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L’histoire du célèbre Pont Saint-Ange

Vue du pont Saint Ange à RomeVue du pont Saint Ange à Rome
Écrit par Nina Malleret
Publié le 10 mai 2021, mis à jour le 10 mai 2021

Emblème de la capitale autant que célèbre lieu de pèlerinage, le Ponte Sant’Angelo (traduit par Saint-Ange en français) est l’un des (très nombreux) trésors patrimoniaux de la ville de Rome. Enjambant le Tibre et faisant office de principal accès à la basilique Saint-Pierre, il est le témoin des siècles qui passent et de l’incommensurable talent du Bernin. Retour sur l’histoire de ce classique architectural de la Cité Éternelle.

 

Le pont Aelius et son histoire

Parfait exemple d’un lieu Romain riche en histoire et symbolisme, le Pont Saint-Ange relie aujourd’hui le château éponyme à la rive gauche de la capitale. Il est situé à l’emplacement de son prédécesseur, le pont dit « Aelius », qui avait alors été construit par l’empereur Hadrien sous son règne en l’an 134 (date établie d’après les indications gravées aux extrémités du pont). Orné avec richesse de victoires et de trophées, il offrait déjà à l’époque un accès royal et une entrée majestueuse au mausolée impérial construit sur l’Ager Vaticanus (champ du Vatican), qui deviendra plus tardivement le château Saint-Ange que nous connaissons désormais.

Au Moyen Âge, le pont devient un point de convergence essentiel pour le Vatican et la basilique Saint-Pierre, et ce notamment pour les pèlerins qui s’y retrouvent avant d’accéder aux lieux sacrés. C’est alors que son appellation est modifiée, d’après une tradition racontant l’apparition d’un ange qui remet son épée au fourreau sur le pont, entrainant alors miraculeusement la fin d’une épidémie de peste qui frappait et dévastait la ville de Rome. Le mausolée d’Hadrien mais également sa bâtisse pontificale voit alors son nom se christianiser à cette époque, devenant ainsi les Châteaux et Pont Saint-Ange.

 

Le pont Saint Ange à Rome

 

Le nouveau Pont Saint-Ange et sa rénovation

S’en suit la période de la Renaissance, où le pont joue un rôle capital dans le siège du château par les armées impériales, qui tentent d’accéder au pape Clément VII, alors enfermé à l’intérieur. Si ce dernier parvient à quitter la ville en 1527, il y revient l’année suivante et souhaite redorer le blason pontifical. Pour ce faire, il prend la décision d’abattre les bâtiments en ruine qui y mènent, ainsi que de nettoyer les abords du pont. C’est en 1534 qu’il place les célèbres statues de Saint-Pierre et de Saint-Paul à l’entrée du pont, respectivement réalisées par Lorenzetto et Paolo Romano. Leurs piédestaux, dans l’ordre, portent les inscriptions suivantes : « ici, le pardon des humbles » (hinc humilibus venia), et « ici, le châtiment des orgueilleux » (hinc retributio superbis).

Grâce à son importance nouvelle, le pont Saint-Ange devient la tribune de la puissance pontificale, et permet des arrivées grandioses ainsi que des entrées triomphales pour quiconque veut démontrer de sa puissance. Au cours du XVIème siècle, l’entrée du pont devient également le lieu privilégié des exécutions, jusqu’alors réalisées dans le centre de la ville, et les têtes décapitées sont ensuite exhibées le long du parapet. Alors que le pape Alexandre VII meurt avant d’avoir pu rénover entièrement le pont selon ses souhaits, c’est Clément IX qui entreprend en 1667 les travaux de la bâtisse, confiant au passage la maîtrise d’œuvre au célèbre et maitre incontesté Bernin. Inspiré par le pont Rouge de Paris (aujourd’hui devenu le Pont Saint-Louis), ce dernier entreprend sur le pont la construction d’une balustrade ouverte sur la vue de l’eau pour les passants, principe jusqu’alors très peu utilisé dans la capitale. Élargissement de la route, destruction des bâtiments pour y construire la Piazza San Celso : le Bernin transforme alors le pont en un chemin de croix symbolique, orné de dix incontournables statues d’anges.

 

Le pont Saint Ange à Rome

 

Les célèbres statues des Anges

Ces dernières représentent toutes un ange, accompagné chacun d’un instrument de la passion du Christ. Sculptées par le Bernin et ses élèves, elles sont alignées le long des deux côtés du pont, ouvrant la voie et encadrant avec splendeur le passage du pont. Ange à la colonne, Ange au fouet, Ange à la croix, et bien d’autres : toutes les statues sont majestueusement réalisées et offrent un aspect muséal et spectaculaire au pont. Le marbre qui contraste avec la couleur du ciel ainsi que la monumentalité des anges représentés font du pont un incontournable patrimonial de la ville de Rome. Pour l’anecdote, il faut savoir que deux des statues installées sont en réalité des copies : commandées pour orner le pont puis ensuite considérées comme trop raffinées pour être exposées en extérieur et sous les intempéries, les statues de l’Ange à la couronne d’épines ainsi que l’Ange portant le titulus INRI furent laissées au Bernin. On dit ensuite que ses héritiers en firent don à l’église en 1729, où elles sont maintenant entreposées en tant qu’objets les plus précieux de l’Église de Sant Andrea delle Feratte, non loin de la Piazza di Spagna.

Que l’on s’y rende pour admirer ses statues ou simplement de passage, le pont Saint-Ange est donc sans aucun doute à traverser, afin d’y savourer une architecture splendide et un superbe point de vue sur le Tibre autant que sur la basilique Saint-Pierre !

 

Le pont Saint Ange à Rome

 

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