Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Le tourisme, un sujet qui divise à Valencia

C’est l'été à Valencia. Des groupes de touristes, appareils photo en main et cartes dépliées, déambulent place de la Reina. Les terrasses des cafés débordent… et les loyers flambent. Face à l’afflux des visiteurs, les manifestations se multiplient, dénonçant les désagréments causés par cette invasion saisonnière. Les autorités tentent de trouver un équilibre entre soutien de l'économie locale et préservation de l’identité. Zoom sur une situation de plus en plus tendue.

des touristes à velo devant les tours de quartz à valenciades touristes à velo devant les tours de quartz à valencia
@visit valencia
Écrit par Charlotte Maeder
Publié le 24 juillet 2024, mis à jour le 25 juillet 2024

 

Un nombre de visiteurs record à Valencia en 2024

 

En mai 2024, plus de quatre millions de touristes, dont un quart d'étrangers, ont visité Valencia, dépensant chacun en moyenne plus de 1.000 euros. Ce flux croissant de visiteurs a dépassé les chiffres pré-COVID, avec une augmentation de près de 15 % entre mai 2023 et mai 2024. En 2023, la région a accueilli plus de 12 millions de touristes internationaux et 4,5 millions de voyageurs espagnols, tandis que 28 millions de personnes ont transité par les aéroports de la Communauté valencienne.

 

des touristes devant le mercat de ruzafa
@Visit Valencia

 

C’est indéniable, la ville de Valencia bénéficie du secteur touristique. Selon le Magazine Turisme officiel de la Communauté valencienne, pas moins de 200.481 emplois en dépendent en 2023 et la Communauté valencienne doit au tourisme 16% de son PIB.

 

La colère gronde chez les habitants

 

Le tourisme de masse progresse dans la capitale du Turia, et cela ne va pas sans poser de problèmes pour les habitants. Valencia connaît en effet sa plus forte croissance des prix des loyers : entre 2018 et 2022, ils ont augmenté de 44,87% ! Une tendance qui continue, avec une expansion de 33 % des logements touristiques l'année dernière, sans compter les logements illégaux. Les riverains peinent à se loger en centre-ville, victimes de la gentrification. Les habitants voient leurs quartiers transformés, rendant la vie de plus en plus difficile pour les locaux.

 

une glace Caba Nyam
une glace Caba Nyam.

 

Loin des hautes sphères politiques, les habitants de Valencia expriment leur mécontentement. Graffitis et urine sur les portes, crachats sur les façades des établissements touristiques,... A Cabanyal Canyamelar, les locaux n’en peuvent plus du tourisme dans leur quartier et le font savoir ! Lors du festival Cabanyal Intim, Miguel Hache a dénoncé la gentrification liée au tourisme à travers son œuvre "Caba-NYAM!". Les mobilisations locales, menées par des groupes comme Cuidem Cabanyal-Canyamelar et le Sindicat de Barri, promettent de se poursuivre. La Federación de Asociaciones de Vecinos de València appelle à une régulation stricte des logements touristiques pour protéger la qualité de vie des résidents.


Les propriétaires répliquent

 

Place de l’Ayuntamiento, le 31 mai. C’est un tout autre son de cloche. Près de 150 propriétaires de résidences touristiques manifestent. Sur leurs panneaux, on peut lire : “Pour le droit de décider, pour le droit au tourisme". Ces propriétaires s’opposent à la turismophobie et défendent le droit au tourisme à Valencia. Ils protestent contre les restrictions que veut imposer la municipalité. Ils soulignent que le tourisme représente moins de 2 % du parc résidentiel de la ville, mais génère plus de 550 millions d’euros. Les manifestants arguent que les hébergements touristiques variés permettent à différentes catégories de personnes de voyager, et cela tout au long de l’année.

 

La population de Valencia en 2024 : entre vieillissement et jeunesse cosmopolite

 

 

Vers un tourisme durable ou de masse ?

 

des touristes à pied avec leur vélo dans le jardin du turia à valence
@Visit Valencia

 

La mairie et la Generalitat affichent leur volonté de promouvoir un tourisme durable et à faible impact. Le 28 mai, le Conseil municipal de Valencia a approuvé à l'unanimité une nouvelle mesure visant à limiter et mieux contrôler les logements touristiques dans la Communauté valencienne. Cette mesure, bien que ciblée principalement sur la Ciutat Vella, illustre l’engagement politique pour un développement plus soutenable. La municipalité prévoit également de réduire le nombre maximum de touristes pour les visites guidées, en particulier dans la Vieille Ville et le Mercat Central.

Cependant, en avril, Mazon a annoncé des projets d'agrandissement de l’aéroport de Manises à Valencia et la création d’une deuxième piste pour celui d’Alicante-Elche. Soutenue par le PP et Vox, cette proposition vise à accueillir le nombre croissant de visiteurs, contredisant les engagements de la municipalité pour un tourisme à faible impact. Après la suppression de la taxe de séjour en novembre dernier, ces nouvelles décisions sont fortement critiquées au sein de la population valencienne, car elles vont à l’encontre des préoccupations citoyennes concernant le tourisme de masse qui se développe dans la ville. De la sphère politique aux rues valenciennes, les avis sont divisés quant au sujet du tourisme. Si tout le monde s’accorde à dire que le tourisme de masse est à limiter, les moyens et les degrés d’action à mettre en place ne font pas l’unanimité. 

 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions