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Jesus Diaz de Vivar : “Je veux croire que les micro-algues sont l’avenir de l’homme”

Jesus diaz de vivar à son bureauJesus diaz de vivar à son bureau
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 25 mars 2023, mis à jour le 5 septembre 2023

Jesus Diaz de Vivar est le co-fondateur d’Un Jardin Sur Les Toits, une agence spécialisée dans les biotechnologies et plus particulièrement les micro-algues qui constituent l’une des solutions pour réduire massivement les gaz à effet de serre. Ce scientifique diplômé de l’université de Cambridge et du MIT a été nommé par l'EDHEC finaliste dans la catégorie “entrepreneur de l’année” des Trophées des Français de l'étranger organisés par lepetitjournal.com au ministère des affaires étrangères. Rencontre. 

 

Entreprendre n’est ni un but, ni une finalité pour moi si cela n’est pas directement motivé par une action emplie de sens.

Qu’est ce qui, d’après vous, vous différencie des autres entrepreneurs ? 

Je ne pense pas être un entrepreneur au sens classique du terme car entreprendre n’est ni un but, ni une finalité pour moi si cela n’est pas directement motivé par une action emplie de sens. Je n’aurais pas voulu être à l’origine d’un service ou d’un produit supplémentaire si celui-ci n’avait pas su trouver une application réellement utile à l’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

Ce qui me semble essentiel aujourd’hui, c’est de contribuer activement à la sauvegarde de notre planète et au bien-être de sa population, qu’elle soit végétale, animale ou humaine. Et pour cela, si je ne trouve aucune solution disponible, alors oui, j’entreprends et je mets en place des process qui me permettront d’atteindre le but recherché.

Jesus Diaz de vivar en train de travailler sur un alambic

 

C’est donc cette recherche de solutions qui vous pousse à entreprendre ? 

Tout à fait. Je suis intimement convaincu qu’un entrepreneur doit se remettre en question en permanence dans un monde où les enjeux économiques, politiques et scientifiques sont en perpétuelle mutation. Depuis toujours, il y a un besoin constant d’apprendre et une curiosité insatiable chez moi. Ce qui me stimule le plus dans mon métier est le fait de pouvoir croiser les expertises afin d’arriver à un résultat pertinent ou à une proposition innovante.

C’est dans cette optique qu’avec mon associé Stefano Morana del Medico, avec qui j’ai fondé l’agence Un Jardin Sur Les Toits, je multiplie les collaborations. Nous résidons actuellement à Valencia dans le cadre d’un programme de recherche universitaire sur les micro-algues. Nous travaillons avec plusieurs universités Internationales, des institutions et nos fournisseurs, afin d’aller toujours plus loin dans la recherche de la meilleure solution.

 

Un entrepreneur doit se remettre en question en permanence dans un monde où les enjeux économiques, politiques et scientifiques sont en perpétuelle mutation.

D’où vous vient cet intérêt pour les micro-algues ?

Je me passionne pour les algues depuis ma plus tendre enfance, car ce sont les premiers micro-organismes dotés de capacités de photosynthèse. Les algues sont apparues sur terre il y a 3,5 milliards d’années et ont permis le développement de la vie sur notre planète telle qu’on la connaît aujourd’hui. En outre, elles constituent de merveilleuses solutions dans la réduction de l’empreinte carbone. Elles fixent massivement le CO2 et produisent du dioxygène O2 contribuant ainsi à réduire les gaz à effet de serre. 

Entreprendre n’est pas chose simple et chaque nouveau projet d’implantation de ferme de bioréacteur de micro-algues se doit d’être financièrement autonome et viable. Au-delà de l’aspect “diminution des gaz à effet de serre et captation du carbone”, nous nous devons de produire des molécules à fortes valeurs ajoutées dont la demande ne cesse d’augmenter dans les industries pharmaceutiques, de la beauté ou dans le secteur de l’énergie.

un bioréacteur de micro-algues vertes
Un bioréacteur de micro-algues

 

J’imagine que cela met en jeu de nombreux domaines d’expertise. 

Oui, et c’est pourquoi mon métier est très stimulant sur le plan intellectuel. En plus d’être un spécialiste des micro-algues, j’ai la chance d’être formé à l’accompagnement des sociétés vers un net zéro émission. Ce qui signifie faire un audit, calculer l’empreinte carbone, puis proposer des solutions afin de la réduire au maximum.

Je suis également passionné par l’intelligence artificielle (IA) et formé aux nouvelles technologies ainsi qu’à la blockchain et tous ses écosystèmes. Je suis heureux de pouvoir me nourrir de ces différents champs de connaissances. Je peux donc croiser technologie et science du vivant dans mes analyses, mes recherches et mes solutions.

des verres de spiruline verte
La spiruline est une micro-algue qui appartient à la famille des cyanobactéries.

 

Sur quoi êtes-vous en train de travailler en ce moment ? 

Je travaille en ce moment même avec mes collègues et collaborateurs à l’élaboration d’une nouvelle génération de photobioréacteurs 4.0 assistés par l’IA qui serviront à la culture des micro-algues. Celles-ci pourront être implantées beaucoup plus facilement dans le tissu urbain et contribuer ainsi à l’assainissement de l’air ambiant. Au sein du MIT, j’ai également créé il y a quelques mois la première blockchain dédiée au contrôle de la qualité de l’oxygène médical.

Cette exposition libre d'accès et didactique aura pour titre “La vie secrète des micro-algues” et se tiendra au Centre del Carme Cultura Contemporània (CCCC) à Valencia.

Vous préparez également une exposition sur les micro-algues au Centre del Carme Cultura Contemporània de Valencia.

C’est exact. Nous sommes en train de préparer une très jolie exposition en collaboration avec La Base Culture. Cette exposition libre d'accès et didactique aura pour titre “La vie secrète des micro-algues” et se tiendra au Centre del Carme Cultura Contemporània (CCCC) à Valencia.

L’objectif est de faire découvrir au plus petits comme aux plus grands l’univers des micro-algues, depuis leur genèse jusqu’aux multiples utilités qu’on peut leur trouver dans des secteurs aussi variés que l’industrie pharmaceutique, la beauté, le textile, l’agriculture, l’énergie, l’alimentaire ou le domaine spatial.

Cette exposition s’inscrit dans un calendrier bien précis, puisque la ville de Valencia a été élue par la commission européenne capitale verte 2024. Je suis très heureux d’avoir cette opportunité de montrer au grand public le fruit de mes recherches tout en sensibilisant autour de la question environnementale. Je veux croire que les micro-algues sont l’avenir de l’homme.

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