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Un Erasmus à Valence : quelle (bonne) idée ?

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@EM
Écrit par Eva Moysan
Publié le 25 juillet 2019, mis à jour le 26 juillet 2019

Chaque année, environ 300.000 étudiants et stagiaires européens font l’expérience d’un échange Erasmus, c’est-à-dire d’une mobilité dans l’un des 33 pays du programme. L’Espagne est très prisée, souvent en tête des classements des pays de destination des mobilités ces dernières années. Zoom aujourd'hui sur l’expérience de trois étudiantes Erasmus en mobilité à l’Université Cardenal Herrera de Valencia : Sara vient de Rome, en Italie, Agathe est une Parisienne qui étudie à Lille et Judith est Viennoise (Autriche). 

Valencia, une ville splendide 

Ce qui ressort des discussions avec les étudiantes, c’est leur amour pour la ville. Même si Sara n’a pas été conquise immédiatement, aujourd’hui elle adore, surtout son côté sportif avec le Turia et la facilité de l’utilisation du vélo. Agathe souligne la beauté du centre-ville et du quartier du Carmen où elle réside. De plus, toutes apprécient la douceur du climat et la présence des palmiers qui confèrent une ambiance très méditerranéenne. 

Cette ville est tellement agréable que les trois étudiantes ont relativement peu voyagé ailleurs en Espagne. Judith s’est rendue à Barcelone, Sara à Montanejos et Alicante, comme Agathe, qui est allée également à Madrid. Cependant, ces dernières ont annoncé de prochains voyages pour le second semestre. 

 

Des premières angoisses vite surmontées

Judith et Agathe nous parlent de la barrière de la langue et de la peur de ne pas se faire comprendre à leur arrivée. Pour sa part, Sarah raconte que le plus difficile, en arrivant, était de ne pas se perdre. Habitant dans le centre-ville, elle nous explique s’être perdue de nombreuses fois, parce qu’elle n’avait pas son téléphone. C’est vrai que le cœur historique de Valence est un dédale dans lequel il est ardu de se repérer. 

Pour se rassurer, les trois étudiantes avaient déjà un appartement en posant le pied sur le sol espagnol en septembre. Grâce aux suggestions de l’université, qui regroupe les noms de plusieurs agences sérieuses à destination des Erasmus, et aux conseils d’amis, elles disent toutes avoir trouvé assez facilement leur logement. Judith, qui est en colocation comme les deux autres, se dit ravie de son appartement et de ses colocataires : « on fait beaucoup de choses ensemble », glisse-t-elle. 

Enfin, Agathe nous confie un certain sentiment de solitude lorsqu’elle a posé le pied en Espagne au début de l’année. Il est logique de ressentir un manque de ses proches dans les premières semaines, lorsque les nouvelles amitiés sont à l’état d’embryon mais elle souligne qu’elle s’est sentie immédiatement chez elle dans sa nouvelle ville et que ça l’a aidé à se sentir à l’aise dans sa nouvelle vie. 

Un avis mitigé sur l’Université

Le cœur d’Erasmus, ce sont les études puisque c’est un échange universitaire avant tout. Si on peut l’oublier assez vite dans certains cas, ce n’est pas vraiment la situation de ces trois étudiantes. En effet, à l’Université Cardenal Herrera, l’assiduité aux cours est obligatoire. Les filles ont une vingtaine d’heures par semaine d’études. Cela peut sembler faible, mais rappelons que suivre des cours dans une langue étrangère ne demande pas la même concentration et la même charge de travail que d’étudier dans sa langue. A titre de comparaison, il est bon de souligner que les étudiants français en Erasmus au Royaume-Uni n’ont que six heures de cours pour valider un nombre équivalent de crédits ECTS . 

Les étudiantes ne sont pas entièrement emballées par leurs cours, à l’instar de Judith qui explique que la moitié de ceux qu’elle suit sont intéressants et l’autre moitié un peu moins. Leurs avis se rejoignent sur le niveau de l’Université. Toutes estiment que les cours sont plus simples que dans l’université de leur pays. Agathe pense que c’est dû au fait que c’est une Université privée, qui est vécue comme une seconde chance pour les jeunes espagnols qui n’ont pas réussi l’examen d’entrée à l’Université publique. 

Leurs avis divergent sur la disponibilité des "responsables Erasmus". Ces professeurs ont le rôle important de suivre l’inscription pédagogique des étudiants en échange et doivent répondre à leurs interrogations au cours du semestre. Il est vrai que certains prennent cette mission plus à cœur que d’autres, ce qui explique pourquoi les étudiantes sont plus ou moins satisfaites par leur référent. Judith nous dit qu’elle ne l’avait vu qu’une seule fois à la rentrée, pour son inscription définitive et qu’elle n’a pas eu à se plaindre de sa disponibilité. En revanche, Agathe nous confie qu’elle a dû lui courir après, « elle n’était jamais dans son bureau quand j’avais besoin d’elle », explique-t-elle. Mais après le mois de septembre, tout était revenu en ordre : « je la comprenais mieux et elle était beaucoup plus disponible pour répondre à mes interrogations » ajoute la jeune française. 

 

L’Erasmus c’est la meilleure expérience de ta vie parce que ça n’est jamais ce à quoi tu t’attends (Agathe, étudiante française en Erasmus à Valencia)

 

Erasmus = fiesta ? 

Le mot « Erasmus » est souvent associé à l’idée de nuits diablement festives et alcoolisées dans l’imaginaire collectif. Mais qu’en est-il réellement dans le pays de la sangria ? 

Si Agathe, Sara et Judith reconnaissent « sortir souvent », elles émettent quelques critiques sur des aspects de la vie nocturne locale. Judith trouve très étrange que beaucoup de bars ferment à minuit ou 1h du matin, ce qui est « beaucoup trop tôt » selon elle. De plus, elle confie avoir été surprise de voir que les gens pouvaient régulièrement sortir danser jusqu’à 6 ou 7h du matin, ce qui n’est pas du tout courant à Vienne. Pour Agathe, c’est la musique des boîtes de nuit les plus populaires qui coince. « Le reggaeton ce n’est pas du tout mon style musical, ça m’ennuie assez vite, je suis plus "techno", un genre que j’ai du mal à trouver ici dans les discothèques » explique-t-elle. 


Néanmoins, elles disent toutes bien s’amuser lors de leurs sorties, « surtout qu’on rencontre beaucoup de gens différents et ça c’est chouette », précise Sara. Sur ce point, Agathe a une expérience différente. Elle imaginait sortir avec des personnes très variées et en rencontrer toujours de nouvelles mais ce n’a pas été tant le cas. Elle s’est rapidement formé un groupe d’amis, « et on est restés ensemble tout le semestre », raconte-t-elle. Mais ce n’est pas une déception pour elle, au contraire. 

L’espagnol et les Espagnols

Comme beaucoup d’étudiants qui choisissent de faire un Erasmus, les étudiantes sont venues dans l’objectif d’améliorer leur espagnol, « mais je partais de loin » s’esclaffe Agathe. Toutes disent ressentir des progrès, cependant « c’est difficile de juger son propre niveau » précise Judith. Pour cela, le programme Erasmus impose le passage d’un test de niveau de langue à l’arrivée et au départ, afin de mieux visualiser ses progrès personnels. 

Ce qui leur a permis de fortement augmenter leur niveau c’est l’important nombre d’heures de cours hebdomadaire, qui impose l’écoute d’un professeur qui parle espagnol à une vitesse normale – c’est-à-dire avec un débit proche de celui d’Eminem dans ses bons jours. De plus, dans cette université, il y a beaucoup de travaux de groupe à faire et les étudiants ne sont pas nombreux par classe. Ainsi, le contact avec les espagnols est facilité. Néanmoins, aucune des trois étudiantes ne dit avoir noué une vraie amitié avec un Espagnol. Mais Agathe pense que la situation ici est meilleure que dans son université française : « je ne connaissais pas un seul Erasmus à Lille alors que là j’ai des bons rapports avec plein d’espagnols qui ont des cours avec moi ». Pour sa part, Sara comprend que les espagnols ne s’intéressent pas plus que cela aux Erasmus, étant donné qu’ils ne sont là que pour une période courte, « il est donc normal qu’ils passent plus de temps à bâtir des amitiés qui durent ».

Le mot de la fin 

Au final, c’est Agathe qui nous fait le meilleur résumé : « L’Erasmus c’est la meilleure expérience de ta vie parce que ça n’est jamais ce à quoi tu t’attends ». Judith et Sara nous disent que si elles pouvaient rester un semestre supplémentaire, elles le feraient volontiers, d’ailleurs Sara a fini par prendre cette décision. La ville a été un coup de cœur pour toutes et les deux étudiantes qui restent pour le second semestre sont ravies de profiter encore de la douceur de la vie valencienne. 
 

Eva Moysan
Publié le 25 juillet 2019, mis à jour le 26 juillet 2019

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