L’astronome polonais Copernic a prouvé que la Terre tourne autour du soleil. La perception de la construction de l’univers a alors changé. Sa tombe, quant à elle, même si elle était connue, était enveloppée de mystère. Mais grâce aux archéologues, à l’ADN et à deux cheveux, on sait même désormais à quoi il ressemblait.
Kopernik, Copernic ou les deux ?
En polonais, le nom de cet astronome s’écrit ainsi : Kopernik. Cependant, en français c’est : Copernic. Pourquoi ? Bien sûr, le polonais et le français diffèrent dans la façon dont les mots sont écrits et prononcés. En français, la lettre “c” devant “o” est prononcé comme “k” polonais. Pourtant, en polonais la lettre “c” est articulé plutôt comme “ts” en français, par exemple dans un mot “tsar”. Donc, la plupart des noms propres avec un “c” français remplaceront le “k” polonais.
Copernic - l’homme qui déplaçait le soleil et arrêtait la Terre
Il n’y a pas de réponse claire à la question : qui était Copernic ? Il était avant tout un homme instruit et polyvalent, on peut le qualifier d’homme de la Renaissance (en polonais : człowiek renesansu, éduqué dans de nombreux domaines). Nicolas Copernic ou Mikołaj Kopernik (en latin : Nicolaus Copernicus) est né en 1473 à Toruń et mort en 1543 à Frombork. Le droit, la diplomatie, la médecine, l’astronomie, les mathématiques, l’économie, la cartographie, la physique, la philosophie ne sont que quelques-uns des domaines dans lesquels Copernic a acquis des connaissances. Cependant, il est principalement connu comme le fondateur de la théorie héliocentrique. C’est-à-dire qu’il a prouvé que le centre de l'univers est le soleil et non la Terre, comme le croyaient les gens de son époque. Il a écrit sa théorie dans un ouvrage De revolutionibus orbium coelestium (en polonais : O obrotach sfer niebieskich). Copernic lui-même n’a pas vu l’ouvrage publié de son vivant, puisqu’il a été l’année où il est passé de vie à trépas. De revolutionibus orbium coelestium a ensuite été ajouté à l’Indeks Ksiąg Zakazanych (liste des œuvres répertoriées par l’église catholique qui à l’époque ne pouvaient être lues ou redistribuées sans l’autorisation de l’église). L’ouvrage n’a été traduit en polonais qu’en 1854. Bien qu’il soit un astronome très célèbre, vous l'aurez compris, sa tombe est restée longtemps mystérieuse.
Le mystère de l’identité de Copernic
Il est né en 1473 à Toruń, quelques années après wojna trzynastoletnia (la guerre de treize ans) qui a entraîné le rattachement de Toruń, entre autres, à la Pologne. Avant la guerre, cette ville appartenait à la Prusse (les Prussiens étaient un groupe ethnique composé de Polonais et d’Allemands). Bien que Toruń ait été fondée par les chevaliers teutoniques au XIIIe siècle, elle a été annexée à la Pologne après la wojna trzynastoletnia, grâce à la victoire de la Pologne. Cependant, ses parents Barbara et Nicolaus avaient auparavant vécu à Toruń qui appartenait à la Prusse. La question est donc controversée : les Allemands et les Polonais ont attesté des origines de Copernic, les Polonais des origines polonaises et les Allemands des origines allemandes.
La recherche de sa tombe à Frombork
Copernic est mort en 1543 à Frombork (c’est là qu’il a finalisé son œuvre la plus remarquable) et a été enterré dans la cathédrale de cette ville. Sa tombe n’a cependant pas été gravée, ce qui fait que son emplacement exact s’est perdu au fil du temps.
Mais 500 ans après sa mort, sa tombe est retrouvée. Durant les années 2004-2005, des archéologues ont recherché les restes de Copernic (ayant 70 ans à sa mort) dans la cathédrale de Frombork. Une équipe dirigée par Jerzy Gąsowski a fini par retrouver des ossements humains qui correspondaient avec un homme de 60 à 70 ans. Néanmoins, les archéologues ont pu récupérer le crâne. Des experts de la police de Varsovie se sont chargés de la reconstitution faciale qui a été confirmée après un travail de détectives sur une ressemblance d’autoportrait de Copernic réalisé par Stimmler qui se trouve à Strasbourg et sur un portrait bien connu de l’astronome à Toruń. Les experts de la police ont ainsi remarqué des traces de nez cassé et des cicatrices sur le front. Tout cela semblait correspondre à Copernic, mais rien n’était encore sûr.
Grâce à l'ADN… et à quelques cheveux perdus dans un ouvrage
La découverte de sa tombe a été finalement confirmée en 2008, grâce à une analyse ADN. Mais comment ? C’est le fait que Copernic ait utilisé une copie de l’ouvrage de Johann Stoeffler : Calendarium Romanum magnum publié à Oppenheim en 1518, qui a rendu cela possible. Pendant la wojna trzydziestoletnia (la guerre de trente ans) qui a éclaté en 1543, les Suédois ont envahi le nord de la Pologne, y compris Frauenburg, où Copernic a séjourné en tant que chanoine de chapitre de la cathédrale. A ce moment-là, de nombreux livres polonais conservés dans cette cathédrale ont été transportés à Uppsala, en Suède. Bien des années plus tard, des chercheurs suédois ont remarqué qu’ils pouvaient trouver des détails coperniciens dans le Calendarium Romanum magnum, car Copernic l’avait utilisé tout au long de sa vie. Et c’est dans ce fameux Calendarium Romanum magnum que neuf cheveux ont été trouvés, dont cinq ne se prêtaient pas à l’isolement de l’ADN. Pourtant, deux des quatre cheveux correspondaient à des segments d’ADN provenant d’une dent du crâne trouvé à Frombork.
Secondes funérailles en 2010
Peut-être que l’histoire de la tombe de Copernic était destinée à se dérouler ainsi ? C’est grâce au progrès, l’ADN n’ayant été découvert qu’en 1869 par Friedrich Miescher - que le mystère est levé. Ce n’est que plus tard, dans les années 1950, que James Watson et Francis Crick ont découvert que l’ADN est constitué de deux chaînes qui codent l’information génétique de tous les organismes. Finalement, l’exploration de la tombe de l’astronome a abouti à de secondes funérailles qui ont eu lieu le 22 mai 2010 dans la cathédrale de Frombork.