Ce jeudi 21 octobre, le Comité de politique monétaire de la Banque centrale de la République de Turquie a baissé les taux d’intérêt de 200 points de base ; le taux directeur est passé de 18% à 16%.
Cette baisse poursuit celle entamée en septembre dernier, alors que la Banque centrale avait abaissé de 100 points (de 19 à 18%) son taux directeur.
Suite à cette nouvelle baisse, le cours du dollar s’est envolé, atteignant la valeur de 9,45 livres turques (celle-ci perdant 2,9% de sa valeur), un record historique, et alors que déjà la semaine dernière, la livre turque avait connu une forte dépréciation suite au limogeage par le président turc de deux gouverneurs adjoints et d’un membre du Comité de politique monétaire de la Banque centrale.
Cette nouvelle décision de baisser les taux d’intérêt a provoqué de nombreuses réactions chez les partis d’opposition, qui y voient une catastrophe pour le pouvoir d’achat de la population turque et la valeur de sa monnaie.
Relever ou abaisser les taux d’intérêt, le dilemme turc
Le président turc est bien connu pour considérer les taux d’intérêt élevés comme "l’ennemi" de l’inflation (entre 16 et 19% par an) et de la croissance, estimant que le coût du crédit élevé dissuade l'investissement et la consommation.
Néanmoins, de nombreux économistes turcs considèrent que la baisse des taux d’intérêt, si elle peut stimuler l’économie du pays à court terme, n’est pas profitable sur le long terme, et ils préconisent donc de relever les taux d'intérêt pour épargner l’économie et l’inflation. Une baisse des taux d’intérêt rend les placements en devise nationale moins rémunérateurs, ce qui conduit généralement à un recul de la monnaie turque sur les marchés internationaux. Ainsi, la chute de la devise turque alimente automatiquement l'inflation via un renchérissement des importations des produits de consommation.
Il s’agit donc d’un dilemme pour l’économie turque : soit on baisse les taux d’intérêt pour stimuler l’économie, au risque d’impacter le pouvoir d’achat et la livre turque, soit on augmente les taux d’intérêt pour défendre la valeur de la livre, mais en limitant l’ampleur de la reprise économique.