Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

VIDÉOSURVEILLANCE – Big Brother à la française ?

La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, annonce le triplement du nombre de caméras sur le territoire, et la SNCF prévoit d'équiper l'ensemble de son réseau. Pourtant, un rapport de Scotland Yard fait état du manque d'efficacité des systèmes de vidéosurveillance dans le cadre de la lutte contre la délinquance

Surveillés mais pas fliqués ? (Photo AFP)

Triplement des caméras sur la voie publique en France

Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, a prévenu que les caméras de vidéosurveillance sur la voie publique allaient tripler courant 2009, dans le cadre de la prochaine loi sur la sécurité intérieure. Un millier seront notamment destinées à la capitale. 555 millions d'euros seront d'ailleurs consacrés sur cinq ans au développement des nouvelles technologies, que ce soit la police technique et scientifique ou la vidéo-protection. Suivant la même tendance, elle a signé le 22 janvier dernier un décret qui prévoit de faciliter les procédures administratives pour les établissements publics ou privés souhaitant s'équiper et disposant de moins de 8 caméras.

Réseau ferroviaire : toutes les gares surveillées
De son côté la SNCF, en raison de l'augmentation du nombre d'agressions - +6% sur toute la France - à l'égard de ses agents, a présenté une série de mesures visant à renforcer la sécurité à bord des trains. Ainsi, la vidéo surveillance va être développée, dans un premier temps dans les gares d'Ile-de-France, puis sur l'ensemble du réseau. "La France a pris beaucoup de retard", a estimé le président de la SNCF. En 2009, la compagnie compte équiper 46 gares supplémentaires - 177 gares l'étaient en 2008. D'ici fin 2012, la vidéosurveillance devrait être en place dans les 398 gares de la région Ile-de-France. «L'ensemble des gares françaises sera équipé d'ici cinq à dix ans ... Ce programme va coûter 350 millions d'euros sur les cinq prochaines années» a chiffré le président de la compagnie. De plus, les futures générations de trains seront toutes équipées de caméras.

La vidéosurveillance en France
La France, qui a connu sa première grande vague d'équipement en 1998 pour des raisons principalement sécuritaires, dispose actuellement de 300.000 caméras réparties sur le territoire. D'une manière générale, la vidéo surveillance est présente partout : sur la voie publique bien sûr, mais aussi sur les axes routiers, dans les entreprises, dans les commerces ou encore les parkings.
Dans l'Hexagone, sa pratique est encadrée par plusieurs règlements. Les lieux ouverts au public souhaitant s'équiper doivent faire une demande en préfecture, avertir le public du risque d'être filmé, informer le personnel et présenter le dispositif au comité d'entreprise. Toutefois, la vidéosurveillance n'a pas valeur de preuve légale.
Les salles de commandement de la préfecture de police gèrent la vidéosurveillance publique. Ces dernières assurent "la sécurité des ? manifestations?, les rassemblements festifs ou les voyages officiels", explique Olivier Bagousse, commissaire de la Direction de l'ordre public et de la circulation. "Pour chacun, nous estimons les besoins en forces de l'ordre, que nous déployons sur le terrain", précise-t-il. La Direction de la police urbaine et de proximité s'occupe, quand à elle, des accidents, vols à l'arraché, car-jackings ou encore des incendies. Leur tâche consiste aussi dans la sécurisation des abords des manifestations. Quand on évoque un éventuel problème de "flicage", le commissaire Bagousse ironise: "Avec plusieurs dizaines d'événements par jour à Paris, je n'ai pas le temps de voir ce que fait ma femme dans la rue ou mon voisin. Les caméras sont seulement des supports pour notre action."

Un «fiasco» en Angleterre
La Grande-Bretagne à commencer à s'équiper massivement dans les années 1990. Aujourd'hui Scotland Yard affirme que Londres comptait, 500.000 caméras en 2008, soit 1 pour 14 habitants. Le plan de M.A.M. ramènerait la France a un ratio d'une caméra pour 1.000 habitants.
Pourtant selon un rapport de Scotland Yard seulement "3% des vols à la tire dans Londres ont été résolu en utilisant un système de vidéosurveillance, en dépit du fait que la Grande-Bretagne soit plus équipé qu'aucun autre pays d'Europe". Le Département de la Justice des États-Unis dans son bilan de 2005 confirme les résultats du rapport britannique : ces dispositifs ont peu d'influence sur la baisse de la criminalité. Bruce Schneier ? ingénieur chef sécurité à BT-schneier.com et connu comme le "pape"de la sécurité, remarque que "Londres, avec quelques 500.000 caméras, devrait être la ville la plus sûre du monde. Mais ce n'est pas le cas".
En cause bien souvent la qualité de l'image et l'impossibilité de mettre un policier derrière chaque écran de contrôle. Des problèmes qui pourraient êtres résolus par les nouvelles générations de caméras dites "intelligentes"d'ici quelques années.
Le secteur est donc en plein boom. Une étude du cabinet d'études MSI de mai 2008, conclut à une augmentation de 47% entre 2003 et 2007. Entre 2003 et 2012 le cabinet prédit un doublement du marché du matériel de vidéosurveillance et une multiplication par 5 du marché des logiciels.
Une manne qui n'est pas prés de tarir donc. Reste ceux qui s'inquiètent d'une dérive sécuritaire?
L.G. (www.lepetitjournal.com) mardi 24 février 2009

A voir :

Marianne - Vidéosurveillance : on y renonce partout, sauf en France
The Guardian - CCTV boom has failed to slash crime, say police
Le Figaro - La SNCF renforce la sécurité de ses clients
20minutes.fr - Vidéosurveillance: les 5.000 yeux de la police parisienne

Pour aller plus loin :
20minutes.fr - David Brin: «Sous surveillance, et alors ?»
Nord ?Eclair - Vidéo « polyvalente » : on n'a pas fini d'en parler