Rencontre avec Radek Gałka, entrepreneur et investisseur visionnaire diplômé de SUPÉLEC, fondateur de Dig in Vision, une entreprise qui révolutionne la formation professionnelle grâce à ses simulateurs de soudage en réalité virtuelle. Personnalisable et interactive, cette technologie allie réalisme, sécurité et efficacité afin de former, partout dans le monde, une main-d’œuvre hautement qualifiée. La rédaction a pu assister au premier tournoi de soudage, organisé lors du salon Baltexpo 2025 et s’entretenir avec Radek Gałka, francophone et francophile.


Radek Gałka : l’expertise du recrutement et l’innovation technologique au service de la formation et de l’emploi
Radek Gałka, diplômé, entre autres, de l'École supérieure d'électricité - SUPÉLEC en 1997, cumule plus de quinze ans d’expérience dans le recrutement international sur le marché européen. Ingénieur de formation, il a commencé sa carrière à la fin des années 1990 chez Schlumberger Systems-Gemalto, où il a participé au développement de produits matériels de haute technologie. Précurseur dans le domaine de la cybersécurité, il conçoit en 2003 le premier prototype de signature électronique en Pologne. Sa dernière initiative, Dig In Vision, illustre son intérêt pour les technologies immersives appliquées à la formation.
💡 Dig In Vision : les simulateurs de soudage en réalité virtuelle révolutionnent la formation professionnelle
• En supprimant le besoin de cabines, de consommables et d’équipements coûteux, ils permettent un apprentissage flexible et économique.
• Les stagiaires s’exercent sans contrainte de matériel, sous la supervision simultanée de plusieurs formateurs.
• Dans un métier à risques, cette technologie offre un environnement d’apprentissage totalement sécurisé, sans exposition aux brûlures ni aux fumées toxiques.
• Le système Dig in Vision fournit un retour instantané sur la vitesse, la précision et le positionnement, favorisant une progression rapide des compétences.
• Personnalisables, ces simulateurs reproduisent divers matériaux, scénarios et niveaux de difficulté.
• En combinant réalisme, sécurité et performance, Dig in Vision redéfinit la formation en soudage et prépare une main-d’œuvre plus qualifiée.

Lepetitjournal.com Bénédicte Mezeix-Rytwiński : Radek, nous nous sommes rencontrés il y a presque un an, qu’est ce qui a changé pour Dig in Vision ? Est-ce que vous avez réussi à introduire certains marchés ?
Radek Gałka : Plein de choses, car enfin, la France se réveille et s’intéresse à Dig in Vision. Cela a pris un certain temps pour percer sur le marché français. On n’est pas encore bien installés, mais on est en pleine discussion avec des partenaires, de grands industriels du marché du soudage en France, mais aussi du marché de la formation professionnelle.
À part cela, nous venons de rentrer du plus grand salon au monde de métallurgie qui s’est déroulé en Allemagne à Essen, il y a trois semaines où nous étions invités par SLV Duisburg.
Nous avons présenté notre technologie sur le plus grand stand du salon et cela a été un énorme succès grâce à nos amis allemands qui nous ont aidés, il y a deux ans, à améliorer le réalisme de notre simulation. En fait, l'institut national SLV est un formateur historique qui a plusieurs filiales en Allemagne et même en Pologne.
Sinon, je suis toujours très occupé en Afrique de l’Est. Au Kenya, tout se déroule vraiment à merveille pour Dig in Vision et on travaille de manière très très étroite avec l’ambassade de France à Nairobi. Nous sommes déjà en train de préparer une centaine de jeunes soudeurs kényans pour le marché français qui vont arriver à Laval et à La Rochelle.
On en a déjà quelques dizaines que l’on a pu former avec notre partenaire kényan, un institut qui s’appelle The Toolkit for Skills and Innovation Hub.
Nous préparons encore quelques dizaines de jeunes kényans - jeunes filles et jeunes hommes, qui vont apprendre le métier de soudeur grâce à la réalité virtuelle ; ensuite ils vont passer à la partie pratique en atelier. Puis ils iront travailler sur le marché français.
💡 Soudage ou soudure ?
Le soudage est l'opération d'assemblage, alors que la soudure est le résultat de cette opération.

Nous sommes assis à côté d’un ordinateur, de lunettes 3D et d’un appareil de soudage qui ressemble à une manette de joystick. Est-ce que vous pouvez m’expliquer en quoi consiste votre technologie ?
Ce que vous avez devant vous, c’est ce qu’on appelle une torche de soudage. C’est une imitation. C’est ce qu’on appelle un adaptateur que nous avons entièrement créé et fabriqué en Pologne. Il s’agit de reproduire toutes les sensations pendant le soudage.
Cet adaptateur fonctionne avec le casque de réalité virtuelle Méta Quest 3. Ce casque est absolument disponible partout dans le monde, pour environ 400 euros, vous pouvez vous en procurer un en ligne, par exemple. C’est aujourd’hui le meilleur rapport qualité-prix sur le marché de la visualisation 3D, pour les applications de réalité virtuelle.
Nous avons mis au point un logiciel qui fonctionne avec ce casque Meta Quest 3 et qui fonctionne aussi avec des ordinateurs portables de gaming, également disponibles facilement dans le commerce.
Le fait d’avoir développé notre logiciel avec du matériel accessible à tous est totalement à notre avantage par rapport à notre concurrence, représentée par de grands industriels mondiaux, venant des États-Unis, d’Espagne, ou même d’Autriche.
Le concept de Dig In Vision est très différent. Il est avant tout très futuriste et adaptable, car c'est un logiciel qu’on peut facilement modifier et faire évoluer en ajoutant à notre offre d’autres métiers, par exemple, la peinture industrielle, parce qu’on a déjà développé une plateforme logicielle, un progiciel, qu’on peut connecter.
Nous pouvons sauvegarder les résultats, les essais, puis nous avons accès en ligne à tout ce qui se passe dans notre application de réalité virtuelle.
Sur les 10 tables alignées devant nous, 20 jeunes gens ont soudé. Expliquez-nous en quoi consistait ce concours qui a eu lieu ce matin à Baltexpo ?
C’est un grand défi que nous avons décidé de relever en partenariat avec la région de Poméranie, Województwo pomorskie, et avec le Stocznia Marynarki Wojennej, la base navale, port militaire à Gdynia.
Nous avons ainsi organisé la première compétition de soudage naval avec la réalité virtuelle. Nous avons aussi fait venir une dizaine d'écoles professionnelles de la voïvodie de Poméranie afin qu’ils puissent prendre part à la compétition.
Nous avons été très touchés par l’engagement de ces jeunes gens qui ne sont même pas majeurs, fascinés par la facilité de notre outil. En tant qu’organisateur, nous avons été vraiment fascinés et surpris par leur facilité d’apprentissage.
En l’espace d’une heure et demie, ils ont obtenu des résultats excellents avec un taux de réussite et d’efficacité de 80%, voire même 90% pour les meilleurs en soudage. Ils devaient réaliser des échantillons représentatifs de ce que l’on fait dans les ateliers de soudage actuellement dans le monde réel.
Nous allons maintenant mettre en place des choses avec la voïvodie, ainsi que les écoles, pour que la technologie Dig in Vision et notre plateforme soient introduites dans le système éducatif professionnel.
Cela concerne la Pologne, mais aussi le Kenya. Récemment, je me suis également déplacé en Namibie. On va également commencer à travailler avec, entre autres, une entreprise française - je ne peux pas en dévoiler trop, nous sommes en discussion avec des acteurs majeurs de l’industrie de formation en France.
Nous nous développons aussi dans des pays d’Afrique de l’Ouest, comme, au Sénégal.
Sans oublier l’Allemagne, la Grande-Bretagne avec l’université de Cranfield. Nous avons également un partenariat avec un acteur majeur du marché de la formation au Canada : CWB (Canadian Welding Bureau).
Et pour terminer sur les avantages de notre solution, son avantage majeur, c’est qu’on peut la mettre dans une petite valise. On peut même la transporter dans un sac à dos et se balader avec, l’envoyer facilement, partout dans le monde.

Soudeur, c’est donc un métier d’avenir ?
Exactement ! Il faut savoir que le métier de soudeur, en France, mais pas seulement, c’est un métier en tension. Pareil pour la Pologne ainsi que pour l’ensemble de l’Europe.
Aujourd’hui, grâce à notre outil, nous pouvons recruter de futurs soudeurs issus de pays qui se trouvent en dehors de l’Union européenne.
Même si la jeunesse polonaise a un regain d'intérêt pour les métiers manuels, je ne pense pas que ça sera suffisant pour combler la pénurie de soudeurs en Europe.
D’autres compétitions sont déjà programmées ?
J’espère qu’on va bientôt organiser le même tournoi en France. Nous avons vu en Pologne ainsi qu’au Kenya que cette technologie, qui inclut un casque de réalité virtuelle, créé par Meta, propriétaire de Facebook, attire énormément. Ce « gadget » est un plus pour notre image.
Je dirais, que, par rapport aux autres métiers manuels, l'utilisation d'outils modernes, comme le casque, est vraiment un plus, auprès des jeunes, autant filles que garçons. Des centaines de jeunes femmes kényanes qui n’avaient jamais pensé à devenir soudeuses travaillent désormais dans l’industrie kényane grâce à notre formation.

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