La quatrième édition des Nuits de Pologne se déroulera à Poznan, du 10 au 13 octobre 2024. Cette édition promet encore de belles surprises aux participants venus des quatre coins du monde : Ukraine, Hongrie, Pologne mais aussi Egypte, Burundi, Albanie et Ouzbékistan. Un artiste professionnel, spécialement sélectionné parmi les membres du répertoire musical des Nuits du Monde accompagnera les jeunes artistes à travers des ateliers musicaux, un concert, et bien sûr des enregistrements studios ! Une jolie aventure à suivre sur les réseaux sociaux des Nuits du monde, mais en attendant, rencontre avec Iris Munos, à l’origine de ce projet francophone qui dynamise l’apprentissage du français.
Lepetitjournal.com Varsovie : Iris, pouvez-vous nous présenter les Nuits du monde, rencontres musicales qui permettent d’apprendre et pratiquer le français autrement ?
Iris Munos : Depuis 2021, Les Nuits du monde organisent en Pologne Les Rencontres musicales francophones, un événement qui connaît cette année sa quatrième édition.
Ces Rencontres réunissent des enfants, adolescents et jeunes adultes, tous apprenants de la langue française dans leurs pays respectifs.
Accompagnés de leurs professeurs, ces jeunes passent quatre jours immersifs à chanter en français, découvrant ainsi la richesse de la musique francophone. Plus qu’un simple programme, Les Nuits du monde soutiennent l’épanouissement personnel des participants en les connectant à d’autres jeunes talents, à un artiste francophone et à des lieux emblématiques comme Poznań. C’est aussi une occasion pour les enseignants d’échanger entre eux, favorisant ainsi la découverte de nouvelles perspectives, unies par un même amour de la langue française et de la chanson.
Qui sont les partenaires qui vous soutiennent ?
Les Rencontres musicales francophones s’appuient sur des partenariats solides, comme celui avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour l’Europe centrale et orientale. Nous bénéficions également du soutien indéfectible d’Éric Poppe, qui a cru en ce projet dès le départ et qui a largement contribué à sa réalisation.
Cette année, un partenariat particulier avec l’Ambassade de France en Ouzbékistan mérite d’être souligné.
Cette collaboration m’a permis d’accompagner leur concours de chanson, et une jeune Ouzbek lauréate, avec le soutien de l’Ambassade, participera aux Rencontres à Poznań.
Pas d’apprenants sans professeurs, quel est le rôle de ces derniers dans le projet ?
Le rôle des professeurs est essentiel dans cette aventure. Ce sont eux qui préparent, motivent et accompagnent leurs élèves, les aidant à se surpasser et à vivre cette expérience unique. Les Rencontres offrent aussi aux enseignants un espace de formation, de partage et de renforcement de leur réseau autour de la francophonie.
Iris, nous en avions discuté lors de votre précédente interview en octobre 2022, Les Nuits que vous portez avec passion depuis de nombreuses années est un projet unique…
Ce qui rend cet événement vraiment unique, c’est l’idée novatrice d’associer le monde éducatif à celui des artistes. Depuis le début, l’Iris Création, qui pilote le programme des Nuits du monde, réunit des artistes auteurs-compositeurs venus d’horizons divers – qu’ils soient français, suisses, belges ou burkinabés. Je suis persuadée que l’apprentissage d’une langue est intimement lié aux rencontres marquantes. Celles qui laissent une trace, qui font rêver. Celles où l’on se confronte à des savoirs, des personnalités venues d’ailleurs, capables de transmettre des émotions fortes. Ce sont ces moments d’intensité émotionnelle que les jeunes vivent ici, et qui les marquent pour toujours.
La langue française et la musique deviennent alors un vecteur, un prétexte pour déclencher chez eux un déclic. Un déclic qui peut même toucher les enseignants.
Dans un monde où le consumérisme est roi, où les périodes de repli sur soi et les extrémismes croissent, il est vital de revenir à l’essentiel : le partage, l’ouverture à l’autre, le respect des différences et la curiosité. Les jeunes sont souvent confrontés à des violences incompréhensibles et se retrouvent parfois forcés de choisir un camp. Le développement frénétique des réseaux sociaux et la guerre en Ukraine, qui bouleverse notre conception de la paix, font ressortir l'importance de la francophonie. Elle offre un espace de rencontre, de compréhension mutuelle et d’enrichissement personnel, loin des écrans froids et impersonnels.
Nuits de Pologne - Iris Munos, l'instinct au service de l'art et de la francophonie
Dans le fonctionnement des Rencontres, vous allez à contre-courant des télé-crochets qui ont fleuri sur toutes les chaînes de télévision du monde entier ?
Les Rencontres musicales francophones, vont à contre-courant de tout cela : aucun concours, aucune compétition.
Seuls l’intérêt et la motivation des jeunes sont pris en compte pour leur sélection, dans la limite des places disponibles.
Une fois sur place, c’est la découverte, les activités et les échanges avec l’artiste qui priment.
Et cette année, comment cela va t-il se passer ?
Cette année, pour la quatrième édition, l’artiste français Nonolomite sera notre invité. Il quittera Reims pour rejoindre Poznań, où il animera un atelier autour de l’une de ses chansons, donnera un concert et enregistrera en studio avec les jeunes et leurs professeurs. Cette édition sera également marquée par la participation de jeunes venus d’Ukraine, d’Égypte, de Roumanie, d’Ouzbékistan, d’Albanie, de Pologne et du Burundi. Le programme, bien que simple, place l’artiste au cœur de l’expérience : il guidera les jeunes dans son univers artistique.
Quelle est la place des artistes professionnels dans les Nuits de Pologne ?
À ce jour, une vingtaine d’artistes collaborent avec Les Nuits du monde, un répertoire qui ne cesse de s’enrichir chaque année. Les jeunes participants préparent une interprétation qu’ils présentent devant l’artiste. Ils apprennent ainsi à se produire sur scène, à enregistrer en studio, à réaliser un clip vidéo, et à travailler avec un professionnel. Tout cela en français.
Que représente ce festival pour les jeunes talents qui s’y produisent ?
Pour les jeunes, c’est une opportunité de se découvrir, de surmonter les difficultés liées à l’apprentissage du français, de se donner du courage, et surtout, de s’amuser et de rêver.
Même ceux qui se sentent bloqués par la langue, timides ou complexés, reviennent chez eux transformés. Je me souviens d’une jeune Hongroise, extrêmement discrète, qui à ses débuts ne pouvait prononcer un mot en français. L’année suivante, elle revenait, parlant couramment, sans aucune hésitation. Elle échangeait avec l’artiste, avec moi-même, en tant que directrice. Ce que je veux souligner ici, c’est l’importance capitale de l’accompagnement. Tous sont accueillis avec bienveillance, et ici, tout le monde est traité sur un pied d’égalité. L’école n’existe plus durant ces quatre jours. C’est un cocon où les échanges et le partage sont au premier plan. Nous ne sommes pas là pour juger ou imposer des conventions, mais pour s’ouvrir à l’autre avec une curiosité sincère.
De plus, les jeunes découvrent le monde musical professionnel : studios, lieux de répétition, scènes de concert. Tout est mis en place pour garantir une expérience de qualité.
Si les Rencontres sont d’abord dédiées à la jeunesse, poursuivent-elles d’autres objectifs, d’autres missions ?
Au-delà des jeunes, Les Nuits du monde ont également pour mission de promouvoir les artistes francophones contemporains.
Les Nuits ne se limitent pas aux Rencontres ; elles proposent aussi des chansons pour les concours et festivals à travers de nombreux pays.
Les Rencontres musicales francophones sont en constante évolution. Cette quatrième édition se déroule à Poznan, en Pologne, mais la cinquième pourrait bien se tenir dans une autre ville, un autre pays. À suivre…
En septembre aura lieu la quatrième édition des Nuits de Pologne, en quoi cette édition se démarque dans l’histoire des Rencontres ?
Cette édition est d’autant plus spéciale qu’elle pourrait marquer la fin de la présence des Rencontres en Pologne.
Enfin, les Rencontres sont ouvertes à toutes formes de coopération et accueillent volontiers ceux qui partagent cette vision de la francophonie et de la promotion du français.