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Michel Glas (Maison Mélie) : De la finance à la boulangerie, une histoire de blé

michel glasmichel glas
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 22 novembre 2021, mis à jour le 29 décembre 2021

Expatrié au long cours -"au très long cours!", corrige-t-il en souriant- Michel Glas a passé une grande partie de sa vie hors de France, entre New-York, Londres et maintenant Madrid. Cet entrepreneur, qui a indéniablement le nez pour les affaires, nous raconte son parcours et les nouvelles opportunités en Espagne.

 

Michel Glas peut se targuer d’avoir vécu mai 68, alors qu’il était étudiant à Nanterre. Mais sa passion pour les marchés financiers ne lui vient évidemment pas de là. C’est peut-être dû à une époque convulsée, quelques années plus tard, où l’économie était dévastée par la 1ère crise du pétrole. 

Après de brillantes études, il rentre dans une banque américaine et fait une première expatriation à New York. Puis petit retour en France où il travaille dans une banque commerciale et commence à s’ennuyer profondément. Cette période lui sert finalement à découvrir qu’il n’est pas fait pour ça. En fait, il aimerait retourner à ses premières amours, qui sont les marchés financiers. 

Le Londres multiculturel des années 80-90

C’est alors que Morgan Stanley lui propose de partir à Londres en 1985 pour y développer une activité de banque privée en Europe. Une opportunité qu’il saisit au vol. "Paris était devenue une ville moins agréable -se souvient Michel Glas- alors que Londres était en plein essor, c’était une ville internationale et donc il s’agissait d’un challenge passionnant à relever". Il va enfin pouvoir vivre sa passion, et en vivre même très bien. Il a d’ailleurs fondé par la suite une société de gestion de patrimoine à Londres, London Management Group qu’il gère toujours. 

 

maison mélie madrid

 

Le moyen-âge alimentaire

Michel Glas a donc tout pour être heureux. Tout ? Non ! Ce Français aurait-il le mal du pays ? En fait, on pourrait plutôt parler de "nostalgie gastronomique" ! Il rêve de bon pain, de pâtisseries et de viennoiseries françaises. "Londres n’est qu’à une heure de Paris, et pourtant on était vraiment au moyen-âge alimentaire -se rappelle Michel Glas. J’en étais arrivé à devoir ramener de la nourriture française dans mes valises ! Alors, je me suis mis en contact avec quelqu’un qui avait de l’expérience dans la boulangerie et c’est comme ça que nous avons monté une affaire, lui pour l’opérationnel, et moi le côté financier".

Les Français expatriés à Londres dans les années 90 se souviendront sans aucun doute de Bagatelle, cette boutique-boulangerie française ouverte à proximité du Lycée français de Londres. Bien évidemment ce projet rencontre tout de suite un vif succès, car Michel Glas n’est pas le seul à regretter croissants et baguettes. "Nous avons également commencé à fournir tous les grands hôtels de Londres et même l’Eurostar -raconte Michel Glas. D’ailleurs, comme notre pain était meilleur dans le train depuis Londres que celui qui partait de France, Eurostar voulait aussi que ce soit notre pain pour le trajet Paris-Londres, mais ça n’a pas été possible pour des questions administratives". 

 

Mon choix s'est porté sur Madrid

Il y a quatre ans, Michel Glas décide de quitter Londres, ville qui lui plaisait moins et, avec le Brexit comme épée de Damoclés, la city financière était en train de perdre de son aura. Mais cet expatrié au long cours n’a pas envie de retourner à Paris. 

"J’ai commencé à regarder les différentes villes d’Europe – se souvient-il- et mon choix s’est porté sur Madrid qui me plaisait, pour y avoir passé quelques week-ends, et semblait très agréable à vivre. Je ne parlais pas un mot d’espagnol, et ne connaissais personne. Alors, j’ai demandé à mes amis à Londres et ailleurs s’ils connaissaient du monde à Madrid et c’est comme ça que, petit à petit, j’ai pu me développer un fort réseau d’amitiés"

Madrid, la ville où il fait bon vivre

Et il ne regrette pas son choix. "Madrid est une ville très ouverte -affirme Michel Glas- où tu te sens tout de suite comme chez toi. La joie de vivre, les terrasses, la nature toute proche, sans parler du soleil et du ciel bleu, c’est vraiment une chance de vivre ici". Grand amoureux de la montagne, il profite à fond du fait d’être à moins d’une heure pour monter tous les week-ends ou presque à la Pedriza qu’il adore, et y faire de longues randonnées. 

Mais l’entrepreneur n’est jamais bien loin et, fort de son expérience personnelle, il détecte une nouvelle occasion de business à Madrid. "En arrivant ici -se souvient Michel Glas- j’ai vu une opportunité similaire à ce que j’avais vécu à Londres, mais cette fois-ci, avec les restaurants français. Je voyais qu’il y en avait très peu, et c’est comme ça que j’ai décidé de monter un restaurant qui fait aussi cafétéria et boulangerie". 

 

maison mélie madrid

Maison Mélie, en référence à une boulangerie ouverte en 1894

Ce restaurant, c’est Maison Mélie, situé en plein cœur du quartier "castizo" de Chambéri. Le local coquet, aux murs cossus habillés de toile de Jouy, évoque un café parisien de la fin du XIXe siècle, alliant restaurant, salon de thé, boulangerie et pâtisserie. Son nom vient d'une boulangerie ouverte à Honfleur en 1894 par une certaine Melie. 

Cependant, Madrid n’est pas Londres et les Espagnols sont à juste titre fiers de leur héritage culinaire. Mais ils savent aussi apprécier les recettes traditionnelles selon lesquelles sont élaborées la boulangerie et viennoiserie de Mélie. "Nous avons d'excellents pains fabriqués par un boulanger qui a remporté de nombreux prix -explique Michel Glas. Ce sont des recettes spéciales faites pour nous".

J’ai commencé à ouvrir plusieurs boulangeries autour de Madrid

La période du Covid et du confinement va bien sûr le toucher de plein fouet, mais cela lui a permis de tout remettre en ordre. "A partir de juin 2020 – raconte-il- j’ai commencé à ouvrir plusieurs boulangeries autour de Madrid, et notre pain et notre viennoiserie sont maintenant vendus dans plusieurs hôtels, restaurants et chaînes de magasins parmi les plus prestigieux de Madrid". Les boulangeries Mélie sont dans des quartiers plus populaires à Pinto, Alcorcón et Léganes, et bientôt à Fuenlabrada, et ses projets sont d’ouvrir aussi à Pozuelo ou Villanueva de la Cañada. 

 

maison mélie madrid

 

Melie, un gros potentiel en Espagne

"Je vois qu’il y a un énorme potentiel – affirme Michel Glas. Je vends un vrai savoir-faire, avec la qualité du pain, des viennoiseries et de la pâtisserie. D’ailleurs j’utilise un processus de décongélation entièrement naturel qui permet aux hôtels zéro perte, car il est possible de garder pendant plus de 3 mois des gâteaux à -18°, et qui décongèlent en moins de 10 minutes".  Sa fabrique située à Alcorcón élabore également des plats préparés et du pain espagnol pour ses boulangeries.

Quant à Maison Mélie, le modèle est très intéressant. "Nous avons créé un concept qui est à la fois une boutique et un restaurant et surtout une fusion franco-espagnole -explique Michel Glas- où nous proposons un petit-déjeuner, un menu du jour qui représente un formidable rapport qualité/prix, une carte midi et soir style brasserie à des prix raisonnables, la merienda et le week-end notre fameux brunch". Bref, on pourrait arriver le matin pour n’en ressortir que tard la nuit !

 

maison mélie madrid

 

Les meilleures patatas bravas du monde !

Il est donc possible d’y déguster une véritable soupe à l'oignon, un bœuf bourguignon ou un magret de canard, mais la carte offre aussi des plats espagnols, tous préparés par le célèbre chef basque Iñaki Rodaballo. "Nous sommes en Espagne –précise Glas- et il est important d'affirmer notre image française, mais nous sommes conscients du lien que les Espagnols ont avec leur excellente cuisine et nous devons donc donner certaines touches espagnoles au menu". D’ailleurs, le restaurant français peut se vanter d’avoir les meilleures patatas bravas d’Espagne, après avoir reçu il y a quelques semaines la médaille d’or au concours international de patatas bravas ! En fait, il ne manque plus à Michel Glas que de trouver ici un partenaire, car les journées, même à Madrid, n’ont que 24 heures.

Armelle Pape van dyck
Publié le 22 novembre 2021, mis à jour le 29 décembre 2021