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Alizée Huitorel (Pandora) : "On est en train d’investir à fond sur l’Espagne"

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Alizée Huitorel, nouvelle DG de Pantora Espagne / DR
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 1 mars 2022, mis à jour le 2 mars 2022

C’est une année qui commence bien pour Alizée Huitorel. Pandora, la célèbre marque danoise de bijoux a misé sur cette Française, qui s’est forgée une vaste expérience dans les secteurs de la mode et du luxe, pour continuer son expansion dans la péninsule Ibérique. Un nouveau défi qui n’est pas pour déplaire à cette expatriée pour qui la famille est sa plus belle réussite.


C’est une carrière météorique que celle de la nouvelle dirigeante de Pandora pour la péninsule Ibérique. Depuis qu’elle a commencé en 2007 chez Chanel en tant qu'analyste de données, Alizée Huitorel a travaillé pour des marques telles que Cartier, Omega, Longines, Calvin Klein, Zadig & Voltaire et Sephora.

Alizée Huitorel a aussi travaillé pendant neuf ans pour le groupe Swatch. "Ce que l’on ne sait pas toujours -raconte-elle- c’est que Swatch, ce n’est pas seulement la petite montre en plastique, mais c’est justement cette petite montre qui a sauvé l’horlogerie de luxe. De nombreuses marques appartiennent à Swatch, comme Breguet, Omega, Longines ou Tissot, pour n’en citer que quelques-unes".


Le mari d’une expatriée

Et c’est ainsi qu’elle quitte la France pour la Suisse. Dans ses bagages, son mari et ses deux enfants. Et oui, Alizée Huitorel n’est pas la femme d’un expatrié qui a dû suivre son mari. "Je trouve que c’est vraiment un modèle cool pour mes filles –affirme Alizée- parce que dans mon cas, c’est la maman qui a sa carrière et le papa, qui a aussi la sienne, m’a suivie, tout en menant aussi la sienne de front, car il travaille à distance depuis 20 ans". En fait, un modèle pas seulement pour ses filles, mais pour toutes les générations. 


Yo parle español très bien

Certes, la Suisse est un pays magnifique mais, à partir de 18h, cela manque sérieusement d’ambiance, et la vie sociale, comme on l’imagine en Espagne, lui manque. "J’avais fait un Erasmus et un stage en Espagne –se souvient Alizée Huitorel- et je rêvais d’y retourner. Et c’est là que j’apprends qu’on recherche un directeur général de Swatch pour l’Espagne. Il fallait bien évidemment parler espagnol, or, mon espagnol était lamentable. Mais comme mon mari avait vécu au Mexique, je lui ai demandé de ne plus me parler qu’en espagnol pendant un mois. Je voulais absolument ce poste". 

Et elle l’a eu. Il y a de cela tout juste dix ans. Comme quoi l’audace et la volonté font aussi bouger les montagnes. Travailler à Madrid, pour Calvin Klein constitue pour elle un véritable changement. "Passer de la Suisse à l’Espagne, c’était vraiment comme le jour et la nuit. Là aussi, mon mari m’a suivie et nous sommes hyper contents ici. Par contre, on pensait que ce ne serait qu’un projet de deux ou trois ans, mais à la fin, on est restés".

Passer de la Suisse à l’Espagne, c’était le jour et la nuit

Il faut dire que cette vie d’expatriée lui plait énormément. "Ma plus belle réussite –affirme la DG de Pandora- ce n’est pas ma carrière, mais c’est le fait de pouvoir offrir à mes enfants cette richesse qu’est une vie internationale, qui leur permet de pouvoir parler plusieurs langues. C’est une chance extraordinaire". 

Cependant, il lui manquait quelque chose pour que ce bonheur soit parfait. "J’avais envie de changer de secteur –explique Alizée- parce que finalement, je me rendais compte qu’il me manquait ce côté digital, qui est absolument fondamental aujourd’hui, et je me suis dit que pour l’évolution de ma carrière, cela pouvait devenir un problème à terme, parce que dans le secteur de l’horlogerie, il n’y a pas beaucoup de numérique. C’est alors qu’on m’a proposé de devenir directeur général à Zadig & Voltaire, et ça a été une super étape de ma vie professionnelle". 

 

Ensuite LVMH l’appelle pour travailler à Séphora, en tant que directrice commerciale, où elle reste quatre ans. "Ça a été une expérience dingue en terme d’apprentissage et de développement -se souvient Alizée. C’est l’époque où nous avons effectué l’ouverture sur le Portugal et ça a été très enrichissant".  

A la fin de l’année dernière, Pandora l’a appelée. "Pandora, ce n’est pas le luxe -souligne Alizée Huitorel- mais il s’agit du troisième joaillier mondial après Tiffany et Cartier, et Pandora fonctionne particulièrement bien en Espagne".

Pouvoir travailler pour une marque profondément éthique, avec des valeurs que je partage, pour moi c’était primordial

Toutefois, ce qui a fini de la convaincre, c’est l’approche danoise de Pandora 100% tournée vers le développement durable. "Quand tu as le choix comme c’est mon cas maintenant -raconte la directrice générale de Pandora Iberia- et bien tu peux travailler où tu le veux. J’aurais adoré être médecin, mais c’est impossible. Alors, au moins, pouvoir travailler pour une marque profondément éthique, avec des valeurs que je partage, pour moi c’était primordial".

Il faut dire que les principaux composants des produits Pandora sont l'argent, l'or, le cuivre ou le palladium. Or, l'extraction des métaux précieux est un processus à forte intensité énergétique et souvent liée à des abus en matière de droits de l'homme. A priori, pas très éthique. Pour ces raisons, Pandora fabrique ses bijoux dans le respect des ressources, de l'environnement et des personnes.

 

pandora espagne

 

Depuis quelques années, la marque s'est engagée à atteindre la neutralité carbone dans ses propres activités d'ici 2025. En outre, près de 60% de l'argent et de l'or contenus dans leurs bijoux provient déjà de composants recyclés. Enfin, depuis l’année dernière, Pandora a cessé d'acheter des diamants extraits de mines et a opté pour des diamants créés en laboratoire, qui utilisent principalement des énergies renouvelables et sont certifiés CarbonNeutral®.

 

 

De l’adolescente à la cliente huppée

Et c’est bien là une des qualités de la marque, en particulier en Espagne. "Tout le monde est un client potentiel –affirme Alizée Huitorel. Et quand je dis tout le monde, ça peut être de l’adolescente à la cliente très huppée. Pandora est accessible aux personnes de toutes les étapes de la vie, et la répartition entre les groupes d'âge est assez homogène. Cependant, nos études montrent que dans les années à venir, la génération Z et les Millennials devraient être les principaux moteurs de la croissance et représenter plus de 60% de la consommation personnelle de produits de luxe d'ici 2026 et Pandora augmente donc ses investissements dans ce groupe cible. Nous jouissons déjà d'une position assez forte auprès des femmes de la tranche d'âge 18-34 ans, qui représentent aujourd'hui 44% des propriétaires de bijoux Pandora. On sait qu’en Espagne, chaque cliente a une dizaine de pièces du bracelet".   

La génération Z et les Millennials devraient être les principaux moteurs de la croissance

Pour la grande majorité des entreprises, il y a eu un avant et un après Covid. "Le Covid-19 a accéléré le passage au numérique –raconte la DG de Pandora- car de plus en plus de consommateurs choisissent de faire leurs achats depuis chez eux. D’ailleurs, en 2021, les ventes au détail de bijoux en ligne ont augmenté de 9% dans le monde. Les clients apprécient l’offre multicanale. Et ceux qui disent que le retail physique est mort ont tort. Il y aura toujours des boutiques : les gens aiment sortir et faire les magasins, et encore plus en Espagne, où il y a vraiment une culture de la rue".


Précisément, pour la responsable de Pandora en Espagne, le profil "vente" est primordial, quoique très peu valorisé, tant en Espagne qu’en France. "Rares sont les jeunes diplômés d’écoles de commerce qui accepteraient de faire un stage dans une boutique ! Pourtant, lorsque tu y passes 2 ou 3 mois, tu apprends de tout sur tout, à commencer par le merchandising, les comptes de résultats, les besoins des clients, la gestion des stocks". 

 

pandora espagne


Recherche profils franco-espagnols

D’ailleurs, Alizée Huitorel pense qu’il est très important de donner leur chance aux jeunes, pour faire des stages, et elle compte bien le mettre en oeuvre. Mais pas seulement. "En ce moment nous allons vraiment à contre-courant -souligne la responsable de Pandora Iberia- puisqu’on a une politique pour embaucher, et on est en train d’investir à fond sur l’Espagne. Pour cela, nous recherchons des profils internationaux franco-espagnols, parce que Pandora effectue énormément d’échanges de personnes entre la France et l’Espagne, et il existe de vrais plans de carrière".

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