

Voilà maintenant près de six ans que Marc Serrano, 33 ans, a quitté sa Nîmes natale pour venir s'installer en Espagne, afin de percer dans le monde de la tauromachie. Ce jeune torero matador, passionné depuis sa jeune enfance, raconte son parcours
(Photo DR)
Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre un torero français, surtout en Espagne : "En France, nous sommes une dizaine de matadors. Je suis un des seuls à m'être installé de ce côté-ci des Pyrénées : la plupart passe beaucoup de temps en Espagne lors des ferias mais vit en France", explique-t-il. D'origine espagnole du côté de sa mère, Marc a reçu en quelque sorte un héritage : "Mon grand-père était un passionné de la tauromachie et c'est lui qui m'a en partie transmis cette culture".
L'école taurine et les débuts
A l'âge de sept ans, il entre pour la première fois dans les arènes de Nîmes avec sa mère, où il voit son premier taureau : "À Nîmes, lors des corridas, il y a six taureaux. La tradition veut qu'au cinquième, les arènes s'ouvrent pour laisser entrer la foule qui est restée dehors". À huit ans, il demande à sa mère de l'inscrire à l'École taurine de Nîmes. "Elle n'a pas voulu, ce qui est compréhensible. Elle m'a un peu menti en me disant que l'inscription se faisait à partir de 12 ans", raconte Marc en souriant. "Finalement j'y suis rentré plus tard. C'est un peu comme les clubs de foot : on y va les mercredis et les samedis après-midi". Ensuite ce fut le passage à la "novillada" puis à la "novillada sans picador", sa première corrida à l'âge de 15 ans.
Un art mais aussi un risque
Le Français, qui vit depuis près de vingt ans dans le monde de la tauromachie, a voyagé entre la France, l'Espagne et l'Amérique du Sud, notamment au Pérou, au Mexique, au Venezuela et en Équateur, des pays où la tauromachie est aussi très importante. "La seule différence est dans la manière de vivre le spectacle. Les gens sont beaucoup plus expressifs qu'en Europe. Pour le reste il y a peu de variations".
La tauromachie, un monde qui ressemble parfois au milieu artistique mais qui comprend aussi des risques, demande beaucoup d'investissement personnel : "La saison se déroule du printemps jusqu'à l'automne. Ensuite, c'est très calme pendant l'hiver et il y a des périodes plus compliquées que d'autres, c'est pourquoi j'ai d'autres activités, à part, rémunérées, toujours en rapport avec la tauromachie". En Espagne, le statut au niveau de la sécurité sociale et autres démarches administratives pour les toreros est beaucoup plus adapté. "Nous avons notre statut spécifique car en plus du spectacle, se sont aussi des risques que l'on prend. Pour le moment en France, nous sommes considérés comme des intermittents du spectacle !"
La crise est aussi passée dans le monde des ferias et des corridas, mais Marc garde le sourire. "Beaucoup d'entre nous sont pessimistes, surtout qu'en Espagne les gens ont moins assisté aux corridas cette année, du fait que leur pouvoir d'achat a baissé. Pour le moment, je continue l'entraînement et j'attends des réponses pour participer à différentes représentations en janvier, en Amérique du Sud".
Audrey CORDOVA (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 7 décembre 2011








































