Comment les villes de Varsovie, Cracovie, Wroclaw, Lodz, Poznan, Lublin, Białystok et la conurbation de la Triville - Trojmiasto (Gdansk, Sopot et Gdynia), ont-elles célébré le 104e anniversaire de la reconquête de l’indépendance de la Pologne ? Retour en images sur cette journée émouvante et particulièrement symbolique, dans le contexte géopolitique actuel.
Direction la capitale avec la parade de Varsovie, vue et commentée par notre correspondant, Maxime Billotte
Ambivalente. Voilà certainement l’adjectif qui résume le mieux la journée de commémoration qui a pris place à Varsovie ce 11 novembre 2022, Fête Nationale de l’Indépendance. Pour l’occasion, plusieurs événements se sont déroulés dans la capitale polonaise tout au long du weekend (concerts, courses de l’indépendance, parades, etc.).
Mais c’est certainement entre 11h et 14h ce samedi que nous avons pu davantage ressentir à quel point cette journée cristallise les tensions socio-politiques qui traversent actuellement toute la Pologne. Les célébrations présidentielles et militaires à proximité de la Tombe du Soldat Inconnu se sont tout d’abord déroulées dans une ambiance solennelle. Les Varsoviens avaient fait le déplacement en famille ou entre amis pour tenter d’apercevoir le couple présidentiel et leurs homologues lituaniens, alors que les plus sportifs d’entre eux étaient déjà de retour de la course de l’Indépendance.
Passé midi, la foule était présente dans la Vieille ville dans une ambiance beaucoup plus festive, en témoigne la présence de nombreux habitants habillés de costumes traditionnels.
Peu avant 14h, le dispositif policier s’est renforcé en vue de la Marche de l’Indépendance. Elle est l’événement le plus controversé du weekend et a fait l’objet de plusieurs tentatives d’interdiction de la part du maire libéral Rafal Trzaskowski, en vain. À ce moment, une partie de la presse se précipitait au sud de Nowy Świat pour photographier une quinzaine de personnes militant en faveur des droits LGBTQI+. Rose blanche et drapeau arc-en-ciel en mains, certains défiant pacifiquement le cordon policier.
À quelques centaines de mètres, la Marche pour l’Indépendance menée par les groupes d’extrême droite se faisait entendre. Plusieurs milliers de personnes de tout âge s’y sont retrouvés, fumigènes et drapeaux polonais à l’appui. De nombreux slogans étaient alors visibles. Majoritairement nationalistes, certains visaient à dénoncer une « ukrainisation » du pays ainsi que les politiques d’immigration de l’Union Européenne, quand d’autres militaient contre le droit à l’avortement ou les droits LGBTQI+. L’atmosphère était alors aussi pesante que la fumée qui nous empêchait de distinguer la flèche du Palais de la Culture. La marche s’est finalement poursuivie dans un calme relatif, se dissolvant pour laisser place au reste de l’agenda des célébrations.
La parade de Cracovie, vue et commentée par notre correspondante, Leïna Magne
« C'est vraiment important pour les Polonais de se souvenir. » insiste Agnieszka. Agée de 35 ans, cette habitante de Cracovie est venue assister à la parade militaire avec sa mère. Elles ne sont pas les seules. En cette journée ensoleillée du 11 novembre, les rues du centre historique sont remplies de badauds venus assister aux évènements organises sur la Place du marché. Dans le quartier historique de Stare Miasto, les trams bondés déversent en continu une foule de nouveaux arrivants.
Une vague de rouge et de blanc a déferlé sur la ville en l'espace d'une nuit. L'agglomération arbore les couleurs du drapeau national, portées par les habitants, accrochées aux façades des maisons ou dessinées sur le visage des enfants.
Si l'atmosphère est détendue, l'ambiance est plus commémorative que festive. Dans cette région à 2h30 de voiture de la frontière ukrainienne, la poursuite des combats entre l'Ukraine et la Russie et la question d'une possible invasion du territoire polonais préoccupe la population. Le contexte ravive le souvenir de l'occupation par l'URSS de la partie orientale du pays, de 1939 à 1941- 150.000 morts et 320.000 personnes déportées vers la Sibérie- et des 54 ans sous régime communiste, de 1945 à 1989.
« Nous nous souvenons de la manière dont les choses se sont passées avec la Russie. Nous ne voulons plus de ça », explique Agnieszka. Avant de conclure : « Nous aimons notre liberté, nous aimons l'Union européenne. Nous souhaitons apprendre à nos enfants à célébrer cette journée et aimer la Pologne ».
La parade officielle de Wroclaw
La marche nationaliste : “Polak w Polsce gospodarzem”
Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues Wroclaw lors de la marche, dont le slogan est "Polak w Polsce gospodarzem" - que l'on peut traduire par le Polonais est hôte dans son propre pays, co-organisée par l'ancien prêtre Jacek Międlar qui a été arrêté par la police ce vendredi, quelques heures avant le début de la marche, puis relâché dans la soirée.
Direction Lodz, avec notre correspondant Kamil Organa
La parade en Triville - Gdynia, par Bénédicte Mezeix
La parade à Gdansk
La parade à Poznan
La parade à Lublin
La parade à Białystok