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Euroskills 2023, Olivier Cadic avec les Zidane-Mbappé des formations professionnelles

Le Sénateur représentant les Français établis hors de France, M. Olivier Cadic, s’est rendu en Pologne, à l’occasion des WorldSkills Europe, rassemblant des jeunes de moins de 25 ans provenant de 32 pays d'Europe, qui s'affrontent pour avoir la chance de devenir le Meilleur d'Europe dans le domaine de leur compétence ou de leur profession. Au fil de cet entretien, il revient sur le déroulement de cette compétition, sur les savoir-faire français qui ont été présentés, la communauté française de Pologne qu'il a rencontrée.

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M.Olivier Cadic, Sénateur représentant les Français établis hors de France, à Gdansk
Écrit par Ronan Corcoran
Publié le 17 septembre 2023, mis à jour le 4 octobre 2024

 

En préambule, WorldSkills Europe, la crème de la crème du savoir-faire ! 

WorldSkills Europe est le plus grand événement européen consacré à l'enseignement professionnel et à l'excellence des compétences. Il promeut l'enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) dans toute l'Europe, en travaillant avec les jeunes, les éducateurs, les gouvernements et les industries pour aider à préparer la main-d'œuvre et les talents d'aujourd'hui aux emplois de demain. 

Organisé tous les deux ans, EuroSkills rassemble des jeunes de moins de 25 ans provenant de 32 pays d'Europe, qui s'affrontent pour avoir la chance de devenir le Meilleur d'Europe dans le domaine de leur compétence ou de leur profession.

EuroSkills propose des concours et des démonstrations dans 45 à 50 domaines de compétences, regroupés en six secteurs industriels : 

  •  Construction et technologie du bâtiment
  •  Arts créatifs et mode
  • Technologies de l'information et de la communication
  • Technologie de la fabrication et de l'ingénierie
  • Industrie des services
  • Transport et logistique.

 

Interview - Lepetitjournal.com : M. le Sénateur, pouvez-vous rappeler le rôle d’un sénateur représentant les Français établis hors de France ? 

Olivier Cadic : Notre rôle est comme celui de tous les sénateurs, nous votons les lois, nous assurons le contrôle de l’action du gouvernement. Sur le terrain, en circonscription, nous travaillons sur quatre volets d’action : 

  • La diplomatie parlementaire avec des rencontres avec les collègues des parlements étrangers (en l'occurrence la Sejm, pour la Pologne). 
  • La diplomatie économique dans le cadre du soutien à nos entreprises, du travail avec les chambres de commerce, avec les conseillers du commerce extérieur, ainsi qu’avec l’AFD (Agence Française du Développement).
  • La diplomatie d’influence avec le soutien à tout ce qui relève de la Francophonie, c’est-à-dire nos écoles françaises à l’étranger, les Alliances françaises et les Instituts français.
  • Enfin, nous travaillons pour la communauté française à l’étranger, en nous appuyant sur nos consulats dans le cadre des relations entre nos compatriotes et son administration et des besoins qu'elle peut exprimer. 

 

Pour la France, que représentent les Euroskills qui ont eu lieu cette année à Gdańsk ?

Les Euroskills sont des compétitions qui se tiennent tous les deux ans au niveau européen. Il s’agit de distinguer les meilleurs professionnels, parmi 600 jeunes qualifiés de moins de 25 ans originaires de 32 pays, dans 43 compétences et métiers différents. Par exemple, les meilleurs de chaque profession (boulanger, fleuriste, métiers du bâtiment, de la technologie). Les meilleurs apprentis qui ont gagné la compétition dans leur pays, au niveau national, viennent se rencontrer au niveau européen. Ces EuroSkills se déroulent en alternance avec les WorldSkills, qui ont aussi lieu tous les deux ans, qui sont des rencontres au niveau mondial. 

Ils ont été organisés dans un contexte particulier étant donné qu’ils devaient avoir lieu à Saint-Pétersbourg en Russie. La Pologne a rapidement pris le relais et les organisateurs ont réalisé un travail formidable en un temps record. Également, ces Euroskills à Gdańsk précèdent les WorldSkills de Lyon en 2024. Ces compétitions sont importantes dans mon travail, tout d’abord parce que je suis membre du conseil d'administration des WorldSkills 2024 et ensuite parce que j’ai porté la candidature de Lyon face aux Japonais qui étaient aussi candidats pour accueillir les WorldSkills. 

L’objectif de ces Euroskills et des Worldskills à Lyon qui ont lieu actuellement est de changer la vision, l’état d’esprit, par rapport à l’apprentissage. Par exemple, en Suisse, 80 % d’une classe d’âge sort d’apprentissage alors que chez nous plus de 80 % ont le bac. Nous avons ici deux visions complètement différentes de la préparation à la vie professionnelle.

Nous espérons que ces WorldSkills à Lyon permettront de créer un déclic chez nos jeunes quand ils verront que nous avons les “Zidane de la coiffure”, de la boulangerie ou les “Mbappé des métiers d’art” (joaillier, tailleur de pierre).

Enfin, ce sont des métiers dont nous avons besoin ! Grâce à nos filières professionnelles, nous avons un savoir-faire, et c’est intéressant de se rendre compte que finalement ce n’est pas le diplôme qui fait la vie, mais d’avoir un métier qui vous plaît. Il faut revisiter nos priorités. 

 

Qui sont les principaux compétiteurs français ? Dans quels domaines et savoir-faire nous distinguons nous ? 

La France se distingue sur les métiers traditionnels : les arts culinaires, les arts traditionnels (tailleur de pierre notamment). Dans le domaine de la coiffure, nous gagnons souvent une médaille d’or ou une médaille d’argent.

Néanmoins, sur les métiers modernes de technologie, nous sommes moins présents. À titre personnel et étant chargé des questions cyber au Sénat, je suis de très près l’équipe de jeunes professionnels qui travaillent sur la cybersécurité. Dans ce domaine, nous constatons une vraie différence avec la Russie et la Chine, nous avons encore une marge de progression et de vrais challenges.

Ces EuroSkills et WorldSkills permettent justement de voir les forces et les faiblesses de chaque pays, et nous voyons comment la Chine ou Russie s'investissent dans ces compétitions. C’est notre jeunesse, donc notre futur. 

 

Qu’avez-vous retenu de cette édition 2023 des Euroskills à Gdansk ? 

J'ai assisté à la cérémonie d’ouverture et au début des épreuves en compagnie d'Alain Mompert, Consul honoraire à Gdansk, et les experts qui accompagnaient l'équipe de France qui concourait dans 38 métiers sur 42 en compétition.

J’étais très heureux d'observer l'esprit collectif et la constante progression de Worldskills France dans la préparation et l'accompagnement de nos champions français issus de l’apprentissage.


Avec 32 médailles tricolores à l’arrivée, la France a réalisé une performance historique. Elle se hisse à la deuxième place derrière l’Autriche, et devance la Suisse. [Une médaille d'Or vaut 4 points, l'Argent 3 points, le Bronze 2 points, l'Excellence 1 point. La France a donc totalisé 64 points derrière l'Autriche 65 points et devant l'Allemagne 63 points ainsi que la Suisse 57 points, ndlr.]

C’est très encourageant en prévision des mondiaux des métiers organisés actuellement à Lyon en ce mois de septembre 2024 (du 14 au 16 septembre 2023).

 

Quelle est votre relation avec la Pologne et la communauté française, ici puisqu'il ne s’agit pas de votre premier voyage ? 

Au terme de mon troisième déplacement en Pologne débuté à Gdansk, je suis retourné à Varsovie.

J'ai eu le plaisir de participer au premier apéritif dînatoire co-organisé par la section Pologne de l'UFE, présidée par Baptiste Rougerie, et le Réseau Francophone de l'Entrepreneuriat (RFE), présidé par Laurent Blondeau.

L'objectif de la soirée était de partager sur mon approche dans l’application du mandat de parlementaire pour l’entrepreneur que je suis toujours.

La Pologne est un territoire qui fait la place belle à ceux qui ont le sens de l'effort et du mérite.

L'ouverture d'esprit de la trentaine de participants et leur enthousiasme pour les initiatives entrepreneuriales me donnent envie de revenir.

Les entrepreneurs français de Pologne sont des acteurs de la relation économique bilatérale qu’il convient de soutenir.

 

Comment se porte la communauté française en Pologne ? Vous a-t-on fait remonter des problématiques spécifiques ? 

Lors des échanges, la fiscalité sur les biens immobiliers en France et le niveau des retraites dans un contexte européen sont apparus comme des points à clarifier.

Enfin, je retiens particulièrement le dynamisme de la communauté française en Pologne. Je suis très impressionné par leurs actions de solidarité quand les réfugiés ukrainiens sont arrivés en Pologne. Certains recevaient des Ukrainiens chez eux, d’autres se rassemblaient pour les aider. Les Français de Pologne ont réellement fait honneur à tous les Français de l’étranger et cela marquera un grand moment de mon second mandat de sénateur. 

 

Pendant trois jours, 578 jeunes professionnels issus de 32 pays se sont affrontés dans 43 compétitions différentes.

Les prochaines compétitions se tiendront à Herning au Danemark en 2025, et Düsseldorf en Allemagne, en 2027.

 

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