Les vagues d’émigration et la nature même des activités hongkongaises se traduisent par une recherche effrénée de talents. Pour y arriver, entreprises et gouvernement mettent les moyens.
Hong Kong cherche talents désespérément
Publié en décembre, le rapport « ManpowerGroup Employment Outlook Survey » a confirmé par des chiffres l’impression relatée par de nombreux responsables de ressources humaines à Hong Kong : la difficulté à attirer des talents. Cette enquête trimestrielle menée auprès de responsables du recrutement d’entreprises hongkongaises commence par une bonne nouvelle : 44% des employeurs anticipent une augmentation des embauches sur les trois premiers mois 2024, contre seulement 15% qui anticipent une baisse. Cette différence de 29 points place Hong Kong au-dessus de la moyenne mondiale (26 points), au même niveau que le rival singapourien, et bien loin devant la France (20 points).
Mais, ce qui peut aussi caractériser Hong Kong est une difficulté à attirer les « cerveaux ». 78% des employeurs déclarent faire face à des pénuries de talents, soit trois points de plus que la moyenne mondiale. Certes, c’est toujours moins que le Japon, où 85% des entreprises sont dans ce cas (et 79% à Singapour, 80% en France), mais ce chiffre est en augmentation sur la longue période. La pénurie de talents ne concernait que 56% des entreprises hongkongaises en 2014, et le taux actuel n’a été dépassé qu’en 2022 et 2023, après la crise sanitaire.
Des ponts d’or pour les talents à Hong Kong
Face à ce défi, les employeurs hongkongais revoient leurs politiques de ressources humaines pour sécuriser leurs « top talents ». Selon cette même enquête, 39% utilisent le levier des hausses de salaires, 33% offrent plus de flexibilité sur le temps de travail et autant sur le lieu de travail, et 32% offrent des bonus. En revanche, la recherche à l’international ne concerne que 26% des entreprises.
Par ailleurs, les responsables de recrutement précisent que certaines compétences sont encore plus recherchées que d’autres. Il s’agit, dans l’ordre, de l’informatique et de la data, des compétences en durabilité et en environnement, de l’ingénierie, des compétences ESG (environnementales, sociales et de gouvernance), et de la logistique et opérations. Les secteurs qui se plaignent le plus de manques de talents sont d’ailleurs ceux de la logistique, des transports et de l’automobile, des soins de santé, et des biens et services de consommation.
L’aide du gouvernement
L’explication de ces manques vient d’abord de l’histoire récente de la ville, qui a perdu plus de 200.000 travailleurs entre 2019 et 2022. Parmi ces émigrants, on trouvait beaucoup de personnes à revenus élevés. De ce fait, le gouvernement a mis en place en octobre 2022 un programme « Top Talent Pass Scheme » dans le but de recruter des jeunes talents venus d’ailleurs et d’inverser cette tendance migratoire.
Sur la première année, dans le cadre de ce programme, près de 37.000 candidatures ont été envoyées au gouvernement hongkongais, qui en a validé près de 26.000. Environ 95% d’entre elles étaient en provenance de Chine continentale. En tout, selon les chiffres donnés par le secrétaire au Travail et aux Affaires sociales, Chris Sun Yuk-han, 70.000 nouveaux professionnels seraient entrés dernièrement à Hong Kong. Pour la cité-Etat, il s’agit d’une affaire vitale. Un recrutement massif et de qualité est en effet nécessaire pour poursuivre le développement continu de ses entreprises.