la boite sonore avec des peaux de chèvres ou de zébu, peinture. Ils s'initient ainsi à tout un art qu'ils exerceront plus tard s'ils le souhaitent.

Assis au milieu de son atelier, l' « ivoirien » se met à jouer, très vite accompagné de son ainé, qui, revenant tout juste de l'école, s'installe avec son père et entonne les rythmes de la région. L' « ivoirien » nous explique ensuite que la qualité du bois est essentielle pour donner au tam-tam son rythme et sa sonorité. Un tam-tam est voué à durer toute une vie. Un bois de mauvaise qualité l'expose à l'usure et aux attaques des termites. Les peaux, elles, se changent au fur et à mesure, si elles ne sont plus utilisables.

Ecoutez le joueur de tam-tam en cliquant ici

Dans la cour de la maison familiale des troncs d'arbre attendent leur seconde vie. Il s'agit pour la plupart de bois d'iroko qui se trouve dans la forêt environnante. L'abattage de l'arbre est fait sous la supervision des agents des eaux et forêts. Ensuite, on scie les troncs d'arbres pour sortir des formes. A l'aide d'une hachette, un trou est formé dans le bois pour lui donner la forme de tam-tam. Il en existe de plusieurs tailles qui donneront des sons différents. La forme est ensuite polie et ajustée pour prendre définitivement la forme voulue du tam-tam, qui sera enfin sculpté et poli, parfois peint à la commande ou selon l'inspiration de l'artiste.

Les fabriquant de tam-tam d'Ajarra arrivent plus ou moins à vivre de leur art. Artistes béninois ou nigérians, touristes viennent de tout le pays pour en acheter. Le tam-tam est également utilisé lors de festivités locales ou vaudous pour les rites. L' « ivoirien » nous explique que selon les commandes, il vit de son art depuis des décennies et il s'en déclare très satisfait.

Florence Bourreau (www.lepetitjournal.com/cotonou) lundi 6 juin 2016